Dans ma tête :

Street Fighter IV était attendu comme la renaissance du Versus Fighting pour tout le monde. Non pas par une casualisation du gameplay avec un jeu kévinisé, mais par le retour de mécanismes si connus - quart de cercle avant ! - qu'ils sont codés en dur dans le crâne des enfants d'il y a quinze ans. Ceux qui avaient quitté les jeux vidéo, parce que trop compliqué, trop bouffe-temps, trop gamin, n'ont pas oublié Ryu, Chun-Li et les autres. Ils sont juste partis faire un tour, mais tonton Zangief tient toujours la boutique maintenant qu'ils reviennent chercher leur DVD de SF IV.

Entre Capcom VS SNK 2 et Third Strike, nous n'avons pas quitté la maison, mais nous étions devenus marginaux. Nous attendions ce sang "neuf" que seul Street Fighter IV pouvait apporter : hardcore gamers et petits nouveaux en comeback, sticks Hori et pads standards, tous assis sur le même canapé. Ils font instinctivement le mouvement d'un quart de cercle suivi d'un coup de poing et ça sort encore une boule de feu ? Quinze ans en moins, qu'on allait prendre.

Et il faut voir au-delà de ce jeu : si SF IV cartonne, à l'instar de SF II, les "clones" marcheront eux aussi. KOF XII se vendra bien, Arc System Works se fera plus de dix fans par jeu, et le monde sera beau.

 

Dans la réalité : 

Putain de gâchis monumental de ta race. Street Fighter IV a été développé par Capcom USA ? Ils sont arrivés à être plus royalistes que le roi nippon en faisant un jeu de spécialiste. Timings ultra-serrés, combos pointus comme une tête d'épingle, aucune tolérance pour les novices. L'Intelligence Artificielle du modo solo - qu'on doit se farcir pour débloquer tout le monde - est impitoyable, même à faible niveau. 

Tout le jeu est là pour faire comprendre aux débutants que s'ils sont pas prêts à investir beaucoup de temps, ils peuvent retourner sur Soulcalibur IV. Dès le début, les challenges d'entraînement vous demandent des manips carrément pas possibles pour le gars sur le retour dont je parlais plus haut. Pas question qu'ils terminent le mode histoire, alors qu'ils aimeraient bien mater les jolies scènes animées par le studio 4°C. C'est bien simple : vendredi dernier, alors qu'il découvrait le jeu, j'ai entendu de la rage dans la voix d'Axel. Pour la première fois depuis que je le connais.

Trop long, pas lu : la courbe d'apprentissage initiale est trop ardue et par cette seule connerie, les jeux de baston resteront réservés au même microcosme pour les dix ans à venir.

Street Fighter IV, ou comme je le surnomme, Street Fighter II² : une dimension en plus, deux fois plus d'emmerdes - et pourtant, ça donne le même nombre. Pourquoi Chun-Li est devenue Guile en qipao avec tous ses coups en concentration ? Pourquoi une tolérance si faible dès qu'il s'agit de sortir une manip' un peu tendue ? Pourquoi tout le monde sur le Xbox Live prend Ken et spamme boules de feu et dragon punches ? Pourquoi il est si aliasé sur PS3 ? Pourquoi un tel élitisme pour un jeu qui a un titre aussi grand public ? Pourquoi empiéter sur les plate-bandes de SNK Playmore, alors qu'un succès massif pourrait garantir un énorme marché comme au début des années 90 ? Pourquoi El Fuerte, dont l'animation générale ressemble à un gros bug d'affichage ? Pourquoi Seth, putain de merde ? Pourquoi j'écris cet article alors que je sais bien que tous les gros pros vont m'allumer dans les commentaires en disant bien que je whine comme un boulet ?

 

Dans mon cul :

J'aime les sticks arcade pour leur robustesse, le coté "matos de pro sur ton bureau". J'en ai pour presque toutes mes consoles, ils ont volé aux quatre coins de Monsieur Mur et ils sont en parfait état de marche. Je sais que Sanwa ou Seimitsu ne sont pas des gros mots. Et donc, pour la 360, un Hori EX2 en édition méga-limitée au Japon avec une sérigraphie Virtua Fighter 5 Live Arena - pas le modèle vendu en Europe fourni avec une pauvre planche de stickers pourris. Et pourtant, Street Fighter IV m'a fait faire quelque chose que je n'ai jamais vu, ni chez moi ni ailleurs :

Street Fighter IV m'a fait exploser le PCB du stick. Eclater la carte mère d'un Hori sans la toucher. Comme le Hokuto qui éclate les organes sans causer de blessures à l'extérieur.

 

Pendant ce temps : Pensée dépressive du moment : à quoi bon se casser les burnes à distribuer un jeu positivement anecdotique et confidentiel sans faire le moindre gramme de promotion ? Pourquoi faire l'effort de traduire, éditer, distribuer, sans en parler ? En espérant que les deux couillons qui lisent chaque article de Gamasutra et connaissent le nom de Suda 51 vont comprendre que Flower, Sun and Rain sur DS est la première version occidentale d'un des premiers jeux de l'auteur de Killer7 et No More Heroes ? Absolument introuvable, sauf sur commande directe auprès d'un fournisseur. Parlez-en à votre revendeur local.

Bangai-O Spirits est aussi très difficile à trouver sans le commander. Accessoirement, notez le logo allemand de la limitation d'âge qui est plus gros que le titre du jeu, magnifique exemple de massacre de jaquette s'il y en a.

Session IRC dimanche soir à 21 heures sur #editotaku@irc.worldnet.net ! Venez jouer avec Super Raton et ses copains !