Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche


Non, je ne trouve pas que Mogudan dessine des seins trop gros

Japanime

03 janvier 2005

Forget-Me-Not

Bonne nouvelle: Casterman arrête de nous prendre pour des cons et se décide à séparer sa division mangas de la maison mère. Le résultat se nomme Sakka, et c'est tout bénef pour eux aussi - s'ils font un travail de merde, la honte ne leur rejaillira pas dessus. Leurs livres sont toujours parmi les plus chers de l'édition manga française (entre 9 et 10€), mais la qualité générale semble s'améliorer (enfin un sens de lecture oriental!), tout du moins pour le papier et l'impression. Par contre, il est encore un peu tôt pour juger de la traduction: leur version de l'Habitant de l'Infini/Blade of The Immortal/Mugen no Jyuunin basée sur l'édition américaine me reste en travers de la gorge en tout cas. D'ailleurs, les gens se mettent à râler devant cette réédition à prix d'or jusque dans les pages officielles de Sakka... Sûrement afin d'éviter que ce genre de remarque ne se généralise, Sakka commence son aventure avec beaucoup de one-shots, dont Forget-Me-Not (merci pour les scans sur le site, ça m'évite d'en faire), signé Kenji Tsuruta.

Ca raconte l'histoire d'une fille de 20 ans qui s'appelle Mariel Imari et qui a hérité de ce nom bizarre parce qu'elle est issue d'un croisement nippo-italien... et vit à Venise. Déclic chez ceux qui me lisent depuis un petit moment et se souviennent de mes trois carnets de voyage là-bas. Ca tombe bien, on voit que l'auteur ne s'est pas limité à quelques bouquins pour représenter la ville où "on peut se rendre au travail en dauphin" (Homer Simpson). C'est fidèle, y'a des chats partout, les petites rues sont bien faites, bref c'est pas la carte postale touristique stéréotypée (et on ne voit pas un seul masque!). On entraperçoit aussi l'aéroport Roissy/Charles de Gaulle, pas trop moche non plus. Pour l'histoire, Mariel est une jeune détective issue d'une longue lignée de limiers... dont elle ne pourra toucher le fantastique héritage qu'à condition de retrouver le voleur d'un tableau de la collection familiale, l'éponyme "Forget-Me-Not". Et évidemment, le fieffé maudit n'est pas un Arsène Lupin du dimanche.
Le trait est soigné, le tramage absent (sauf au début de certains chapitres, le premier étant même en couleur. Si les autres sont en teintes de gris, est-ce la faute à Sakka ou était-ce ainsi d'origine?). La narration est étrangement fouillie, et ce n'est pas un compliment: il y a beaucoup de personnages qui arrivent sans qu'on sache pourquoi, beaucoup d'histoires secondaires qui ne servent pas à grand chose, des découpages confus entre évènements... En arrivant à la dernière page, on sent que beaucoup a été commencé mais rien n'a été fini - ceci dit, la conclusion en soi n'est pas mauvaise. Comme une ambition pour faire plusieurs volumes qui n'existent pas, ou au contraire, condenser trop d'éléments dans ce livre. Serait-ce la signature de Tsuruta, dont certains avaient senti une fin à l'emporte-pièce dans Abenobashi Mahou Shotengai?
A part ça, il y a un fan service assez généreux, la traduction française tellement mise en avant par Sakka est fourrée de fautes d'orthographe et de grammaire, et l'héroïne est attachante. En bref, potable, sans plus; dommage.

Noir

Petit rappel: après la mystérieuse double diffusion d'Excel Saga, Canal+ dégaine enfin Noir pour commencer son programme de mi-saison. Premier épisode ce soir à 18h (et le reste chaque semaine jusqu'au vendredi, en clair!), tout de suite après le rebut de GameOne qui fait le pitre devant la caméra. Regardez les 10 premiers épisodes et extasiez-vous, regardez les 10 suivants en vous demandant où est passée la trame principale, puis regardez la fin en vous demandant ce qui a bien pu passer par la tête des scénaristes pour qu'ils (h)achèvent ainsi leur anime.

29 décembre 2004

Nous avons tellement à apprendre de ce pays

Dans l'Ultra Jump spécial Tenjo Tenge, le grand Oh! Great nous donne la réponse aux grands mystères de l'univers, comme "pourquoi les gros seins?" A savoir, parce que c'est rigolo à regarder. Quand on lui demande s'il aime les filles comme Harumi Nemoto, il répond que la perfection japonaise existe en la personne d'Eriko Sato... que je ne connaissais pas, mais qui m'aura appris après quelques recherches que même les vidéos soft peuvent avoir un chapitrage digne d'un manuel d'anglais de 6ème. Et aussi que tout n'est pas bon dans le cochon, mais ça, on le savait déjà.

26 décembre 2004

Tanuki Awards 2K4 - Anime

(éditions 2K2 et 2K3)

Meilleur shonen: Full Metal Alchemist pour les animes, Tenjou Tenge pour les mangas
Malgré une première saison plan-plan, les frères Elric ont largement assuré pour la fin de leurs aventures. Miam miam. Pour Oh! Great, l'anime était techniquement loin d'être acceptable, alors c'est le manga qui prend le pompon^^.

Meilleur shojo: Je sais pas
Non, vraiment. Peut-on citer Gunslinger Girl, tout frais terminé chez Kaze en DVD? Oui, sauf que ça reste réservé à un public soigneusement averti. A part ça, le reste de la production pour les filles a dû me passer sous le nez, parce que j'ai rien vu de particulièrement bon. Vous êtes déçus? Je le suis aussi...

Anime le plus commercial: My HiME / Mai HiME
Ninjas! Gros seins! Robots! Agents secrets! Blagues pourries! Histoire inégale! Explosions! Pouvoirs magiques! Tentacules! Collégiennes!

Meilleur anime hentai: Shintaisou
Techniquement soigné, moralement horrible et sexuellement dépravé, Shintaisou Kari (pour le nom complet, et Princess 69 pour le marché Zone 1) a aussi l'avantage de ne plus être la pire chose que l'animation japonaise nous ait fait subir, puisque Bondage Game a pris cette place.

Plus grosse déception: Viewtiful Joe
Un jeu inventif sur le gameplay et le look (un cell shading bien maîtrisé allié à un character design délirant) donne naissance à un anime formaté, à la technique digne du début des années 90, avec des personnages taillés pour finir en figurine de Happy Meal. Henshin-a-get-away, baby!

Meilleure surprise: Memories chez nous
Alors là, j'ai eu du mal à y croire en tombant sur le DVD: la folie de Katsuhiro Otomo disponible en Zone 2 FR? Alors que les autres éditions étaient importées à prix d'or? Miam!

Meilleur long métrage: Innocence - Ghost In The Shell 2
Steamboy trop décevant, Innocence trop bon.

Pire fan service: Ikki Tousen
Qui a droit à un retour dans la sélection de cette année (il était déjà là dans les TA 2K3) parce qu'il en cours de parution en France (manga et anime, au secours!). Toujours aussi déplorable, toujours à éviter. Si vous tenez à avoir un titre véritablement de l'année 2004, prenez Grenadier et évitez-le tout autant.

Pire anime: Koi Kaze
Design nul, histoire nulle, morale nulle, persos nuls, animation nulle, rythme nul, fin nulle, fans nuls, anime nul. Les autres nominés (Daphne In The Brilliant Blue, Aishiteruze Baby ou Madlax entre autres) n'avaient aucune chance!

Meilleur anime de la saison en cours: Genshiken
Cette catégorie ne s'appelle pas "meilleur espoir de la saison en cours" puisque la série est presque finie, les formats 13 épisodes étant légion cette année - sûrement pour limiter les frais en cas de bide... Chaque épisode déclenche une crise de rire. C'est parodique sans être insultant pour son public, c'est drôle et sincère, c'est tout simplement cool. Otaku No Video a trouvé son digne successeur!

Meilleur anime de l'année: Samurai Champloo
... qui a déjà trouvé acquéreur pour les droits français, joie. Certains ont repoussé ce titre pour être trop inégal, mais son originalité toute particulière l'a poussé au-dessus des autres nominés (Ghost In The Shell - Stand Alone Complex 2nd Gig, Gankutsuou qui frôle l'ex-aequo et Gundam Seed Destiny. Non, je déconne pour Gundam).

15 décembre 2004

Innocence - Ghost In The Shell 2

Malgré le temps qui passe, je n'arrive toujours pas à savoir si Mamoru Oshii est un fou ou un génie. D'après les philosophes asiatiques (Lao Tzu, Confucius et leurs potes), la folie et la sagesse sont deux voies antinomiques de l'esprit - mais il faut croire que ces chemins sont sur une terre aussi ronde que la nôtre et finissent par se rencontrer. Conclusion: Oshii est à leur croisement. CQFD.
Innocence ne démord pas du thème principal de l'oeuvre de Shirow: alors que l'instrumentalisation de l'Homme progresse, quand est-ce que l'humanité s'arrête et quand est-ce que la machine commence? Une chose est sûre: bardés de nano-technologies qui leur épargnent les tâches chiantes, les gars de la Section 9 utilisent le temps ainsi gagné pour être philosophes. Il y a des flopées de citations des maîtres de la pensée que j'abordais au début de ce texte, l'histoire est moins compliquée que celle du premier film et laisse le spectateur penser un peu pour lui-même (la discussion avec le légiste est exemplaire à ce titre). Le scénario est basé sur un des chapitres du premier volume ("Robot Rondo" pour être précis), mais se déroule après les évènements du Puppet Master (normalement dans le deuxième livre) et Man Machine Interface. Au fait, bonne nouvelle: le "techno-blabla", la marque de fabrique de Shirow, est limité à son strict minimum - il laisse la place à des descriptions sur écrans d'ordinateurs ou hologrammes aussi claires qu'esthétiques.
Malgré le format "long métrage fait pour être diffusé aux masses ignorantes", ne vous y trompez pas: il vaut mieux avoir vu le premier - ou mieux, s'être farci le manga. Les autres, faites comme au festival de Cannes, prenez la porte. La faute à Shirow ou à Oshii? Les deux, mon capitaine: GITS n'a jamais eu la réputation d'être accessible et je vous rappelle que c'est le même réalisateur qui est derrière Avalon. D'où mon introduction: Oshii a creusé son trou en se mettant toute l'animation japonaise à dos après avoir sorti l'OVNI "My Beautiful Dreamer" (mais si, le deuxième film d'Urusei Yatsura ou Lamu chez nous, avec l'extraterrestre en bikini léopard, ça y est, vous voyez?), puis il s'est régulièrement offert des folies comme Tenshi No Tamago (deux phrases en une heure de film: Tsutomu Nihei n'a rien inventé avec Blame!), sans parler du fait d'inviter son chien dans ses films. GITS est déjà réservé à un public averti et passionné, pourquoi mettre la barre encore plus haut?
Réponse: parce qu'on le peut. Les profanes aux aventures de la Section 9, ceux qui ne regardent pas Stand Alone Complex et ne comprennent pas en quoi le Major Kusanagi est une bombe sexuelle n'auront pas la tête qui éclate avant la fin du film. Ou si ça leur arrive, c'est la faute à la perfection technique du film. Innocence est au long-métrage d'animation ce que Macross Zero est aux OAVs: leurs grands frères GITS et Macross Plus furent les révolutions graphiques des années 90, eux font le même effet pour cette décennie. L'animation est sans faille, l'intégration 2D/3D ne pourrait pas être plus réussie (la scène de l'épicerie!), Kenji Kawai est au mieux de sa forme musicale, même les influences SF tiennent compte de Man Machine Interface et des dernières avancées technologiques. Quelques plans où la caméra virevolte autour d'un personnage 2D dans un décor 3D font carrément office de démo aux autres studios qui doivent pleurer à chaudes larmes devant la perfection du travail de Production IG... Ce mélange cellulo/CG plaît ou déplaît, au prétexte que la différence se voit trop entre tradition et synthèse, mais il sera difficile de faire mieux qu'Innocence en la matière: si vous n'appréciez pas le résultat dans ce film, je crains que vous n'aimerez jamais ce mariage de la carpe et du lapin. Quant à son omniprésence ici, elle n'est qu'une énième métaphore de la rencontre entre hommes (ghosts) et machines (shells), businessmen et geishas, flics et yakuzas, manoirs et gratte-ciels, penseurs et informaticiens, science et fiction, présent et futur. Oshii, fou ou génie, mais sûrement pas frimeur; ça change d'Otomo et de son garçon à vapeur.

Pour le reste, que dire? Aramaki et Ishikawa sont réduits à un rôle de figuration puisqu'il n'y en a que pour Batou et Togusa. Kusanagi fait de 1 à 3 apparitions fantômes (je suis prudent et précise "selon les interprétations", puisque j'en ai dénombré 3^^), la scène du carnaval sera à marquer d'une pierre blanche dans l'histoire de l'animation, et j'avais toute une salle Dolby Digital de 270 places pour moi. En tant que détenteur d'une haine sans limites envers les autres spectateurs au cinéma, c'était bonnard; en tant qu'ambassadeur de la Japanime, c'était un peu triste (mais je l'ai un peu cherché, c'était la séance de midi :) ). Bah: le film est mine de rien 9ème au box-office français après 10 jours d'exploitation, et sa sélection au festival de Cannes - une première pour un anime, répétons-le - ne peut que lui faire du bien.

13 décembre 2004

Le mystère Excel Saga

Canal Plus a diffusé GTO puis Excel Saga dans sa tranche de 18h. L'épisode 26 d'ES manquait. Contrairement à GTO (édité par Kaze), ES (Dybex) n'a pas eu droit à une piste VOSTFR sur C+ Numérique. Noir était annoncé après ça... Et à la place, ils repassent une couche d'Excel Saga. Toujours en français doublé uniquement. Et dans le générique (laissé en japonais, Dieu merci), on entend pas Hyatt tousser.

09 décembre 2004

Début de saison TV au Japon, épisode 9: Yakitate Japan

La japanime est une industrie. Les occidentaux s'acharnent à reconnaître une forme d'art dans le soin apporté à ces produits fabriqués à la chaîne pour les mass medias, dans leurs mécanismes de narration atypiques ou dans les multiples niveaux de "lecture". Pourquoi vouloir leur donner une légitimité à tout prix? Est-ce que les otakus font ça par passion ou parce qu'ils tiennent à se convaincre eux-mêmes qu'ils ne perdent pas leur temps?

Grande nouvelle: on s'en fout. L'intro au-dessus ferait fureur comme intro pour un article pseudo-intellectuel ou pour une dissertation de philosophie (sujet: "Les gros seins, pour ou contre?"). J'ai commencé ainsi pour rappeler que quand on est un aspirateur à fric, il faut parfois gratter dans les coins de la salle pour s'assurer qu'on a bien râtissé le plus large possible. Yakitate Japan est un de ces projets schizophrènes qui se prennent tantôt au sérieux (pour que le téléspectateur n'ait pas l'impression qu'on le prend pour une buse), tantôt au second degré (pour que les sponsors n'aient pas l'impression qu'on les prend pour des buses). On connaît ça avec les animes qui parlent d'un sujet ultra-pointu et qui tentent de le présenter à un public plus large: qu'il s'agisse de sport, de culture ou de jeux vidéo (qui a dit "le manga King of Gamers"?). Certains évitent ce dédoublement de personnalité: Hikaru No Go en étant l'exemple parfait. Mais pour un HikaGo, combien de Laura ou la Passion du Théâtre, de Slam Dunk, d'Initial D? On en arrive à penser à des conspirations du genre: l'association japonaise des troupes de théâtre/tuneurs/boulangers/"insérez ici un métier ou un hobby obscur" pense qu'elle n'a pas assez d'adeptes. Mais elle a du fric. Alors elle engage un mangaka pour répandre la bonne parole. Ce qui me fait réaliser que si cette théorie est bonne, le lobby des servantes et autres "assistantes de maison" est incroyablement puissant au Japon. En tout cas, les résultats sont là, même chez nous: le nombre de licenciés de la Fédération Française de Volleyball avait explosé quand "Jeanne et Serge" passait sur la Cinq, sans parler du jeu de Go... Allez savoir si Dead Or Alive Xtreme Beach VolleyBall a eu le même effet.
Au fait, Yakitate Japan est un anime de boulangerie. Non, vraiment. Bon, arrêtez de me regarder comme ça, c'est gênant. On voit donc des apprentis bonne pâte suant sang et eau pour pétrir le levain avec ardeur, le chauffer avec amour afin d'exhiber leur belle baguette. Il y a bien une fille dans ce truc, mais ses miches n'ont rien d'exceptionnel. En parlant de cuisine, la recette de ce genre d'anime est éprouvée: le jeune plein de passion, le rival surdoué, les duels au grand jour, les techniques cachées, les sous-entendus homo-érotiques et un manque complet d'originalité. Quand les boulangers français ont fait leur pub, ils nous ont sorti une campagne aussi conne que "si on ne mange pas de pain, un jour il n'y en aura plus"; à l'époque, j'avais pris ce slogan pour un éloge à la violence. Les lobbyistes français devraient regarder sur leurs collègues japonais et leur anime pour en prendre de la graine - ou plutôt de la farine... On se plante donc devant Yakitate et on a droit au boulanger d'en face qui est un français pédéraste, à un hémicycle de spectateurs venus assister à un duel de pains (diffusé à la télé, et je parle pas de boxe), à des maîtres qui portent cape et plumes. On se dit que c'est à prendre au second degré, et puis on voit de véritables petits cours sur la qualité de tel sucre ou tel lait... On les sent, les associations de boulangers en coulisses, les yeux rivés sur les statistiques des étudiants en boulangerie. Peut-être qu'ils piquent une crise quand les héros reçoivent pour mission de faire un pain "que même un cheval trouverait bon".

Un côté du cerveau se dit que bon, après tout, pourquoi pas, pense à HikaGo: si ça peut marcher pour un jeu de plateau millénaire, les animes peuvent nous parler de n'importe quoi de façon passionnante. Puis l'autre partie du cerveau, celle qui nous dit "ça coûte 200€", "ne fais pas ça" ou "ne la crois pas, elle a moins de 18 ans" nous affirme: "mais... c'est un anime... DE BOULANGERIE!" Et sincèrement, que lui répondre? C'est vrai, en restant à bonne distance de l'écran et en se bloquant sur le second degré, on évite de se suicider par insertion de baguette dans le rectum. Surtout qu'avec un tel sujet (la boulangerie, pas le cul), il y a du grain à moudre. Mais ça n'est pas drôle pour autant - en fait, je suis resté de marbre. En japonais, "pain" se dit "pan": et on a droit à des jeux de mots genre "Ja-pan" ou "Pantasia" (le nom de la boulangerie où les persos bossent) jusqu'à ce que du levain vous coule par les oreilles. Scénario passant par tous les lieux communs des mangas abordant des sujets clandestins, techniquement réduit au strict minimum en animation et en dessin (pourtant, le staff n'est pas composé d'inconnus: la musique est même assurée par Taku "Read or Die, Witch Hunter Robin, Kenshin Tsuioku Hen" Iwasaki), à l'humour qui tombe aussi plat que les pâtons pétris à longueur d'épisodes, la version animée de Yakitate Japan est une pâte congelée mal réchauffée au four micro-ondes. Et peu importe la température, même si on le prend au 200° degré j'accroche pas. En France, on appellerait pas ça "boulangerie" mais "pain chaud" - c'est la législation qui veut ça. Mangez des Cracottes!

22 novembre 2004

Début de saison TV au Japon, épisode 8: Uta~Kata

Vous aimez Keiji Gotoh? Pas étonnant. Auteur de Gate Keepers, designer prolifique (Martian Successor Nadesico, Those Who Hunt Elves, Hyper Police...), réalisateur de l'intro culte d'Himiko Den ou de Kiddy Grade (tout frais sorti en France chez Déclic), le monsieur a tout pour plaire. Et voilà son dernier bébé: Uta~Kata (il réalise et sa femme est officiellement en charge du chara design). En fait, c'est pas un tilde (~)qu'il y a dans le titre, mais un symbole tout bizarre qu'il faut chercher longtemps dans les tables Unicode (∽).

Scénario en trois coups de cuillère à pot: gentille fillette de 14 ans toute innocente rencontre fille excitée de 14 ans sortie d'un miroir, avec moult pouvoirs magiques et sous-entendus lesbiens de circonstance en cette bien étrange saison d'animes. S'il y a un truc que je n'ai jamais pigé chez Gotoh, c'est bien sa politique envers le fan service. Autant Gate Keepers soutient la pudique et stricte règle des culottes invisibles (juste un néant noir ou des jupes qui collent à la peau, quel que soit l'angle; mais une fois sur son site, Keiji ne se gêne pas), autant Kiddy Grade offre matière à se rincer l'oeil. Dans Uta-Kata, c'est la grosse artillerie qui est de sortie. Le moindre angle, la moindre image de la séquence de transformation (ne cliquez pas ici si vous êtes au boulot!), tout est bon pour le cochon.
Je l'ai déjà écrit par le passé: si R-L.net était amené à ajouter des notes dans ses critiques, le fan service serait un critère à lui seul. A savoir: les festivals de culottes et de seins bondissants aux sons rigolos obtiendraient la note maximale (Dead or Alive, au hasard), alors qu'un exemple de chasteté (Monster) se prendrait un zéro pointé - plus une échelle qu'une note à proprement parler. Le lecteur serait tout simplement amené à comparer son appréciation propre de cette pratique pour savoir s'il préfère voir une note élevée ou faible, cette dernière se calquant probablement sur son niveau de perversité.

Somme toute, le fan service est une ode au voyeurisme - remember Daphne In The Brilliant Blue! On vit sa vie, on regarde peinard un DVD et paf, plan général sur un triangle de tissu. Sur une échelle de 10, si vous êtes au-dessus du niveau 5, c'est à ce moment que vous attrapez la télécommande pour revenir en arrière et faire un arrêt sur image - voire un ralenti, le niveau 10 ayant déjà sorti les mouchoirs. On donne aux fans ce qu'ils veulement et basta, on a une histoire à raconter qui traîne sur le feu; quand on tombe dans les délires du studio Fantasia (Agent Aika ou Najica Blitz Tactics), le scénario est subordonné et on tombe alors dans la catégorie "Ecchi" (Amazing Nurse Nanako). Tout ça pour dire qu'Uta~Kata n'est jamais clair sur ses intentions. C'est regardable par des jeunes filles qui seront hermétiques aux - nombreux - angles de caméra douteux (surtout qu'elles ne savent pas utiliser la touche "Pause" sur la télécommande), mais également par des gens à la morale douteuse, le fan service de la série devenant suffisamment important pour en expliquer le visionnage. Deux publics antagonistes qu'on réunit rarement, chacun un peu mal à l'aise devant la chose. Les filles, parce que ça finit par se voir, toutes ces caméras à ras la moquette (laquelle, à vous de décider), et les (a)mateurs, parce que ça reste du mahou shoujo, que 14 ans, c'est un peu jeune (Rei Ayanami étant un cas à part pour son OrigGine Mutante et sa plastique qui l'est tout autant, ne m'envoyez pas en taule pour ça monsieur le juge), et que le fan service est trop visible pour être honnête.

Que se passe-t-il quand un pervers en invite un autre à regarder sa voisine à travers un trou dans la cloison? Réponse: l'invité se (ré)jouit. Réponse subsidiaire: je joue à Silent Hill 4. Que se passe-t-il quand le trou est assez grand pour y passer la tête, qu'il est trop gros pour être honnête? Réponse: l'invité hésite avant d'en profiter, et il se demande si son compagnon de vice n'est pas un agent de la brigade des moeurs. Pareil pour Uta~Kata: ça en devient presque malsain tellement on se sent maladroit, mal à l'aise devant l'écran. Dur d'apprécier le côté poétique de l'histoire à sa juste valeur, si juste valeur il y a; on parle de divinités de la nature, étant invoquées une à une au fur et à mesure des épisodes (avec transformation et costume de l'héroïne différents à chaque fois)... Le scénario se développe tellement lentement qu'on se demande si c'est par respect du Carpe Diem ou parce qu'il ne sert que de couverture aux nombreux sous-vêtements discutés plus haut. En bref, à éviter si vous êtes d'accord avec ma critique d'Aishiteruze Baby, à regarder dans le cas contraire ou si vous êtes juste camé au fan service.

08 novembre 2004

Début de saison TV au Japon, épisode 7: Vite vus

Sensei No Ojikan (nom international sur le site web: Doki Doki School Hours): OMG, REPOMPE D'AZUMANGA DAIOH! Et non! Le manga d'Ojikan est plus vieux qu'Azumanga, ce dernier en étant même inspiré. C'est exactement la même structure, à savoir de petits strips quotidiens ici animés en sketchs très courts. Les deux séries sont quasi-identiques, avec une gallerie de personnages amusants et classiques à souhait. La seule différence étant que le perso principal est une prof ayant la trentaine et 1m50 les bras levés... Ken Akamatsu s'en serait-il servi pour pondre sa dernière oeuvre qui met en scène du fan service bien épais sur des collégiennes dirigées par un Harry Potter du dimanche?
J'avais passé quelques mois dans une école internationale il y a bien longtemps. Un jour, j'ai été amené à bosser en duo avec une petite japonaise. Le prof dit que le plus âgé doit parler en premier; n'osant m'enquérir de son âge, elle me répond aussi sec que c'est bon, je peux me lancer (j'avais 19 ans). Quelques semaines plus tard, j'ai appris qu'elle avait 47 balais.

School Rumble: Love comedy comme les studios ne se lasseront jamais d'en faire. Les américains font un clone de Pretty Woman chaque année, les japonais nous ressortent le même triangle amoureux entre une fille qui aime le gars populaire du coin et qui est elle-même aimée par un type qu'elle ne voit pas. A voir si vous êtes trop flemmard pour ouvrir un Molière, et ça reste quand même très rigolo.

Futakoi: Alors là, c'est le pompon. Ca commence avec le scénario générique n°35F48R2, à savoir le garçon qui revient dans son bled à la campagne (faut bien brosser la nostalgie et l'amour de la nature dans le sens du poil) et qui y retrouve la "fille de la promesse", avec qui il se mariera-gnagnagna. Puis il en voit une autre, qui vit là où il emménage. Puis encore une autre, dans laquelle il rentre dedans sans le faire exprès mais heureusement que le scénario fait bien les choses. Ca ratisse large: gros seins, gamines, profs, faut viser sous la ceinture. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que les conditions pour faire un dating sim pour ps2 soient réunies. Faut croire que le Japon a une écrasante majorité de femelles dans sa population pour que les harem animes soient aussi répandus. Déjà vu? Mille fois; Love Hina commença comme une parodie du genre jusqu'au moment où il se prit au sérieux. Sauf que Futakoi a été conçu soit par des gens atteints de strabisme, soit atteints d'un fétischisme vieux comme le monde et quand même franchement dérangeant: les jumelles. La situation est justifiée par une des plus belles pirouettes scénaristiques observées depuis Metal Gear Solid 2: une légende de jumelles qui se sont suicidées-gnagnagna-tout le village donne naissance à des jumelles-blablabla-toutlemondemeurt. Donc, au lieu d'avoir six filles et un mec, on a 6x2 filles et un mec. Fuyez.

Rozen Maiden: Générique par Ali Project, le groupe qui aime bien parler de cercueils et de trucs gothiques bizarres dans ses chansons - à l'origine de l'intro de Noir ou Avenger. Un garçon au design pompé sur Mahoromatic mais avec un caractère qui me donne envie de le décalquer dans un mur de béton tombe par le plus grrrrrrand des hasards sur une poupée vivante et devient son Wû (comme dans 3x3 Eyes). Un peu comme les poupées Corolle, mais en plus chiant (oui, c'est donc comme une femme. Sauf qu'elle fait 60 centimètres de haut). Scénario soporifique et un peu convenu, animation et couleurs soignées, et puis j'ai pas du tout aimé la chose.

Mahou Shoujo Lyrical Nanoha: La loi exige que chaque nouvelle saison télévisuelle doit contenir au moins un anime de mahou shoujo, autrement dit de fille magique qui se découvre un destin de sauveuse du monde et un costume qui va avec. Autant CardCaptor Sakura a établi un nouveau standard dans le milieu, autant on sent que Nanoha ne va pas chercher plus loin son inspiration. Les génériques sont tellement similaires que ça en devient gênant... Les relations amoureuses bien sinueuses propres à Clamp dégagent et laissent place à quelques panty shots toujours surprenants compte tenu de l'audience-cible, mais pas étonnants quand on voit la tendance actuelle. Notons que quelques scènes (comme le repas dans le premier épisode) sont particulièrement chiadées, avec tous les persos qui bougent bien, des effets de lumière et j'en passe. Ca tranche avec le reste des épisodes, tout à fait dans la moyenne mais sans plus. A regarder si on vous traite de "mahou shoujo lover" (c'est ce que m'a dit texto un membre de l'équipe de GameFAN) ou si comme dirait Desty, vous êtes un de ces êtres douteux qui regardent toutes portes closes des cassettes de SailorMoon dans une chambre à l'odeur étrange avec une boîte de Kleenex à portée de main.

06 novembre 2004

Genshiken 2

Mon coup de coeur de ce début de saison fait un carton plein avec ce deuxième épisode. Où le générique d'intro de Kujibiki Unbalance laisse place à un nouveau morceau (on voit du Guilty Gear!), où notre groupe d'étude de la culture visuelle moderne va faire les magasins, et où l'on parle de hentai. Me faire hurler de rire à 4 heures du matin est un exploit qui n'avait pas eu lieu depuis Excel Saga et sa petite soeur Puni Puni Poemi; d'ailleurs, n'oubliez pas d'être devant votre télé lundi à 18h.

Genshiken tient la balance parfaite entre réalisme (qui donne un incroyable ton de déjà vu aux situations présentées) et dramatisation (qui en fait un anime de qualité). Un exemple assez représentatif est le personnage de Kohsaka: un stéréotype que je surnomme machinalement "le commercial". Je ne parle pas des marchands de tapis qui polluent toute industrie du loisir, mais de ces otakus qui font (ou ont fait) des études de commerce ou de communication. Essayez de me suivre dans ce que je vais raconter, c'est un peu tordu.

Pensez à ces gens-là. On leur enseigne comment vendre quelque chose ou quelqu'un. Généralement, on leur explique qu'il faut toujours commencer par se vendre auprès du client ou de son patron. A cet effet, ils sont dressés comme des petits soldats à faire des gestes simples: se raser, se coiffer, s'habiller correctement, rester zen dans des situations critiques (chapitre un: "le client mécontent"), autrement dit comment être séduisants. Un enseignement qui sert au-delà du boulot, puisqu'il est généralement utile pour avoir une relation sexuelle... et qui échappe bien souvent aux otakus. Evidemment, ces études ont lieu à l' "adulescence", un âge où un fan formé depuis l'enfance a déjà choisi si ses posters de Masamune Shirow vont rester sur les murs ou si non, c'est bon, j'ai passé l'âge de ces conneries.
Donc, un otaku, ça ne fait généralement pas attention à la manière de s'habiller ou la longueur des poils de menton - et ne parlons pas de ce qui touche au sexe (jeu de mots involontaire). Vous voyez où je veux en venir? Ces gens qui sont déjà atteints, qui ont déjà emmagasiné des jeux vidéo, des VHS et tout le reste, que se passe-t-il quand ils partent en école de commerce? Ils mutent. Une fusion du meilleur des deux mondes: ils peuvent évoluer parmi les civils sans que ces derniers se doutent de quoi que ce soit, et ils peuvent aller dans une convention sans qu'on les prenne pour des n00bs. Ils peuvent être les ambassadeurs des animes sans se forcer, faisant partie de façon presque inconsciente de cet effort de guerre pour effacer l'image Club Dorothée qui colle encore à notre passion. Si la prochaine génération sera élevée avec des DVDthèques Ghibli et non Disney, ce sera grâce à eux - d'autant plus qu'ils le feront sur leurs propres gosses, puisque leur capital séduction leur permet de se reproduire. Voilà, ainsi sont ces gens qui appartiennent à la classe de personnage "otaku", sous-classe "commercial": ceux à qui on donnerait le Bon Dieu sans confession et qui ont pourtant des piles de mangas pour adultes dans leurs étagères.

Le personnage de Kohsaka dans Genshiken est une version animée de cette espèce: il a donc un côté incroyablement naïf pour donner un ressort comique. Il a un visage d'ange mais est excellent aux jeux vidéo, sa copine est un ersatz de fille-qu'on-a-connu-tout-petit mais qui n'arrive pas à réaliser la lourde tâche qui l'attend. Comme la première fois, c'est narré de façon hilarante mais c'est aussi frappant de scènes vécues; la bande-annonce du prochain épisode nous promet une visite dans les conventions, et ça va pas être triste.

- page 22 de 38 -