Au cas où vous ne l'auriez pas sur GBA, commencons ce texte en rappelant que WarioWare est une cartouche obligatoire dans toute bonne logithèque. Elle n'a toujours pas quitté mon GameBoy depuis ce billet, à part pendant 4 heures maudites qui me firent réaliser que 30€ venaient d'être brûlés dans la daube qu'est Final Fantasy Tactics Advance. Bref.
Pour ceux qui ne connaissent pas le principe de WarioWare et qui ont la flemme d'aller lire le Push (en fait je sais que non, les visiteurs auront pas la flemme puisque r-l.net c'est que du texte et pas d'images de filles nues, donc s'ils lisent ici ils seront contents d'aller lire ailleurs des textes sympas), il s'agit de petits jeux de 3 secondes de long et programmés par un Nintendo qui a fumé de l'herbe. En 3 secondes, on doit piger ce qu'on doit faire, comprendre les touches (usage de la croix directionnelle et/ou du bouton A) et le faire, puis hop, suivant. Grandiose.
Ce machin est une grosse parodie du jeu vidéo, jusque dans son scénario: Wario avachi devant la télé apprend que les jeux vidéo sont une pompe à fric, alors il fait son programme, d'où WarioWare. Gros capitaliste exploiteur, il appelle ses copains qui ont leurs propres joujous à faire subir au joueur. A la fin, Wario vire son équipe et se tire avec la caisse. C'est pas pour dire, mais venant de la part d'un Nintendo qui se sert de billets de 10000 yens comme Post-Its depuis que la série Famicom Mini fait un carton, tout cela me semblerait presque cynique. D'ailleurs, Wario ne fait pas les choses à moitié: il recycle sa cartouche GBA sur GameCube, vient d'en sortir une autre avec des capteurs de mouvement, et a déjà annoncé une version pour la Nintendo DS.

Le pire, c'est qu'on achète. 30€ neuf le disque GC, encore heureux. Alors, maintenant que nous sommes tous camés à la version portable, que vaut la version salon?

Techniquement, c'est bien rapide: les cinématiques sont remplacées par des vidéos, des intros aléatoires et hilarantes sont ajoutées, et les quelques nouveaux jeux sont en haute résolution. A part ça, on se tape exactement ce qu'on connaissait déjà sur GBA absolument tel quel - et ça fait bien 97% du disque. Une bonne grosse émulation digne du GameBoy Player: même les épreuves qui nous montrent un GameBoy n'ont pas été refaits pour représenter une manette de Cube. Sachez également que j'ai eu l'occasion de tester la bête sur un écran de projecteur grand de 3 mètres (merci H@n Solo!): faut croire c'est le summum du snobisme que de voir des pixels gros comme un bretzel - en tout cas ça rend aveugle.
Faut pas se leurrer: l'achat n'est justifié qu'en tant que party game, à l'instar d'un Kung Fu Chaos ou d'un Bomberman Saturn (oui, j'ai précisé la version pour le seul luxe d'indiquer que j'ai BomberSat). Si vous vivez seul dans le Larzac et que vous devez pédaler pour lire ce site, lâchez l'affaire. Si vous avez plusieurs WaveBirds, des tapis Dance Dance Revolution et autres accessoires obligatoires aux ambassadeurs du Jeu Vidéo pour montrer que c'est super social et qu'on ne va pas dans la rue tuer des grand-mères après avoir joué à UT2004, c'est du tout bon. Si vous tenez une réunion des Wariooliques Anonymes, pareil - quoique, ça doit être sacrément drôle d'entendre des confessions genre "bonsoir, je m'appelle Michel et je passe mon temps à renifler ou à lancer des avions en papier".
Pour rendre le concept jouable à plusieurs, il y a différents modes de jeu, plus ou moins bien foutus mais tous originaux. On a le principe de la "patate chaude", où l'on joue tour à tour alors qu'un ballon gonfle à l'écran: celui qui a la manette quand ça pète a perdu; un plateau d'Othello, où chaque jeton ne se retourne en votre faveur qu'après avoir payé son tribut de mini-jeux; ou encore, un système de gage où chacun doit jouer en faisant un truc débile (la manette à l'envers, regarder de côté, se présenter aux autres...) dont la prestation sera jugée par vos pairs. Gros point fort: tout est déverrouillé d'office ou après 30 minutes à tenir la manette, contrairement à tous les autres party games qui nous font subir un mode solo uniquement pour satisfaire les visiteurs (n'est-ce pas, MarioKart Double Dash?). Certains classiques (comme Jumping Forever, la corde à sauter) se voient dotés d'une version multi. Enfin, comptez une dizaine de jeux ajoutés, presque tous exclusifs au mode de jeu "Kat & Ana" - adorable au demeurant.
WarioWare est un party game à part. Là où MicroMachines, Soccer Slam ou Final Fantasy Crystal Chronicles peuvent captiver n'importe quelle audience pendant une nuit entière, les mini-jeux de Wario semblent réunir un public particulier. J'ai rarement vu des réactions aussi différentes d'une session à l'autre, d'une personne à l'autre... Premier test auprès d'inconnus complets à la version GBA: lassitude générale des sujets après 30 minutes. Deuxième tentative avec des acharnés de la cartouche: 1h30 avant de passer à autre chose. Autre essai avec des casual gamers: sept heures d'affilée, dégustation de pizzas non comprise. Ces données ne sont pas pour autant une indication du public-cible, juste du vécu; en tout cas, c'est bien représentatif de l'intérêt très variable porté à cette version multijoueur. J'insiste là-dessus, puisque WarioWare GBA séduit tous ceux qui y touchent. J'ai vérifié, le nombre de filles incluses dans les échantillons de population n'influence pas les résultats - mon hypothèse est que la connaissance des jeux vidéo en général est la variable clé, bien que je n'arrive pas à savoir en quoi elle agit. Bon, cessons de jouer aux Professeurs Nimbus d'opérette.

Moralité, WarioWare multijoueur est comme l'OVNI solo qu'on connaissait déjà: une bizarrerie qui amusera tous ceux qui y touchent, la seule inconnue étant de savoir combien de temps le charme fera effet. Franchement, à 30€ la dose, c'est dur de ne pas lui laisser sa chance.