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C'est dur d'aimer les sangliers

14 janvier 2009

Welcome to the NHK (roman)

Est-ce que vous lisez le manga de Welcome to the NHK ? Question stupide, bien sûr que vous le lisez. Si vous avez ne serait-ce qu'une once de pitié pour la vaste bouffonnerie que constitue cette colonne, vous avez bien dû voir que je n'ai pas arrêté de vous conseiller cette oeuvre. C'est à la fois délirant et réaliste, triste et plein d'espoir, comique et déprimant. L'histoire d'un mec seul qui se laisse dépérir, terrifié par le monde qui l'entoure, jusqu'au jour où une fille croise son chemin.

Le volume 3 est sorti aujourd'hui.

Comme cela arrive de plus en plus fréquemment, le scénario du mangasse est basé sur un roman — l'auteur a d'ailleurs participé à l'adaptation, elle-même passée en anime par Gonzo (travail absolument correct compte tenu du contenu parfois sulfureux de l'oeuvre d'origine). Lequel roman a été traduit en anglais, initiative assez rare pour être signalée ; on trouve certes Slayers ou même Video Girl Aï en français (épuisé depuis belle lurette), et guère plus. A la lecture, on comprend vite pourquoi : la plupart de ces textes sont dignes de la Bibliothèque Verte. N'y voyez pas un snobisme littéraire français ; je considère que dans un monde parfait, c'est là-dedans que serait cantonnée Amélie Nothomb. Bref. Les japonais parlent d'ailleurs de light novel, et on croit volontiers que les auteurs y écrivent des scénarios de mangas pour lesquels ils n'ont pas trouvé de dessinateur ; c'est rigolo, original, anti-déprime, mais ça ne vole jamais bien haut.

Curieusement, les ricains ont décidé de publier le roman de Welcome to the NHK. J'écris "curieusement", parce que ce n'est pas vraiment le plus gros profil disponible en matière de manga tiré d'une nouvelle, mais hey, qui s'en plaindra ? Vous pouvez aisément importer ce livre pour trois sous, même en comptant les frais de port. Pour la qualité de l'adaptation, la question est toujours "devine-t-on qu'il s'agit d'un texte nippon ou avons-nous un texte véritablement anglais ?" , et on sent la traduction parfois bien littérale. Là encore, qui s'en plaindra ? Les éditions Tokyopop ont bien conscience que seuls les otaques pur sucre liront NHK et son roman, et ces gens préfèrent une traduction fidèle à une phrase bien tournée mais détournée (oh oh oh) de son sens original. Anglais assez aisé à lire ; pas besoin d'être un gros monstre de bilinguisme comme pour Snow Crash. En plus, il y a des notes de traduction pas trop idiotes.

Vous avez dû le remarquer, mais la couverture a été dessinée par Yoshitoshi ABe.

Alors, 240 pages plus tard, que vaut le roman à l'origine de cet excellent mangasse au ton si franc et pourtant si amusant sur notre sous-culture ? Je dois absolument vous prévenir : c'est incroyablement déprimant. Pas dans le sens "allons nous tirer une balle dans la tête et virons gothiques", mais plutôt "il y a pire dans le monde mais putain j'aimerais pas tomber à ce niveau". Des bad trips de drogue à discuter avec une figurine grandeur nature de Ruri, des tentatives de suicide et de fabrication de bombes artisanales, des dépressions, des monologues désolants.


Light novel aucunement, je vous le garantis. Le manga, qui s'adresserait forcément à un public plus jeune que le bouquin, est précisément plus light, allégé avec une grosse dose de second degré et de personnages secondaires. Oubliez Kashiwara et son mec, la déléguée de classe et son frère ou la copine de Yamazaki ; soit tout le monde est absent du roman original, soit c'est de la figuration d'environ deux pages, en étant généreux et avec le vent dans le dos. C'est un huis clos entre la mystérieuse Misaki et un pauvre Satou à peine soutenu par un Yamazaki encore plus otaku et lolicon. Mais alors, sans tous ces personnages secondaires, ça veut dire que Satou ne sort vraiment pas de chez lui ? Oui. Donc, nous avons un bouquin entier d'un semi-dialogue entre un paumé (qui passe la moitié du temps seul avec sa folie) et une fille sur laquelle on ne saura jamais rien ? Ouais.

Notons cependant un passage hilarant où Satou et Yamazaki tentent d'en savoir plus sur Misaki, et camouflent leur voix en inspirant de l'hélium...

On est loin de sortir grandi de ce livre, surtout après les deux postfaces de l'auteur, qui admet être lui-même un hikkikomori (première postface) qui continue sa vie merdique grâce à l'argent gagné avec ce roman (seconde postface écrite presque quatre ans plus tard). Ce bouquin, qui était censé être un confessionnal pour mieux l'aider à s'en sortir, n'a fait qu'empirer sa psyché. Le manga paraît presque glamour à coté de l'histoire originale. Même si nous ne sommes pas vraiment dans de la littérature de qualité, c'est largement supérieur à du Nothomb et ça permet de constater la quantité d'enrobage sucré qu'une adaptation en manga (et plus encore en anime) peut demander lorsqu'on doit adapter un livre pareil. Lecture particulièrement recommandée à ceux qui suivent ladite bédé, et à ceux qui l'ont évitée parce qu'elle semblait encore trop immature pour leurs goûts seinen.

 

Pendant ce temps : s'il y a encore des demoiselles qui lisent ce site, voici une offre d'emploi en or massif pour vous :

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Location: Freelance, work from anywhere
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Cette annonce émane de CuriousFactory, une société américaine qui s'occupe d'internationaliser le célèbre DLsite.com japonais ; si vous voulez diffuser vos travaux sur ce site, c'est par eux que vous devez passer - et depuis le mois dernier, ils acceptent les oeuvres en français. Attention ; vous devez avoir un compte Paypal pour recevoir vos gains, et même si vous souhaitez que votre produit soit distribué gratuitement, il sera toujours facturé 300 yens. Ils vendent aussi le Blade Engine. Si vous postulez à cette annonce, utilisez un bon microphone et pensez à nous tenir informés via les commentaires :3 .

05 janvier 2009

Tanuki Awards 2008

Meilleur jeu vidéo : Et c'est là qu'on se demande ce qu'il se passe. SNK Playmore nous fait un superbe Metal Slug 7, qui n'a pour seul défaut son existence sur Nintendo DS. Pourquoi ? Parce que ça se vendra par palettes entières sans vraiment tenir compte de la qualité du produit, voilà pourquoi. C'est pas la bonne plate-forme (mais c'est de la bonne plate-forme, mdrlol), ça pue le produit transfuge qui aurait dû sortir sur AtomisWave mais qu'un producteur a demandé à mettre sur DS pour augmenter les chiffres de vente... Et avec cette fierté mal placée de tous les éditeurs qui nous disent que ma bonne dame, un jeu DS ne peut pas sortir ailleurs, y'a le stylet et les deux écrans voyez-vous, on ne peut pas convertir ça sur une borne ou une machine de salon... Mais merde quoi, c'est quand même un super méga cool tome 7 qui corrige même les fautes du très fadasse numéro 6.
Alors, je vais plutôt coller ce titre à No More Heroes, qui est bien un des rares titres "complets" de la Wii : qui a une vraie aventure solo, qui n'est pas un party game comme il y en a des tonnes sur cette console, qui utilise les fonctionnalités de la console sans en abuser, qui est un jeu pour grandes personnes sur une machine qui se veut ultra-tout-public, et qui s'offre le luxe de coller quelques références otakistes parce que c'est Suda 51 qui est aux commandes. No More Heroes est bien le seul jeu qui donne l'impression qu'il a toujours été pensé pour la Wii, et qu'il n'est pas un portage d'un développement sur une autre machine en collant quelques bidouillages de télécommande à gigoter. La seule chose que j'arrive à lui reprocher est son boss final complètement mégabusationné, qui a une attaque one-shot et qui demande plus de 400 coups pour claquer. Mais ça fait partie du trip, me direz-vous...

Le même Suda 51 qui sort aussi la meilleure citation de l'année, au sujet du remake (introuvable) de Flower, Sun and Rain sur DS : "Il y a quelques années, quand je développais Flower, Sun and Rain sur PS2, c'était un moment très difficile pour le studio Grasshopper. J'aimerais sauter dans une machine à remonter le temps, revenir huit ans plus tôt, et dire à mon moi du passé de ne pas s'inquiéter, que tout allait bien se passer, et que ce jeu ressortirait sur DS. Mais si mon moi du futur me disait que le jeu sortirait sur une console portable avec deux écrans, je n'y croirais pas (rires)."

Meilleur anime :

Vas-y, dis-leur que t'es qu'un gros dégénéré qui a adoré Mnemosyne, avec son héroïne qui te fait penser à Yomiko Readman que tu n'arrives pas à oublier et qui est doublée par cette Mamiko Noto que tu aimes tant.

Je vais suivre animint et coller Tengen Toppa Gurren Lagann à ce titre, en tant qu'anime 2007 qu'on découvre en 2008. Souvenez-vous que l'an dernier, je n'avais pas mis Gurren Lagann pour cette médaille, pour la pure et simple raison que je ne l'avais pas vu : devant votre engouement général, je m'étais dit qu'attendre une version DVD serait plus approprié. Jusqu'à ce que Rukawa me tape sévèrement sur les doigts lors de notre voyage annuel vers Epitanime : la télé nipponne a diffusé le bousin en HD, contrairement aux dévédés qui seront évidemment en SD - et bien sûr, aucune sortie HD prévue. Le vil téléchargement donnerait un meilleur résultat à l'image qu'une version officielle... Et connaissant la Gainax, on n'aura pas de réédition correcte avant qu'ils ne nous aient refourgué pour dix ans de figurines/calendriers/jeux vidéo. Bref, Gurren Lagann ça décape et ça fera prochainement l'objet d'un vrai article sur l'éditotaku. Voilà voilà.

Plus grosse déception : Nintendo, censé nettoyer la lentille de ma Wii, qui m'envoie une nouvelle console vierge alors qu'il est techniquement impossible de pouvoir sauvegarder soi-même ses données. Je me retrouve donc avec une étrangère sous la télé, que je n'ai plus osé toucher. Elle est là pour la prochaine fois qu'un jeu sympa sortira pour elle, afin de pouvoir recommencer comme "avant". Sauf que ça ne vient pas, et qu'elle reste là à prendre la poussière. Egalement nominé pour ce titre : Steam, meilleure plate-forme d'achat de jeux en ligne, qui se met à faire n'importe quoi le jour où ils ont envie de manger nos délicieux euros au lieu de leurs dollars qui font un peu billet de Monopoly ces derniers temps.

Meilleure surprise : vous le savez déjà : la nouvelle OAV de Dragon Ball Z.

Meilleur lol : le viandage de la PS3, qui n'en finit plus de retarder son décollage, parce qu'il y en a qui y croient encore. 2008 sera l'année de la PS3, qu'on disait, Metal Gear Solid 4, LittleBigPlanet et Resistance 2 la feront vendre par charters, qu'on pensait, le Blu-Ray débarquera en force avec un vrai catalogue et les développeurs de jeux en auront marre d'écraser leurs jeux sur les dévédés riquiquis de la Xbox 360, qu'on s'imaginait. MGS4 ne se vend qu'auprès de ceux qui se sont tapés tous les épisodes précédents, LittleBigPlanet s'est vautré parce qu'on peut difficilement vendre un produit basé sur le contenu des joueurs si on efface massivement ce dernier, et Resistance 2 est tombé nez à nez avec Gears of War 2. Au Japon, tout le monde se fout de la HD parce qu'un grand écran ça prend de la place et que la machine ne mange plus les disques de la PS2 ; dans le reste du monde, les gens viennent à peine de remplacer leurs VHS de Twin Peaks par des DVD, alors qu'on ne leur parle pas de passer au Blu-Ray. Microsoft a distribué assez de billets pour retirer à Sony toutes ses exclusivités, jusqu'à Final Fantasy XIII. Et ces actionnaires qui en ont marre de voir le gouffre à fric qu'est devenu cette console, qui demandent une rentabilité immédiate et qui refusent donc de baisser le prix de la machine, ce qui la rend encore plus difficile à vendre... Sony investit actuellement tous ses sous dans la recherche et le développement d'une PS3 moins onéreuse à fabriquer, au point d'ignorer une PSP comateuse. Le constructeur est obligé d'attendre que le prix des composants baisse et que les développeurs de jeux se lassent de la limitation de taille du DVD, puisque le Blu-Ray est bien le seul avantage de leur console.
Et ça fait déprimer Poshu. Pour lui, l'échec actuel de Sony reflète une vision assez pessimiste du jeu vidéo à venir, coincé qu'il est entre un Nintendo qui a tué sa base de fans et un Microsoft impatient de truster le marché des consoles (comme il l'a fait avec les systèmes d'exploitation ou les suites bureautiques) pour imposer sa loi. Comment Nintendo négociera-t-il l'après Wii/DS, deux coups de poker si énormes qu'ils seront impossibles à reproduire ? Que pouvons-nous encore attendre de Nintendo, maintenant qu'il a osé castrer Mario Kart Wii, suite débilisée d'un Mario Kart DS précis comme du papier à musique ? Microsoft ne va-t-il pas verrouiller le marché à son intérêt et faire casquer ses clients pour le moindre service ? Et que dire de ces studios japonais qui ont tant de mal à négocier le passage à la HD ; verrons-nous encore longtemps leurs petits jeux si originaux quand l'acteur principal du marché sera américain ?

Meilleur manga : Tokyo Toybox. Woah, pour une fois que les éditions Doki Doki n'éditent pas un truc ecchi, ils ne se plantent pas ! Un vrai manga pour hardcore gamer, avec des versions beta, des "c'est pas un bug, c'est une fonctionnalité" et des grosses sociétés maléfiques qui ressemblent un peu trop à Square-Enix. En plus, c'est drôle.

Nouveau grand méchant loup : L'embargo sur Electronic Arts est officiellement levé. En à peine un an, Activision est devenu l'enflure qu'EA a été pendant ces dix dernières années. Annuler la sortie de Brütal Legend ou World In Conflict Soviet Assault, l'addon à l'un des meilleurs jeux de stratégie de 2007, parce que, je cite Bobby Kotick, PDG d'Activision, ces licences "n'ont pas le potentiel pour être exploitées annuellement sur toutes les plate-formes et devenir des franchises à plusieurs centaines de millions de dollars. Notre stratégie a été de se concentrer sur des produits qui ont ces caractéristiques, sur lesquels nous travaillons maintenant et continuerons de travailler dans dix ans." Tant de sincérité, c'est beau.
On sait ce qu'il va advenir de Guitar Hero (sur lequel Activision envisage de faire payer par abonnement le droit de télécharger les pistes créées par les joueurs), World of Warcraft et même de studios que nous aim(i)ons très fort, comme Bizarre Creations (dont le prochain jeu est décrit par un représentant d'Activision comme un "Forza Motorsport rencontre Mario Kart"). Dire que les gens d'Infinity Ward (équipe composée de gens ayant bossé sur les premiers Medal of Honor), avaient quitté les esclavagistes d'EA pour créer Call of Duty chez Activision dans de meilleures conditions de travail, se retrouvent finalement à devoir cracher des suites à la chaine, dirigés par un éditeur qui se sert de leur boulot pour justifier le minable Call of Duty 5, développé par une autre équipe...

Meilleure(s) page(s) de manga de l'année : Welcome to the NHK, forcément. Même si Soleil n'a pas compris l'utilité du cellophane quand on sort un manga pour adultes et préfère censurer alors qu'il n'y a pas vraiment lieu de sortir les ciseaux, c'est bon de pouvoir enfin lire ça sous nos latitudes. N'oubliez pas que ça se lit de droite à gauche, hein.


20 octobre 2008

Bienvenue (à la censure) dans la NHK

J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne : vous avez un nouvel article. La mauvaise : il est pour les adultes. Ne continuez à lire que si vous êtes une grande personne.

Lire la suite...

04 janvier 2008

Tanuki Awards 2007

(Je poste ça depuis le fin fond de la campagne avec un adaptateur CPL que je garde connecté en tenant la prise avec le pied. Le tout sera édité dimanche soir, pendant la session IRC, avec les liens et le reste. Bon ouikende à vous !)



Meilleur jeu vidéo : Orange Box
Nominé : World In Conflict
On peut tourner le problème dans tous les sens, mais force est d'avouer que Valve a super bien joué sa mise en orbite. Avant Half-Life², ils lancent Steam sur les malheureux joueurs de Counter-Strike 1.6, pour tester la technologie d'authentification à distance. Les résultats sont si calamiteux que nombreux sont ceux qui restent sous C-S 1.5. Quand les choses finissent par se stabiliser, HL² est obligatoirement fourni avec la bestiole : comme il s'agit d'un des jeux les plus importants de l'histoire du jeu vidéo PC, les installations de Steam sur les PC de joueurs deviennent aussi communes que Napster en son temps (et c'était le bon temps !). Par des promotions intéressantes, Valve encourage à passer par sa plate-forme pour acheter les aventures de Gordon Freeman, éliminant complètement les revendeurs et éditeurs de l'équation. Certes, le téléchargement digital ne les avait pas attendus, mais à la manière d'iTunes pour la musique, Steam est le premier système qui propose des sécurités simples et peu invasives pour le client. Ainsi, de simple développeur, Valve devient éditeur à part entière et à part tout court, puisqu'il n'a pas pignon sur rue tout en proposant des centaines de produits. Ca commence par les indépendants, et voilà qu'Activision, Eidos ou Sega proposent leurs titres sur Steam.

Pour que ce texte ne ressemble quand même pas à une fellation, rappelons une forte et concrète réserve émise à son encontre. Okay, ça vient de George "When It's Done" Broussard, monsieur 3DRealms et grand clown du cirque Duke Nukem Forever, mais n'oublions pas que c'est aussi Apogee (devenu 3D Realms quand Duke3D est sorti) qui a généralisé le concept de shareware aux cotés de id Software. Bref, le monsieur s'y connait en matière de distribution digitale. Et George pense que Valve, en étant à la fois éditeur et développeur de jeux de shoot, est en conflit d'intérêts. Explication : Valve garde un secret absolu sur les chiffres de vente de son système. Si des concurrents des produits maison (Half-Life, Counter-Strike, Day of Defeat, Team Fortress...) sortent sur Steam, Valve dispose de précieuses informations sur les ventes des différents jeux, sans parler des autres pouvoirs, comme établir un agenda qui ne causerait pas de vagues pour ses propres titres. Et comme Valve finance ses jeux avec les bénéfices de Steam, les concurrents financent ainsi leurs rivaux ! Alors, George a deux solutions : primo, faire un concurrent de Steam. Ce qu'il fit, en soutenant le système Triton, qui hébergea Prey et était destiné à recevoir Duke Nukem Forever (*rires enregistrés*). Sauf que Triton s'est planté comme une merde sans que George soit au courant , et George a été obligé d'envoyer des boites de Prey par la poste à ceux qui l'avaient acheté par ce biais. Secundo, encourager Valve à ce que Steam devienne une société séparée, mais on voit mal Valve se séparer de pareille pompe à fric. Ironie du sort : Prey est devenu disponible sur Steam, sûrement en guise de ballon d'essai avec un produit en fin de vie.

Pourquoi je vous parle de tout ça ? Pour mieux vous expliquer que Valve, développeur autofinancé par excellence, peut se permettre bien des choses qui font leur qualité. Avoir un support technique sous acides, inviter n'importe quel bozo dans leurs studios, recommencer quatre fois un jeu sur dix ans, embaucher des petits jeunes pour qu'ils sortent un jeu qui se termine en trois heures, ou sortir la meilleure compilation de jeux avec un nom et une jaquette incompréhensibles. Parce qu'ils peuvent se le permettre, c'est tout. L'Orange Box : Team Fortress 2, qui renoue avec les plaisirs simples du multijoueur sur le Net, éclipsant les trop gourmands Unreal Tournament 3, Crysis et Enemy Territory Quake Wars (en plus, ils sont moins marrants). Surtout, TF2 prouve à l'industrie qu'on peut faire un jeu "pour les grands" avec un design non réaliste, et d'ailleurs, qu'il y a autre chose que le réaliste et le cell-shading dans la vie. Un succès commercial visuellement atypique : cet évènement est aux graphismes ce que la Wii est aux manettes. Rien que ça.

Tout à l'heure, je parlais de Prey. Dans ce jeu, on sépare l'esprit de son corps, on flotte vers des boutons physiquement inaccessibles, et on retourne dans son enveloppe charnelle. Ajoutez quelques monstres, rincez et répétez pendant six heures. Ou les énigmes dans Soul Reaver 1 et 2 : le même enchaînement de puzzles avec des cubes à déplacer pour reconstituer des frises murales. C'est toujours comme ça : un développeur se réveille un jour avec une idée de génie, fait un jeu sur ce concept, un éditeur lui dit que le bousin doit durer au moins dix heures pour justifier ses 60 euros, alors le pauvre programmeur étire son gimmick comme un chewing-gum mâché toute la matinée. Portal n'aurait jamais fait autant d'effet sans son inclusion dans l'Orange Box : on l'aurait mis de coté, comme un effort philanthropique de Valve pour les gentils développeurs indépendants. Trois heures, pas d'armes, un cube et des trous dans les murs : le FPS le plus féminin qui soit, et en plus, il chante.

Enfin, les aventures de Gordon Freeman, qu'on se retrouve à mettre de coté - on en est le premier surpris. C'est comme si on regardait une éruption volcanique en haussant les épaules, arguant qu'on a déjà vu des évènements naturels plus impressionnants que ça. Voilà, c'est ça, l'Orange Box ; en plus, il paraît qu'il y a du gâteau dans cette boite.


Pire jeu vidéo : les jeux Wii par des éditeurs tiers.
nominé : la totalité de la logithèque ps3, à l'exception d'Uncharted Drake's Fortune.
A l'époque de la Nintendo 64, aucun développeur ne voulait se limiter à la taille des onéreuses cartouches qu'il fallait acheter à tonton Mario. Tout le monde développait sur CD pour la Saturn ou la psone. Alors Nintendo était tout seul sur sa machine. Le Gamecube doit son échec à une faible valeur ajoutée pour les éditeurs, coincé qu'il était entre une ps2 omniprésente et une Xbox plus puissante ; et Eternal Darkness ou Resident Evil 4 n'ont pas suffi à lui enlever son image de jouet.

Quand la DS est sortie, personne n'y croyait ; tout le monde pariait sur la psp, ses batteries qui fatiguent, ses pixels morts, ses UMD hors de prix gavés de jeux déjà sortis sur psone ou ps2, et ses temps de chargement. Nintendo a fait ses preuves, allant jusqu'à faire un blockbuster avec un simulateur de chiots. Alors, tous les éditeurs s'y sont mis : faire une 3D approximative, inviter le joueur à gratter l'écran, et vendre le tout à 40 €. Il y a des jeux du "devine à quel nombre je pense", le genre de truc que j'ai écrit à 7 ans sur mon Thomson TO8-D, nom de Dieu. Si Nintendo arrive à vendre un machin de QI ou pour les yeux, sortons un truc pour faire du yoga ou devenir ambidextre, ça marchera ! Ah, non, les gens ils achètent que des jeux Nintendo comme Animal Crossing ou Zelda. Alors, Nintendo vend tout seul sur sa machine.

La Wii, c'est pareil. Les éditeurs voient cette machine comme la solution "pas chère" pour faire des jeux de salon, contrairement aux ps360, où les coûts de développement n'autorisent pas l'échec. La Wii devient la nouvelle ps2, le cul du marché où l'on sort des merdes en rafale : c'est pas risqué et vu le parc installé, y'en aura bien qui achèteront. La ps2, elle, est devenue la chasse gardée des RPG nippons, niche hardcore s'il y en a. Le plus marrant, ce sont les nombreux articles où les éditeurs tiers se plaignent de l'hégémonie de Nintendo sur ses propres plate-formes, "comme à l'époque de la N64 et du Cube". Ils n'en foutent pas une rame et ils croient que ça va se vendre ? Vous pouvez me citer des jeux non-Nintendo qui soient vraiment intéressants sur la Wii ? Purée, vivement que Zack & Wiki débarque.

(maintenant que vous avez lu tout ça, vous avez pigé pourquoi ce texte a été posté en retard. Et c'est pas fini en plus)

Meilleure surprise de l'année : Nolife
Nominé : Francis dans Super Paper Mario
Ils décrivent toutes les transformations causées par le Midnight Bliss de Dimitri dans DarkStalkers et les autres jeux où il apparait. Ca laisse une plage horaire de plus de 50 minutes à un superplay commenté de Radiant Silvergun. Les jingles de la chaine sont composés par Akira Yamaoka, Sanodg et Yuzô Koshiro, qu'ils dénomment à l'antenne en mettant le nom avant le prénom. Ca diffuse les films de City Hunter en VO sous-titrée. Même les rarissimes publicités sont sympathiques. Ils propagent une otakulture d'élite sans être élitistes, et n'en cachent pas la difficulté quand ils doivent rester dans les rails du CSA ou de la comptabilité. Il paraît même que certains membres de l'équipe lisent l'éditotaku... Chaque journée de diffusion de Nolife est un gigantesque pied de nez surréaliste au reste du PAF. C'est comme si Radio Intrépides (*) existait pour de vrai ; ne riez pas, après tout c'est Red Fromage qui en est le patron. On regarde, et on se dit que c'est encore plus impossible que le Virus Informatique, Gaming ou Epitanime. Un matin, on se réveillera, et tout aura disparu, comme un réadjustement de la Matrice ou un truc du genre, prouvant bien que ça ne devrait même pas exister. Et pourtant, elle tourne.

(*) non, vous ne vous souvenez pas de cette vieille série télé sur Canal J où un Lorant Deutsch prépubère émettait une radio pirate depuis un studio fabriqué en Meccano.

Meilleur jeu indie de l'année : Rückblende
Nominé : GumBoy Adventures
Arrêtons de parler de Passage, merci. Rückblende dure 10 minutes (et pèse 500 Mo !). Ce n'est pas un jeu vidéo, plutôt un livre d'images virtuel. Le soin apporté à chaque détail fait qu'on aimerait évidemment en avoir plus, mais qu'on réalise parfaitement que c'est matériellement impossible pour un seul développeur. En plus, ça fait retomber en enfance. Les années précédentes, j'ai encensé The White Chamber ou Cave Story, des jeux gavés d'un super gameplay ; pour une fois, et surtout, pour cracher dans la soupe du formatage graphique de l'industrie, montrons quelque chose de différent.

Meilleure chose qui soit enfin arrivée sous nos latitudes : le manga Genshiken
Nominé : Elite Beat Agents
C'est bien édité, bien traduit, réservé aux otaques mais assez accessible à ceux qui nous observent sans être des nôtres, et en plus, c'est drôle. On en a déjà parlé dans cette colonne, alors contentons-nous de répéter que Genshiken fait preuve d'une certaine maturité éclairée sur l'otakulture - évidemment inspirée par du vécu - qui crée inévitablement une grande familiarité avec le lecteur. D'ailleurs, en parlant de ça...

Meilleur anime de l'année : Lucky Star
Nominé : Gurren Lagan, que je n'ai pas suivi au-delà des premiers épisodes : face à un tel degré de qualité, j'ai tout simplement refusé de regarder des téléchargements. J'attends les DVD. Vraiment.
Familiarité avec le spectateur, donc. Comme Sakura Mail, un de ces derniers animes principalement réalisés "à l'ancienne", avec les cellulos aux couleurs chaudes et aux décors tendrement colorés, montrant les saisons qui passent dans le coeur des lycéennes en fleur. Le genre d'anime qu'on matait sous une grosse couverture avec une énorme tasse de thé à la vanille, et qui explique bien pourquoi il y a tant d'otaques en ce bas monde.
Lucky Star réussit l'exploit d'être une de ces couvertures sous lesquelles on se laisse porter, un sourire béat et niais sur les lèvres. Je croyais que c'était fini, tout ça, envolé avec les cellulos, les teintes à l'huile et les VHS. Et Kyoto Animation arrive à ressusciter ce sentiment de chaleur capitonneuse, sans mièvrerie, avec juste des filles entre l'adolescence et quelque chose d'autre qui profitent tranquillement de leurs plus belles années. Peut-être que l'anime d'Azumanga Daioh (auquel Lucky Star a été comparé) avait tenté de faire pareil, je n'en sais rien, mais il restait encore dans l'humour slapstick du rythme à quatre cases du manga originel. Lucky Star profite plus largement des personnages, rajoutant du bien (un rythme sympathique) et quand même un peu de mal (la publicité permanente pour Haruhi Suzumiya). Je l'ai déjà dit, techniquement, ça vole pas bien haut, tant on sent que KyoAni se concentre davantage sur d'autres projets et considère Lucky Star comme nous : une bonne grosse récréation où l'on a le droit de somnoler à l'ombre des arbres. Mais en plus, et c'est là le bonus qui tue, la cerise sur le gâteau, le pin's parlant dans l'édition limitée : le téléspectateur est inclus à l'intérieur de la série. Coup de coeur, rien de plus et rien de moins.

Meilleure chose qu'on attend encore sous nos latitudes : le manga de Welcome to the NHK
Nominés : Nadesico, Full Metal Panic! The Second Raid
Welcome to the NHK tarde à arriver, en raison de son contenu quelque peu licencieux. Okay, c'est pas non plus Kodomo No Jikan (sorti aux USA sous les foudres des censeurs et sous le nom de Nymphet), mais dès les premiers chapitres, un des persos se pervertit en se planquant dans les buissons pour photographier des écolières à la sortie des cours. Alors oui, l'éditeur francais qui distribuera ça aura les reins assez solides pour essuyer une éventuelle invasion de grenouilles de bénitier. Ce qui nous amène à la catégorie suivante...

Meilleure page de manga de l'année :
Pas de nominé. Mais quand on voit la page gagnante, on comprend pourquoi : L'Amour en Cours, tome 2, aux éditions Tonkam. N'oubliez pas que ça se lit de droite à gauche.

26 août 2006

Du Paradis aux Enfers en 2 secondes chrono

J'adore les filles aux longs cheveux sombres. Je vous laisse les blondes.



Dans Welcome to the NHK!, j'adore Hitomi. Pour ceux qui ne suivent pas, c'est un anime (censuré jusqu'à l'os) basé sur un excellent manga que j'attends impatiemment sous nos latitudes, narrant les déboires d'un reclus de la société nipponne - un hikkikomori, quoi. Et donc, ce gars a récemment retrouvé une ancienne copine de collège, ladite Hitomi. Personnage complètement secondaire qu'on ne fait qu'entrevoir, tiens. Exactement comme la copine du héros de Rescue Wings... A croire que je suis condamné à préférer les seconds rôles. J'aurais dû me passionner pour Naruto, manga dans lequel tout le casting a une horde de fans plus développée que celle du perso principal.

Dans l'épisode 7 de NHK, nous avons droit à une séquence de pur fan service pour les hans d'Hitomi :



Peignoir ouvert sur son délicieux corsage. C'est clairement autre chose que la loli sur laquelle le héros mouille son pantalon.



Quelle princesse. Regardez cet appartement. Belle, lettrée, friquée, et avec un sérieux problème de toxicomanie pour contrebalancer une image qui pourrait sembler trop lisse. Je suis amoureux. Elle est la reine de l'ombre de cette histoire, celle que le héros séduira quand il aura terminé son voyage initiatique.

En tant que fan de la belle, j'étais complètement loco devant ce cadeau du studio Gonzo. Il s'agit là d'une véritable et authentique scène de fan service, au sens le plus pur du terme : pas vulgaire pour un sou, destinée aux accros, presque désintéressée. Ca durait deux secondes en tout et pour tout. Suffisamment longtemps pour que je me mette à piailler comme un idiot devant mon écran en brassant de l'air ; quiconque aurait filmé la scène était assuré de détenir le NHK kid, successeur du N64 kid. Je repasse ces deux plans en boucle une bonne dizaine de fois, le temps que le rush de dopamine s'estompe, puis termine mon épisode. Allez, encore une, pour la route. Et là, c'est le drame. Car sans mes cris de groupie, ce moment prend tout son piment.

Là, ici, juste à gauche. On entend la douche. Elle n'est pas seule. Phoque phoque phoque. Ca me tombe dessus comme 10 couches de puyos sur la gueule. Je passe les cinq minutes suivantes à hurler "NOOOOON", comme si cet échec était le mien. Pourquoi je réagis ainsi sur un perso fictif ? Cet échec est vraiment celui du fan. C'est cette déception classique de courtiser une demoiselle et qu'un matin, on la voit embrasser son mec : on reste socialement acceptable et, le regard vitreux, on sort une Nintendo DS de la poche pour faire semblant de s'occuper l'esprit. Mais ici, on est devant un anime, et on évacue cette frustration à l'abri des regards indiscrets, cette petite douleur accumulée qui s'évade ici d'un coup. Libérateur, mais pas rassurant : Hitomi est condamnée à disparaître de la série. Tatsuhiro ne la séduira jamais. A tous les coups, le mec qui vient de se la faire est un salaud de première classe. C'en est tellement déprimant qu'il y a de quoi devenir hikkikomori.



(Au fait, félicitations à neuro pour avoir fermé son blog. Enfin, un de ses trois ou quatre blogs, tout du moins. Alors oui, cette note n'est pas sans rapport avec le texte au-dessus, vu que tonton neuro avait tendance à un peu trop parler gonzesses.)