Vous vous souvenez d'Akira, où Katsuhiro Otomo faisait péter la planète? Vous vous souvenez de Memories, où Katsuhiro Otomo faisait péter le travelling pendant 30 minutes, bien que ça n'ait aucun rapport mais que je tiens à écrire ça pour affirmer comme un gros otaku que j'ai vu Memories? Ben Steamboy, c'est Katsuhiro Otomo qui fait péter Londres.
Film d'action qui cartonne avec quelques pauses pour réfléchir ainsi que le casting habituel de persos pas manichéens pour un sou (quoique) et un univers S-F trop rarement utilisé, le Steampunk. Quand l'électricité ou l'essence est remplacée par la vapeur, quoi. La dernière fois que j'en ai vu, c'était dans le jeu vidéo Project Nomads. Et l'avant-dernière fois, c'était le film Wild Wild West, et il vaut mieux ne pas y penser. Inutile de revenir sur les douleurs de l'enfantement du projet: huit ans de conception, une vingtaine de versions du scénario, un mal de chien à réunir le plus gros budget de l'histoire de la Japanime. Pour rester dans la façade technique, on voit que le doublage des persos a été fait traditionnellement, autrement dit après l'animation; Akira était un des rares films à s'offrir le luxe d'inverser ces étapes pour un résultat plus réaliste. Aussi, le dernier argument avancé pour le délai du film (qui devait sortir au Japon en février pour finalement arriver en juillet) fut un retard causé par la scène finale, plus compliquée que prévu. Sauf que je n'ai pas vu de véritable "climax" final, à moins que l'on ne parle des 40 dernères minutes. En général, très peu de CGs et toujours super bien intégrés, un soin masochiste apporté à la vapeur qui n'est que rarement synthétisée, inventivité dans les mecha designs, animation sans faille. Bref, on voit où est passé le budget.
Ce texte est sûrement en train de partir dans le mur, parce que je ne sais pas par quel bout prendre Steamboy. D'un côté, on ne regrette pas son ticket de cinéma, on se laisse porter par l'histoire, y'a des références à gauche et à droite (Nadia, Sherlock Holmes, les anciens films du réalisateur, etc) et c'est du Otomo, quoi. De l'autre, tout un tas de petits trucs contreviennent à un plaisir sans bornes: ça va d'angles de caméra ou d'actions qui auraient pu être plus spectaculaires et qui sont juste sympas, du ressort comique parfois détendu, ou de personnages parfois inégaux - au fait, vous avez remarqué le comeback du Colonel d'Akira? En parlant des persos, le rôle de la fille va sans doute être l'objet d'un débat sans fin, du genre "Rei ou Asuka", sauf qu'il n'y a pas de Rei et qu'elle ressemble vraiment à la rouquine d'Evangelion. Sûrement que sa prestation a été tournée dans tous les sens de la farandole des scénarios, sûrement qu'elle ramassera son fanclub et qu'elle se refera dans le Steamgirl déjà annoncé et dont on a un avant-goût pendant le générique de fin; toujours est-il que j'ai envie de lui envoyer la tête dans une brique et oui, le film aurait été mieux sans elle.

En bref: bon film d'animation, sans plus. Le sentiment que les bords sont pas parfaitement lisses plane pendant le film; un peu inégal et c'est dommage, parce que techniquement c'est la folie. Même si je ne me suis pas ennuyé, Read Or Die ou Macross Zero restent au-dessus.
Vu dans une petite salle de cinéma indépendant, la seule dans la zone à diffuser le film. Soit le film était un peu sombre, soit c'était la projection qui était mal réglée; et puis bon, le son était pas assez fort.