Kono message ha Tetho no teikyou de okurishimasu.

La télévision japonaise est mondialement connue pour la médiocrité intrinsèque de ses programmes, à un point tel que cela en devient même hypnotisant (exemples : 1, 2, 3, 4…). Pourtant dans cet océan de déchets, il existe quelques perles qui méritent le détour, où l’on trouve les émissions de Cyril Takayama ou bien Game Center CX. Etonnamment le Japon n’a jamais eut d’émission mémorable sur les jeux vidéos, ce qui peut nous surprendre, nous français, qui en avons été gâtés, de Microkids à Gameone, mais ça c’était avant Game Center CX.



Imaginez, un comédien trentenaire nul en jeu vidéo, s’acharnant à terminer des classiques des générations 8 et 16 bits durant des heures, ignorant bravement les multiples game overs et les avertissement contre l’épilepsie qui recommandent une pause toutes les deux heures. Présenté comme ça, ça semble idiot, mais pourtant pour peu que l’on ait baigné dans cette (sous-)culture cela ce révèle un véritable régal.

Game Center CX est apparu sur Fuji TV en 2003, à l’origine Arino Shinya, le présentateur, se rendait dans une entreprise de jeu vidéo connue (Konami, Namco, Nintendo…), pour la découvrir, puis à la toute fin, on lui imposait un challenge sur un vieux classique de la maison (comme faire 5000pts à Gradius). Rapidement la production se rend compte que c‘est la partie de l’émission que le public apprécie le plus et dès la deuxième saison cette partie se retrouve au cœur de chaque épisode.



Depuis la recette est rodée, à chaque émission Arino se retrouve dans un bureau quelconque ou se trouve une table de travail avec un moniteur et une console, un tableau Velleda, de quoi grignoter toute la journée et un stock de compresses froides (pour pouvoir tenir malgré la fatigue après 8H de jeu non-stop). Là les assistants-réalisateurs lui révèlent quel est le jeu du jour et, après une bref présentation du soft, il allume la console en lançant son cri de guerre : "Kanchô on !" et l’épreuve commence. Pour Arino c’est le début de l’enfer, car si l’homme aime les jeux vidéo, il y est extrêmement mauvais, pire que Marcus dans ses pires moments (à titre d’exemple, il lui a fallût près de 30h pour finir Super Mario World en arrivant juste à Bowser) et en plus la production semble apprécier de lui infliger des jeux plus sadiques les un que les autres, tel Makaimura, Another World ou bien Ki no bôken (préquelle de Druaga no tô, bientôt adapté en anime par Gonzo avec Ugetsu "bakuretsu tenshi" Hakua au design).



En théorie tout est bon pour qu’Arino finisse le jeu, guide book, passwords, cheat code ou glitch… Mais dans la pratique, ce n’est utilisé qu’en dernier recours, Arino est très persévérant et tient au maximum à finir le jeu par lui même. D’ailleurs a ce sujet il reste toujours très calme, malgré la frustration que peut engendrer certaines situations il n’y a jamais de pétages de plombs ou autres dérapages que peut engendrer ces situations. Mais dans certaines situations vraiment désespérées les assistants-réalisateurs viennent lui donner un coup de main, lui passant l’obstacle ou bien l’emmenant au boss du niveau, Arino ayant a les battre lui même.


Non ce ne sont pas des loubards mais la cavalerie qui vient sauver le pauvre présentateur


On se rapproche donc dans le fond de Level one ou de Chez Marcus, mais dans le fond seulement, car si le but de Marcus est de nous faire découvrir le début de jeux et nous permettre de trier le bon grain de l’ivraie, Arino lui cherche à aller au bout. De plus dans une émission le défi ne représente que 30 à 45 minutes de l’émission, il y a donc un montage des moments les plus intéressants. C’est par ailleurs très bien fait, misant beaucoup sur le suspense et le dramatique pour que l’émission ne soit pas que regarder un mec jouer.


Igi Ari ?


Game Center CX joue donc habilement sur la mode du retro-gaming, en effet à partir de la saison 2, seulement deux jeux furent sur des plate formes de plus de 16 bits (Tokimeki Memorial et Mario 64). Ainsi, si l’on a déjà joué au jeu du jour on les redécouvre avec plaisir, et si on y a jamais joué cela permet d’en avoir une vue assez complète, et peut même donner envie de le faire. De plus l’émission est parsemé d’intermède, soit des présentations de vieux jeux Famicom, soit des rencontres avec des créateurs connus (souvent en rapport avec l’actualité), ou bien des reportages comme une visite a Super Potato, variant un peu les plaisirs.


Kojima tentant d'apprendre à jouer à Arino


Bien sûr comme tout ce qui a du succès au japon, l’émission a eut le droit à des produits dérivés comme des guides de l’émission, saison par saison, des DVD, des figurines et tout récemment un jeu vidéo DS, crée par l’équipe derrière Electroplakton. Ce dernier, véritable émulateur de fausse nostalgie mériterait un billet a lui tout seul, il nous replonge dans les années 80 avec de faux jeux Famicom, leurs manuels, des faux mags de jeu… Une véritable Madeleine de Proust pour gamers, qui n’arrivera malheureusement jamais chez nous.

Si vous êtres arrivé jusqu’ici, vous devez avoir une folle envie de voir au moins un épisode, mais comment faire ? Regarder sur Fuji TV n’est pas possible, c’est sûr, vous pouvez donc déjà jeter un coup d’œil sur le guide des épisodes de Crunk Games qui vous donnera un aperçu de la chose. Puis tenter votre chance sur Youtube ou Nico² Douga, où des épisodes sont régulièrement postées et tout aussi régulièrement retirés, avec un peu de chance vous aurez la possibilité de voir un épisode sur un jeu que vous appréciez. Au delà, un épisode a été fansubbé en anglais et est aisément trouvable, mais il porte sur un jeu assez mineur (Transformers : convoy no nazo). Des épisodes complets sont trouvables sur les réseaux P2P elevens, mais les récupérer n’est pas à la porté du premier venu.
En fait l’idéal serait que la meilleur chaîne de télé du monde entier en fasse une adaptation française, nul doute que ce serait un succès immédiat auprès de son public.


Bikutori


Remerciements à banchan, Rukawa, Viki et Van-hai sans lesquels cet article ne serait sûrement pas aussi documentés.