Mardi soir, j'étais une de ces avant-premières organisées par Kaze pour la sortie ciné du premier film des Shin Kyuseishu Densetsu - attendez, je recommence. Ken Le Survivant, vous vous souvenez ? Bon, il va y avoir 5 long-métrages sous forme de 3 films cinéma et 2 OAV, qui racontent à nouveau l'histoire de Ken et ses potes. C'est Kaze qui a les droits, et ça n'a rien à voir avec les 3 OAV sorties il y a quelques années qu'on peut trouver chez Mabell.

C'est bon de rappeler les grandes lignes, tant ceusses qui ont vu Ken viennent de tous horizons, tant la série a eu un large public au fur et à mesure de son existence mouvementée. Le manga que tu te demandes comment ils ont pu en faire un anime avec 152 épisodes, comment les français ont pu en acheter les droits ou comment son doublage délirant a pu lui donner un tel statut culte (*), comment Kaze a pu prendre la peine de sortir ça au cinoche chez nous.

Croyez-vous sincèrement que la salle était pleine d'otaques ? Détrompez-vous. Un otaque respecte le film au point de ne pas prendre de pop-corn dans la salle, sauf si ce dernier est fait pour ça. Un otaque n'oublie pas d'éteindre son fucking téléphone portable. Un otaque ne rigole pas quand le sous-titrage fait dire "Hé, connard" à Kenshiro.

En fait, tout tient dans la dernière question : pourquoi Kaze se casse les burnes à sortir ça en salles si c'est pour dupliquer autant de copies que j'ai de doigts et avec une qualité plus que moyenne. Ils font ça à chaque fois : les Death Note, Origine, Appleseed et autres sorties ciné par Kaze (seul éditeur à tenter ça) ont tous eu un traitement clandestin. Alors, pourquoi ? Facile : affaire de réputation. Les Inrocks, Télérama, Chronic'Art et tout le reste de la presse "pour ceux qui ne sont pas otakus" n'ont rien à foutre des sorties DVD de notre petit monde, à l'instar des autres niches geek comme les comics US, les films d'horreur ou les jeux de rôle. Mais si on leur colle une ligne dans un tableau qu'ils lisent, comme les sorties ciné ou le Datalib, là, ils en parleront. C'est une de seules façons d'atteindre des médias qui autrement n'accorderaient pas la moindre attention à Kaze, qui se fout de perdre de l'argent en vendant trois pauvres tickets de ciné aux quelques clampins qui iront mater ce qu'ils ont déjà vu sur le net avec un grand écran, pourvu qu'AlloCiné en parle. Kaze doit être le plus riche éditeur français de japanime, ils en sont pas à trois pelloches et quelques mangas distribués gratuitement à l'entrée des salles. Sans un peu de pub, j'aurais été seul dans la salle, comme pour Innocence.

Oui, car ils offraient des posters et des mangas avant la projection, et proposaient Appleseed en seconde partie de soirée. Lui aussi a une pellicule pourrie avec un transfert dégueulasse qui donne l'impression de mater une OAV avec un mauvais son.

L'Ere de Raoh, donc, raconte une histoire complètement différente avec les mêmes persos. Ou plus précisément, raconte une facette très précise de la légende du Hokuto, sans s'inquiéter de la chronologie des évènements ou des personnages qui n'ont pas de rapport direct. Là, on a droit au combat contre le grand méchant Souther, avec sa pyramide pas terminée et son aveugle qui fait du Nanto. Raoh et Toki font tapisserie, après tout les films et OAV suivants leur seront consacrés. Ken ne cherche pas Julia (elle aura son OAV dédiée), la petite Lynn n'est pas muette, bref, on attaque direct la viande sans passer par l'apéro. Même en connaissant l'oeuvre originale, on est un peu perdu, parce que l'histoire se concentre sur un point très précis et parce que la narration est quelque peu décousue. Y'a même une scène pompée sur le Secret des Poignards Volants, c'est dire. En prime, un nouveau perso apparaît - une gonzesse dessinée pour l'occasion par Tsukasa Hojo, le grand ami de Buronson. On entend un bout de You Wa Shock, on a droit aux traditionnels "il te reste 3 secondes à vivre" ou" tu ne le sais pas mais tu es déjà mort". Mais surtout, l'ensemble des héros est incroyablement gar. Ca verse des larmes d'homme quand y'en a un qui meurt, ça se sacrifie pour nos péchés en faisant pleurer Raptor Jesus lui-même, ça affiche une caramaderie à l'épreuve des flammes, de l'atome ou de la mort. Techniquement, c'est assez proche des OAV de Shin Hokuto No Ken, mais avec moins d'images de synthèse - et de Gackt en générique de fin.

Editorétro : l'article écrit en 2004 sur le film US de Hokuto No Ken.

Et hop, comme prévu, je taille un article entier autour de la projection au lieu de parler du film proprement dit. Faut-il aller le voir ? Bah, la question ne se pose même pas, tant la plupart des cinés l'ont déjà retiré de leur programmation après une seule séance. C'était le cas de ma salle, où cette "avant-première" n'était guère qu'une avance sur les autres salles qui l'ont passé mercredi, mais une seule fois aussi, faut pas déconner. Dans le meilleur des cas, il restera une semaine en exploitation, alors bon... Seuls les mégafans seront contents de voir une narration innovante sur des évènements qui'ls connaissent sur le bout des doigts, mais ils seront déçus de constater que les autres spectateurs attendront un "hokuto à pain" ou un "nanto de fourrure" qui n'arrivera pas dans le sous-titrage. Restez à la maison et profitez d'un autre avantage d'une sortie ciné : dans un an, il passera à la télé.