L'édition précédente était déjà excellente, mais les organisateurs ont eu la présence d'esprit d'en corriger les erreurs : les animations sur scène étaient excellentes avec des animateurs de choix, et un forum simplement exceptionnel. Au sens premier du mot : un forum d'exposants avec trois pauvres contrefaçons paumées au milieu de tonnes de produits officiels et directement importés du pays du sushi, dans une convention française, c'est une parfaite exception.

J'ai l'impression que l'otaque moyen qui va en convention change d'attitude au fil du temps. Il commence en profitant de l'évènement, participant aux activités, chantant au karaoké, dépensant chez les boutiques, matant des projections. Les années passant, il finit par considérer la chose comme un gros meeting social, n'y allant que pour mater deux cosplays et dire bonjour à quelques potes. Dans mon cas, les deux phases sont intercalées d'une période "reportage", où j'arpentais les lieux par plaisir de les faire connaître à ceux qui ne pouvaient pas venir.

A ce niveau-là, la qualité de l'évènement importe peu : même entouré de téléchargeurs de fansubs et de cosplays en survèt' orange Adadasse, la réunion de famille entre membres d'un forum ou d'un aggrégateur de blogs aurait toujours lieu. Certes oui, mais admettez qu'il est un tant soit peu plus agréable que ladite réunion se déroule autour de bornes d'arcade avec des shoots Cave ou d'un kumikyoku.

Vous voulez savoir pourquoi il m'a fallu autant de temps pour écrire cet article ? Parce que la suite est encore plus égocentrique que le résumé d'Epitanime 2008. A croire qu'une dose annuelle de star system devienne nécessaire... Cessez de lire ceci maintenant et laissez-moi parler à mon divan. Sérieusement.

Tu as bien raison, texte-en-italique-qui-fait-office-de-troisième-interlocuteur-entre-raton-et-son-lectorat : cette convention m'a surtout appris pas mal de choses sur moi-même.

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A l'attention de ceux qui lisent le site par leur lecteur RSS : ce qui suit est couvert sur le site par une balise spoiler. Vous devriez peut-être faire demi-tour.

Il y a deux ans, dans la file d'attente des dédicaces de Yoshitoshi ABe à Epitaime 2007, j'avais aperçu un petit gars mince comme un clou et recroquevillé sur sa DS. Ni une ni deux, avec la subtilité d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, j'ai envahi son espace personnel pour constater qu'il jouait à une version importée d'Ouendan 2, à peine sorti au Japon. Je le congratule, et avec une petite voix, il dit qu'il me connaît. C'était Kyouray, celui dont l'appel à la passion écrit quelques temps plus tard encouragerait tant de jeunes plumes à commencer leur petit coin de web. Le vieil adage est vrai : sur Internet, personne ne sait que vous êtes un chien. Ou un raton laveur. A force de surfer, vous avez tous croisé sur un forum quelconque un flamboyant posteur de tirades pleines de verve. Le posteur avec un compteur de posts un peu trop élevé qui traite les novices avec dédain et s'enflamme pour la moindre cause - vous voyez le genre. Et quand, lors d'une rencontre réelle entre membres de la communauté, vous avez affaire à un anonyme timide et muet comme une carpe.



Forcément, quand on écrit un site comme l'éditotaku où l'on cherche des noises aux mauvais fans, aux escrocs à la petite semaine et aux rédacteurs en chef du dimanche, il vaut mieux assumer. A fortiori, si on sort de chez soi, il faut s'attendre à tomber sur des détracteurs qui au mieux ne sont pas de votre avis, et au pire, auront envie de vous égorger. Autrement dit : si on joue un rôle, il faut le jouer jusqu'au bout. Si on écrit des articles sur des ninjas à gros seins qui se font malmener par des tentacules, il ne faut pas s'étonner qu'on vous offre des doujinshis du même tonneau. Et à l'inverse, les gens présents ne s'étonneront pas si vous violez un mec déguisé en maid en portant un masque de pony (*).



Et si on croise par hasard le rédacteur en chef de Made In Japan alors qu'on l'a trainé dans la boue deux semaines plus tôt, on ne change pas de trottoir, mais on va le regarder dans les yeux et on lui pose les questions qui fâchent. Il aurait pu me mordre, il aurait pu me ridiculiser, mais il n'en fut rien : il a honnêtement répondu à mes questions et a accepté de poser pour la photo.



Que des gens sympathiques à Epitanime. Je l'ai déjà dit et je le répète à l'intention de tous ceux qui écrivent, parlent et propagent leur opinion : on a le public qu'on mérite. J'essaie d'être un peu exigeant envers mes textes et d'écrire décemment, et vous êtes tout aussi sévères et soignés quand vous me parlez, que ce soit dans les commentaires, le Quartier Libre (prochaine édition à la fin du mois), vos propres sites web, ou en vrai.



Et vice-versa : comme mes lecteurs (c'est vous) sont sympathiques, j'essaie de le leur rendre. A lire les résumés d'Epitanime sur Blogchan/Sama et ailleurs, vous ne passez pas non plus un mauvais moment en ma compagnie. Ou alors vous passez des moments vraiment bizarres. Voir des lecteurs traverser la France pour venir à Epitanime parce que j'ai écrit un guide assez détaillé pour les convaincre de faire le chemin, croiser des gens qui me lisent depuis des années même s'ils n'ont jamais posté de commentaire, monter sur scène après ses lecteurs sans avoir besoin de se présenter, c'est quand même agréable pour l'amour-propre.


Je tombe parfois sur des lecteurs qui me disent que l'éditotaku est connu, que machin a lu tel article ou que j'ai de l'influence dans le "milieu". Remarque, c'est vrai : les hauts faits des huit dernières années sont légion. Grâce à ce site, les éditions Soleil impriment Welcome to the NHK sur du papier un peu plus blanc, Made In Japan va faire non pas une mais deux excuses publiques, et les moteurs de recherche savent où orienter ceux qui se posent des questions sur Taimanin Asagi. Yay pour moi.

Désabusé ? Que nenni. Mais quand on passe toute l'année seul devant son ordi à écrire/photographier/filmer dans son coin, il est difficile de jauger une quelconque célébrité. Si je vais dans une convention sans la peluche, je suis aussi discret que Solid Snake. Alors, quand vous croisez une bonne centaine de personnes qui vient vous dire bonjour en l'espace d'un week-end, ça fait bizarre. Quand vous apprenez que vous avez des lecteurs chez Ankama, c'est étrange, mais quand ils vous demandent une dédicace, c'est carrément le monde à l'envers.



Quand Nashi est venu me poser quelques questions pour sa caméra, j'ai bien dit que l'éditotaku ne m'a jamais rapporté le moindre sou, mais nom d'un chien, qu'est-ce que j'ai pu rencontrer comme gens formidables grâce à ce site. Et généreux, en plus.



Tout juste revenu du Japon, Axel m'a offert l'édition limitée de Clannad - Tomoyo After. Certains y voient une private joke, d'autres y voient une tentative de conversion au tomoyisme. En plus du jeu, il y a un superbe livret et la bande-son dans un magnifique coffret.



De retour du pays aux tentacules avec le susnommé impétrant, Shikaze a ramené les cinq (chers et rares) doujins de Mogudan sur Rei Ayanami. Ne cliquez pas sur le lien si vous êtes mineur.



Et ils étaient accompagnés des pince-sans-rire Corsaire et DarkSoul, qui ont voulu faire rire avec ces pinces : des broches de Rei Ayanami. Sachant que je me coiffe avec une tondeuse depuis quelques mois, je vous laisse profiter de leur sens de l'humour. Maxobiwan m'a aussi offert Senko No Ronde et Keul m'a même fabriqué un chargeur USB portable.



Shade, rédacteur en chef de Made In Japan, est venu me donner ça. Mais euh, y'a un tiret à mon nom de plume, parce que raton laveur avec un espace, c'est l'animal. "Oh, les fautes d'orthographe dans Made In Japan, tu sais comment ça se passe". Je n'ai pas su quoi répondre.



Mais le plus impressionnant reste Scoonix, spécialement venu d'Allemagne pour présenter au peuple teutonique comment on fait les conventions de japanime par chez nous. En plus de parler un français exquis et d'offrir un ticket d'Epitanime à un lecteur de ce site, il a pondu pour son site web une grosse vidéo sur mes agissements et m'a offert ce superbe dakimakura de Yoko (Gurren Lagann). J'avais dit sur IRC que si jamais je chopais cette taie d'oreiller, des gens en noir viendraient me confisquer ma Carte d'Etre Humain. D'ailleurs, on frappe à la porte.



Vous aviez été prévenus que ce texte serait nombriliste, et c'est bien pour ça qu'il a autant trainé ; même après l'avoir réécrit une dizaine de fois, je n'en suis toujours pas satisfait et il est cinq heures du matin. L'éditotaku a perdu en spontanéité avec le temps, oh ça oui ma bonne dame, mais il fait de son mieux, ça pour sûr. Ca va sembler répétitif, mais c'est quand même grâce à vous que tout ceci existe encore. Comme je l'ai écrit plus haut, l'expression publique sur Internet est différente des autres médias parce qu'elle est réciproque : nombre d'entre vous s'y mettent après avoir observé mon cheminement, et vos avis me font avancer. Merci à vous. Tous les lecteurs que j'ai pu rencontrer à Epitanime m'ont vraiment touché par leur gentillesse et leur ferveur. Encore merci.

 

Pendant ce temps : le reste du mois va être chargé sur l'éditotaku. D'ailleurs, pensez à réfléchir à ce que vous allez écrire pour le Quartier Libre d'Eté qui aura lieu dans deux semaines. Je résume pour ceux qui ne connaissent pas : pendant une semaine, à l'occasion de l'anniversaire de cette colonne, vous pourrez directement y poster vos propres articles sur le sujet de votre choix, avec un login dédié et le même système de publication que moi, sans censure, rien. Pour écrire sur un anime ou un jeu vidéo que j'ai ignoré, dessiner une bédé, présenter du hentai, bref, ce que vous voulez.