par
mt-i,
encore à la dernière minute et sur des trucs de pédo. Et ce coup-ci,

.
Moé et ero font-ils bon ménage? Difficile de croire en tout cas qu'ils ne se mélangent pas. Les otaques ont une capacité étonnante à nourrir pour certains personnages à deux dimensions
des sentiments affectueux et chastes, et à feuilleter l'instant d'après avec
délectation des doujinshi dans lesquelles
elles (oui, parfois
ils aussi, et non, je ne veux pas le
savoir) se font déchirer le sphincter par des formes de vie
tentaculaires. Ou à verser des larmes à la lecture des scénarios tragiques de leurs gyaruge, mais
réclamer quand même que le jeu se termine par un
épanchement de semance.
Cela dit, les otaques ne sont qu'une poignée, et si la société japonaise a la réputation d'être à certains égards moins
coincée du cul oppressive sur le plan sexuel (en tout cas pour les messieurs) qu'un Occident coulé dans le moule
judéo-chrétien, elle se compose, dieu et la morale publique soient loués, d'une grande majorité de personnes douées de
bon sens et qui savent encore distinguer, au sein d'un paysage visuel florissant, ce qui relève de la satisfaction des besoins
culturels d'une part et des besoins
naturels de l'autre. Ces mêmes personnes
découvrent par moments avec effroi ce que les otaques manigancent pendant leurs
réunions sous-terraines, et ne manquent pas de faire entendre leur
réprobation. Miyazaki lui-même (non, pas
celui-là,
l'autre) a fait part quelquefois du
malaise que lui inspirait la tendance de ces vieux pervers à
fétichiser et souvent érotiser ses héroïnes, jeunes filles ou petites filles.
D'ailleurs, s'il y a une façon sûre de s'attirer un
rejet unanime et immédiat, plus encore que les doujinshi ero
bien trash, c'est sans doute la représentation de situations explicites où figurent des enfants — ou même d'ailleurs sa
simple suggestion, qui semble déjà hautement subversive. Le Japon a mis
un certain temps à intégrer la vérité
éternelle, immuable et universelle selon laquelle la sexualité de l'enfant n'existe pas, et doit en tout état de cause n'avoir aucun rapport, y compris fictionnel, avec celle des adultes, mais ça vient petit à petit.
Salopards de lolicon, vous devriez avoir honte!
En attendant, il continue de se publier au grand jour du manga pour adultes mettant en scène des petites filles de tous âges, et si l'on prend la peine de regarder ce dont il s'agit, on ne trouve pas tellement de ces « manga ultra-violents contenant des descriptions d'actes sexuels impliquant des enfants » dont
Gwenaëlle Abolivier parlait sur France Inter ce matin. Le manga
lolicon, comme on l'appelle parfois, décrit certes des contacts sexuels entre enfants ou avec des enfants, mais il est très rare que ce soit sous l'angle de la violence.
À la différence du H en général, dans lequel le
viol et la
coercition sont fort présents, le manga lolicon est un domaine où domine très largement la
consensualité. En outre, il n'est tenu par aucun impératif de réalisme physiologique : ainsi, lorsqu'un homme mûr et une fillette expérimentent la
position du missionnaire, la chose peut-elle être présentée comme plaisante pour l'un et l'autre. Et si c'est une
défloration, rien ne dit qu'elle doive être sanglante. Les points sur lesquels la nature est presque toujours respectée sont la petite taille, la
poitrine au plus naissante et l'absence de
pilosité pubienne, mais il s'agit sans doute moins de vraisemblance que de conformité à un certain
idéal esthétique.
En fait, une large part du manga lolicon met en scène un personnage de petite fille dont les traits physiques et psychologiques sont
très classiquement moé, et décrit le
débordement d'affection que suscite ce caractère moé chez un homme plus âgé — débordement accueilli avec tendresse, et le plus souvent provoqué tout à fait consciemment. Et si l'on ne peut certainement pas faire entrer tout le genre dans ce schéma un peu grossier, il y a une tendance générale, identifiable sans doute dans le H en général mais particulièrement visible dans le manga lolicon, à un graphisme élégant ou joli plutôt qu'affriolant, et des relations amoureuses plutôt que simplement sexuelles. Ce mouvement «
erokawaii » est en quelque sorte la frange licencieuse (mais je ne dirais pas indécente, ni d'ailleurs secondaire) du moé.
Couverture de LO 26 par Takamichi
Il est sans doute significatif, de ce point de vue, que le magazine emblématique du manga lolicon,
Comic LO (LO pour Lolita Only, et c'est le seul à fixer une telle ligne éditoriale), ait toujours fait figurer en couverture des
illustrations élégantes et paisibles, sans élément provocant ou sexuel. Il se distingue en cela d'à peu près toutes les publications de manga pour adultes, aux couvertures
volontiers aguicheuses.
Tous les auteurs de manga lolicon, même dans LO, ne donnent pas sans exception dans le style erokawaii. Le prolifique
EB110SS, par exemple, écrit en postface de
son dernier recueil quelque chose qu'on pourrait traduire par « je ne cherche pas à dessiner du manga loli, mais du manga pédo », et il est en effet plus intéressé par les nymphomanes en jupette que par les figures virginales objets de dévotion. On pourrait citer aussi
Oota Takeshi, spécialisé dans l'insertion de
sextoys vibrants dans tous les orifices de ses nymphettes. Je ne conseille pas, mais chacun ses fantasmes...
Cela dit, il me semble qu'une part importante de ce qui paraît dans LO ou dans les pages loli d'un magazine comme
Comic RIN relève bien cet erokawaii, et est souvent digne d'intérêt, au moins au plan esthétique, au-delà du simple
exercice de la main droite. J'aimerais présenter quelques auteurs de ce genre et que j'apprécie — en fait, c'est l'unique objectif de ce billet, et je ne sais pas trop comment je me suis retrouvé à passer l'après-midi à écrire tout le blabla qui précède (mais je suppose que les lecteurs frileux seront déjà partis rendre leur dîner avant d'en arriver à ce point, ce qui est peut-être une bonne chose). Voici donc une petite sélection.
Sekiya Asami est une femme mangaka et doujinshika qui a une prédilection très prononcée pour le lolimoé. Ses personnages féminins sont souvent des fillettes de dix-douze ans, qui ne sont donc plus tout à fait des enfants et ont hâte de grandir, mais s'accrochent un peu malgré tout aux privilèges de l'enfance (pouvoir faire des caprices, recevoir des câlins, etc.) que les jeunes hommes qu'elles côtoient sont tous prêts à accorder. Son trait fin et un peu naïf accentue encore l'atmosphère moé des situations qu'elle décrit.
Elle a dessiné pour Comic RIN un certain nombre de telles petites histoires, ero mais mignonnes et touchantes, qui sont par la suite
parues en tankoubon. Si vous avez déjà mis les pieds sur le
/l/ de 7chan, vous avez sans doute pu lire l'une d'entre elles au moins,
L'autre côté du mur, qui est restée plusieurs mois d'affilée en sticky en tête de cet imageboard.
Depuis un peu plus d'un an, et parallèlement à ses passages dans RIN, Sekiya Asami travaille sur
Haru no chuu, un manga non-H sérialisé dans
Dengeki Moeoh, et qui se termine ce mois-ci.
Nendo est un mangaka loli qui participe régulièrement à Comic LO. Il a commencé en fait dans le genre toddlercon sous le nom de plume de
Sano Yuu, puis a changé son pseudonyme en même temps que l'âge de ses héroïnes. Elles restent cependant plus jeunes que la moyenne de ce qui paraît dans LO (ce qui fait
jeune, oui), et leurs partenaires sont souvent du même âge. Les scénarios évoquent fréquemment des jeux innocents au départ et qui, comme on le dirait dans le cas des adultes, dérapent de temps à autres.
C'est donc de l'innoncence juvénile que Nendo s'attache au fil des pages à dresser un portrait assez lisse et tout en rondeur. Dans l'ensemble, c'est assez mignon, je trouve son recueil
Miseijuku shoujo zukan (« imagier des fillettes immatures ») pour moitié au moins assez plaisant à lire. Mais sur la fin, ses personnages sont vraiment trop jeunes à mon goût. Par ailleurs, il a un intérêt occasionnel pour les furries ou les animaux de compagnie qui pourra facilement rebuter (le lolifurry à la limite du toddler, c'est quand même ce qu'on peut appeler un marché de
niche...).
Onizuka Naoshi est également un collaborateur régulier de Comic LO, depuis les premiers numéros. Ses héroïnes sont de jolies fillettes qui ne sont pas loin d'être des jeunes filles, qui le savent et qui en jouent. Elles appartiennent souvent aussi au
moe-zokusei « petite sœur » (
blood-related ou pas), ce qui ne gâche rien. Graphiquement,
Onizuka-sensei a un style assez classique mais élégant et efficace. Il se dégage toujours de ses dessins une impression de douceur assez enjouée.
Il a tiré de ses contributions à LO
deux recueils déjà :
Life is peachy, qui est d'une lecture toujours plaisante, et
One hot minute, qui est encore meilleur sans doute — quoi qu'il n'ait pas grand-chose de
hot, malgré son titre.
Nagatsuki Misoka a été lui aussi contributeur régulier de LO, quoi qu'il n'ait pas eu l'occasion d'y publier ces derniers mois. On peut se faire une idée de son style
sur son site perso, et il rend compte de son activité et d'autres sujets plus personnels
sur son blog. On y apprend notamment qu'il se considère
comme lolicon (c'est-à-dire pédophile, mais l'expression japonaise n'est pas tout à fait aussi émotionnellement chargée que peut l'être le mot français), et parle avec beaucoup d'humanité, je trouve, de cet état et de ce que signifierait à son sens
l'interdiction du manga lolicon.
Lui aussi dessine de préférence des enfants de dix-douze ans entre eux. Son œuvre la plus connue est certainement
A day in the life, un drame romantique en six chapitres (plutôt rare dans le H) entre quatre préadolescents maladroits dans l'expression de leurs sentiments... et qui incorpore quelques éléments ero. Ce doit être le premier manga lolicon que j'aie lu. L'écriture manque sans doute de finesse, et les situations ne paraissent pas très vraisemblables, mais on est facilement ému par ces personnages découvrant un peu trop brusquement leur nouvelle condition de grand garçon ou de grande fille. Je trouve le character design un brin filiforme, mais les planches aquarellées ont une personnalité singulière finalement assez plaisante.
Actuellement, le temps que Misoka-sensei trouve à consacrer au dessin est passé sur un 4-koma du genre love comedy collégienne appelé
HR ~Home Room~ et sérialisé dans Manga Time Kirara Carat.
Et encore une femme pour finir :
Sasakura Ayato est mangaka et
doujinshika loli, et qui dessine presque toujours ce qu'elle appelle des « filles fortes », par quoi il faut entendre des loli-tsundere, ou même, disons-le franchement, des
loli dominatrices, belles et revêches. En cela, à mon avis, bien loin de s'éloigner des canons du moé ou d'en prendre le contrepied, elle pousse juste un peu plus loin l'expression qu'on en attend : il n'y a pas si loin de la dévotion attendrie à la soumission.
Son recueil
Shoujo-ryuu Koufuku Kakushu-ron (« Sur la manière de se saisir du bonheur, à la mode fillette », ou quelque chose comme ça) est certainement aussi erokawaii, mais sans doute un peu plus ero que ceux que j'ai évoqués, dans la mesure où ses personnages féminins ont un côté assez sensuel. La narration est également moins lisse et plus forte qu'ailleurs.
Koibito ijou, papa miman présente par exemple un salaryman qui est poussé par ses proches à fréquenter une veuve, et tombe au premier regard amoureux de sa fille. Celle-ci s'en aperçoit et le lui fait avouer, à genoux. Il se répand en protestations d'amour et la demande en mariage à la place de sa mère.
Sasahara Ayato a commencé dans
Hina Kan, qui a été plus ou moins l'ancêtre de LO, et contribue actuellement irrégulièrement à Comic RIN. En parallèle, elle est chargée de
l'adaptation en manga de Shakugan no Shana sérialisée dans
Dengeki Daioh — ce qui, compte tenu de son inclination pour les filles fortes, n'est pas si surprenant.
Voilà voilà,
joyeux Noël à tous.
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