Mais avant d'aborder l'article, commençons ce texte par un message d'intérêt public :

Ne regardez pas, sous aucun prétexte, je répète, ne regardez PAS l'épisode 17 d'Higurashi. Le titre du billet abordant cette série était un détournement du titre ("Quand les cigales se mettent à pleurer") en "Quand le raton se met à pleurer". Ben c'est arrivé, mais pas comme prévu : c'est la première fois qu'un anime me fait couler des
larmes de douleur. Physiquement, je n'avais pas mal vu que c'est le perso à l'écran qui souffrait, mais psychiquement, le cerveau était tellement chargé de messages de douleur devant pareil spectacle que j'en ai encore la tête lourde. Même le final d'Audition n'était pas aussi dur que ça. Insupportable.

MIZAJOUR : Ce sujet n'étant pas vraiment compatible avec ce qui va suivre, merci d'en discuter dans le fil de commentaires déjà existant sur l'article dédié.




Après avoir parlé d'un anime particulièrement débile, il est bon d'égaliser la balance en tapant dans du sérieux. De l'anime pour les grands, avec un design léché, des hélicoptères qui existent pour de vrai et des gens qui meurent sans pisser des hectolitres de sang. Y'en a que ça rebute vite fait : un pote qui s'est arrêté de mater PLANETEs dès le générique d'ouverture, Jirô Taniguchi qui ne plait guère dans son propre pays (alors qu'il est chouchouté par Casterman ici-bas), ou Osamu Tezuka dont les oeuvres les plus "réalistes" ne sont pas ses plus connues. Personnellement, je suis pas fan - mais la ligne éditoriale de ce site (?) a dû vous le faire comprendre depuis longtemps.

Je vais être honnête avec vous : si j'ai commencé à mater Yomigaeru Sora (Rescue Wings pour le nom international), c'est pour une seule raison. Je vous préviens, c'est de la grosse otakerie bien éhontée qui va suivre. Je flânais vaguement sur le catalogue Bandai, je mate quelques bandes-annonces et paf, je reconnais la voix de Mamiko Noto (sur ce spot publicitaire, pour être précis). C'est une seiyuu (actrice de voix) pas connue pour un sou, au portfolio plein à craquer de seconds rôles, mais qui a joué une performance qui m'a fait fondre comme un glaçon sur le corsage d'une pin-up dessinée par Mogudan dans un anime lui aussi pas connu pour un sou. Elle jouait Hazuki dans Yami to Boushi to Hôn no Tabibito (au générique d'intro aussi difficile à chanter que le nom de l'oeuvre est à prononcer), réalisé par le studio Deen (Higurashi !) basé sur un jeu vidéo - hentai yuri ? mais non voyons, vous me connaissez - designé par l'excellent studio Carnelian. Ca racontait l'histoire d'une fille à la poursuite de son amour, une autre fille (yay) muette dont l'esprit voyageait d'un livre à l'autre : dans chaque épisode, les personnages principaux étaient les mêmes, mais la trame et leurs rôles suivaient le scénario du livre.
Ca ne vous rappelle rien ? Oui, moi aussi j'ai fini par croire que Clamp a tout pompé pour son chassé-croisé XXXholic / Reservoir Chronicle Tsubasa. L'héroïne, interprétée par Mamiko Noto, reste pour moi l'archétype de la lesbienne parfaite : un katana avec un croissant de lune sur le pommeau, fringues de lycéenne, quelques bandages autour de la cheville sans autre raison que de faire cool, des cheveux aussi sombres que son regard, taciturne, et qu'il ne faut pas déranger dans sa quête. Miss-croissant-de-lune voyage donc dans les livres grâce au pouvoir d'une déesse avec un chapeau gigantesque, d'où le titre : "Le Voyageur de la Nuit, du Chapeau et du Livre" une fois traduit. Je pourrais continuer en vous expliquant les liens entre Yamibou et le "stupéfiant" Kannazuki No Miko, mais vous risqueriez de mettre ma sexualité en doute. N'empêche que : Yamibou = yuri anime number one et tout le monde est lesbo-accro pour Hazuki. Mamiko Noto a une voix si profonde qu'elle en devient envoûtante. Ce n'est même pas une de mes seiyuus préférées ou quelque chose du genre, non ; c'est juste qu'on reconnaît tout de suite son intonation si hypnotique qu'elle pourrait charmer des serpents. Et quand on couple ça à une samourai girl à gros seins fringuée en lycéenne, je résiste pas.

Bref : elle joue un rôle apparemment principal dans Rescue Wings ? Même pas envie de savoir de quoi ça parle, je regarde. Ou plutôt, j'écoute. Vous voulez vous faire une idée ? Regardez cette vidéo pour entendre sa voix "normale". Elle interprète la petite amie du personnage principal, un type un peu paumé qui voulait être pilote de chasse mais qui se retrouve assigné aux hélicoptères de sauvetage. Lors des premiers épisodes, le mec vient d'arriver à sa base militaire : ils n'arrivent pas à se joindre et ne peuvent se parler que par messages laissés sur répondeur. C'est super lent, il ne se passe presque rien d'un épisode à l'autre. Tu parles d'un teasing pour le pauvre gars qui mate cette série rien que pour l'entendre... Je le sais déjà, mais je ne vais pas en m'améliorant : en 2000, je me foutais de la gueule de ceux qui avaient maté un épisode bien précis de Love Hina juste pour entendre Hiromi Tsuru (qui jouait la mère de Shinobu dans l'épisode 2), et voilà qu'à présent, je fais la même chose pour entendre une obscure actrice que j'ai repérée dans l'adaptation d'un jeu vidéo lesbo. Yay for me.
Pour le reste, c'est quand même bien réalisé, dur et crédible comme la vie - sauf que même dans le feu de l'action, les membres des services de sauvetage ont un peu trop tendance à sortir des kilomètres de formules de politesse dans leurs messages radio. Bah, ça reste un détail : le mecha design est super détaillé, les personnages ne sont pas caricaturaux et font bien passer leurs sentiments... Il faut voir la réaction d'une mère de famille quand un sauveteur lui rapporte le parapluie de sa fille portée disparue, ça vous noue l'estomac. Et je ne parle pas que du mien ; rapidement, le héros réalise que secourir des gamines en train d'agoniser dans les décombres de leur maison détruite par un tsunami, c'est pas trop son truc.

C'est le tribut des animes "réalistes" dont je parlais au début de ce texte : les personnages ont beau être sauveteurs ou cosmonautes, ils n'en restent pas moins de crades et petits êtres humains tout faibles. Le type a passé une nuit de merde, porte des fringues noires pour bien faire comprendre au téléspectateur qu'il déprime sur le ratage de son existence, et alors qu'il broie du noir, il laisse un énième message sur le répondeur de sa copine, parlant presque pour moi : "je veux entendre ta voix". Ni une ni deux (ou plutôt si, "une" épisode plus tard), la demoiselle lui rend visite. Et lui demande "comment est ma voix ?" Je suis aux anges. Flashback de la rencontre des deux tourteraux : au lycée, mademoiselle était une bibliomaniaque avec de grosses lunettes. Réminiscence de Yomiko Readman au fanboy devant l'écran ; c'est un coup tellement facile pour me séduire qu'un arbitre a failli siffler un coup franc contre l'épisode. Pour le reste, c'est classique : après le passage de sa copine, le mec remonte sa pente et continue à aider des gens. L'histoire se déroule, racontant les aventures de cette escouade héliportée qui sauve des vies. Je les regarde d'un air distrait ; après tout, j'ai déjà eu ce que je voulais.