Avant de commencer, précisons que Kanpai-Net recommence ses critiques de GF après les avoir interrompues pendant un mois. Glop glop: je ne suis plus le seul paumé à parler du magazine alternatif qui a une vie plus agitée qu'un niveau de Call of Duty. Maintenant, si vous voulez un autre son de cloche, vous pouvez toujours consulter le forum officiel...

Couverture: Recio a enfin rebranché une tablette graphique sur son port USB au lieu d'un X-Arcade: on voit la différence par rapport à Silent Hill 4 ou son affiche pour les World Cyber Games 2004 et ça rappelle le superbe K' qui avait orné Arkadia en d'autres temps. Les avant-premières annoncées sont toujours aussi mensongères: Dirge of Cerberus, Sega Rally 2005 ou Romancing SaGa occupent à peine une demi-page une fois le 'zine ouvert! Le mot officiel à ce sujet est que "tous les autres font pareil" pour faire vendre. Ca me rappelle un film où un publicitaire se fait expédier en hôpital psychiatrique parce qu'il fait des spots qui disent la vérité... Enfin bref, si on copie sur le voisin alors qu'on clame vouloir devenir le Famitsu français, c'est pas gagné.
L'autre influence assumée, c'est évidemment le britannique GamesTM; à leur manière, une page entière illustre Shinobi, forcément pixellisé, forcément rétro, forcément bandant pour un maniaque comme moi et forcément contradictoire à leur pénurie de place. On voit aussi une tranche dédiée au making of de la couverture, exactement à la manière de Player One au milieu de ses éditos qui s'amusait avec les oeuvres d'Olivier "Aquablue" Vatine. Edito d'Asenka qui tient sa promesse et se décide à aborder - de façon aussi détournée soit-elle - du coût en hausse du magazine: toujours 5,5€, et pas prêt de descendre à mon humble avis. Tant qu'on est dans le technique, la date de sortie a pour la première fois été suivie partout: 30 octobre fixe, alors que j'ai jusqu'ici toujours dû attendre un peu avant de le trouver après l'annonce officielle. L'ours a un peu évolué: une correctrice disparaît, Link pareil (mais je reviendrai là-dessus plus tard), quelques noms propres remplacent les surnoms à foison, Fred B subsiste... Ainsi que le nom d'Olivier Gilbert parmi les actionnaires, qui reste ma petite énigme personnelle: c'est le même monsieur qui est derrière le Cartoonist ou pas? Enfin, le sommaire prend une pleine page (et même deux en comptant le screen Shinobi), et la pub sur le 2ème de couverture est pour la convention Anim'Est. Bref, ça commence bien.

Autant le dire tout de suite: si évolution du magazine il y a, ce numéro 5 n'en est pas représentatif; toute la structure s'est retrouvée comme une compression de César après le passage du dossier maousse-kosto sur le Tokyo Game Show 2004, forcément important quand le fond(s) de commerce de la publication est l'import. Les pages de news ont toutes été réduites ou éjectées, Warp Revolution prend des vacances, on voit même un FreeTalk #2 dans le sommaire sans qu'il y ait un #1 pour autant... On sent même que le test de Shin Megami Tensei aurait dû être précédé d'un récapitulatif de la saga (excellente habitude des précédents numéros avec Star Ocean ou Front Mission), probablement lui aussi passé aux oubliettes.

Avant de parler du gros morceau TGS 2004, inaugurons officiellement la rubrique "Le Fred B du mois", promise dans la critique précédente!
Les deux pages de news "normales" sont donc limitées au marché local, et pour la première assurées en partie par... Frédéric B. Si quelqu'un a parlé de rétrogradation - en lui accordant 1 des 2 pages de news, il totalise 3 pages du mag' contre, par exemple, 4 pages de pub - , ce n'est sûrement pas moi! Ses deux autres feuilles sont évidemment celles de "Game Heure", au sujet des "chefs-d'oeuvre". Le sujet est évidemment abstrait à souhait, et le papier pourrait tout aussi bien parler de cinéma ou de littérature si on remplaçait les noms de jeux vidéo cités par des films ou de bouquins. Autrement dit: ce texte laisse absolument indifférent, et si certains n'ont rien pigé, c'est peut-être parce qu'il n'y avait rien à comprendre. Phrase du mois? On la trouve à la fin de cette rubrique censée nous faire réfléchir (dixit le n°4): "Merci de votre attention, portez-vous bien et éclatez-vous sans trop vous poser de questions". Amen.

Passons au dossier TGS, 25 pages réalisées par 2 personnes qui doivent sérieusement être d'équerre. Surtout quand l'une d'entre elles est également maquettiste et testeur... Résultat, c'est à nouveau la fête des fautes d'orthographe et de grammaire. On y apprend que 461 jeux ont été présentés; désolé pour Asenka, mais ils ne sont pas tous traités comme il le clame ici. Evidemment, je pourrais faire comme chaque mois et trier les jeux par plate-forme pour prouver que GameFAN est un ps2FAN, mais un seul fait est plus parlant: sur tout le dossier TGS, zéro jeu GameCube, même pas Resident Evil 4 (alors que même la Xbox et ses 200 exemplaires vendus hebdomadairement a droit à une colonne!). Dans les tests, pareil. La console de Nintendo, sur les 116 pages du magazine, se contentera d'une petite news sur le pak Tales of Symphonia et d'un article sur Metroid Prime 2 Echoes. Vlan.

Du côté des tests, le serpent de mer "NTSC UE" reste, "Xbox Live" s'écrit à présent avec un point d'exclamation à la fin (dernière nouvelle!) et on apprend que le magazine est brûlable "pour vous chauffer le soir", devenant ainsi le bois de chauffage le plus cher au monde. Difficile de croire que l'on tient le numéro de novembre tant les gros titres de Noël sont absents de ses colonnes... On pourrait évidemment lancer la polémique sur la notation avec un Mortal Kombat Mystification (pourquoi n'est-il pas testé dans le mini-mag' Arkadia?) qui, après une entrée en matière entretenant le suspense, se fait sodomiser pendant 2 pages avant de finir avec une note "Overall" (celle censée être objective) de... 7, soit mieux que KOF Maximum Impact ou Guilty Gear Isuka!
Au fait, les tests en import me remémorent l'édito du n°3: "chaque rédacteur a une totale carte blanche pour s'exprimer sur son sujet de prédilection, sa seule mission étant de vous donner l'information la plus spécialisée". Dans ce cas, pourquoi confier des jeux entièrement en japonais à des gens qui ne le lisent pas? Pourquoi la note d'interface de Berserk baisse parce qu'elle est dans la langue de Tezuka, causant ainsi "quelques petits problèmes dans les menus pour faire évoluer Gatts"? Pourquoi confier à Frionel (de loin le rédacteur qui le plus écrit dans ce numéro!) le test de Naruto 2 alors qu'il admet lui-même n'avoir aucune notion de japonais? Ce dernier cas amène d'ailleurs deux autres conclusions: tout d'abord, la page décrivant l'interface pourrait être pompée sur GameFAQs que personne ne s'en rendrait compte. Ensuite, et c'est plus grave, la faute pour les mauvaises transcriptions en romanji est rejetée sur "les différents groupes de traduction", aveu qu'il lit des scanlations pour lire un manga licencié et édité chez nous par Kana! Et pour la prochaine fois, on recommande l'achat de goodies HK?
Autrement dit, GameFAN échoue sur son objectif principal, vous savez, "l'information la plus spécialisée". Et on peut dire que les fautes d'écriture ont mal choisi leur période pour célébrer "le Mois des Titres de Jeux Mal Ecrits": au menu, Narultimate Hero, Steel Bataillon (SACRILEGE!), Golden Eyes... Qui plus est quand elles débarquent une fois que le rédacteur a rendu un texte sans fautes. Les petites mains du magazine s'agitent beaucoup dans les coulisses; quitte à ne garder qu'une seule correctrice, autant garder celle qui jouait, non?
Ceci dit, le test de Fable met parfaitement le doigt sur ce qui cloche avec ce jeu. Trop court mais bon si on prend son temps, sous-Shenmue mais beau comme le jour, exemple type de ce qui arrive quand un concept passe à la moulinette des réalités de production, c'était vraiment difficile que d'expliquer clairement ce qui fait que ce jeu n'est pas qu'une grosse déception mais carrément un modèle de la machine à hype (et KillZone semble être le prochain de cette fournée). Fellow y est arrivé, donc il récupère la médaille en chocolat du mois qu'il partagera avec le prolifique Frionel (non sérieusement, il a écrit partout).
Pour finir avec les tests, félicitons le coup de projecteur sur Panzer Dragoon Saga (ou Azel, c'est selon) et le duo QuackShot/World of Illusion. Ceci dit, le test tant attendu de KOF NeoWave, quelle honte... Je parle pas du jeu (qui se fait taper dans les noisettes mais je n'y ai pas joué), je parle du niveau de français atteint. On dirait que le rédacteur, toujours sous le choc, a crié sa déception dans un soft de dictée vocale avant d'envoyer le texte tel quel tellement c'est plus parlé qu'écrit. La construction du texte aussi est désastreuse: deux pages de destruction, deux pages de description du mode de jeu, et enfin les notes; pourquoi ne pas avoir expliqué le système de jeu AVANT de le démonter et de mettre les notes, histoire de faire les choses en bonne et dûe forme? A part ça, super idée de rappeler une dernière fois qu'un pack KOF 2000+2001 sort en Europe, mais c'est ballot d'oublier de préciser qu'il sera aussi dispo sur Xbox - fait quand même assez rare pour être signalé! Les tests sont d'ailleurs égayés des dates de sortie pour chaque zone (JPN/US/EUR), et les logos des développeurs ont quitté le haut du tableau des notes; peut-être que le bandeau gauche devrait être un peu réduit pour 1) cacher les images trop pixellisées et toujours récupérées sur le Net (oui, je pense au test de Berserk) et 2) donner d'autres infos utiles, par exemple le nombre de joueurs ou le prix (les jeux à 30€ devenant de plus en plus communs)...

Pour en revenir rapidement à King of Fighters, on peut remarquer que GameFAN a donc quatre pages de pub; donc, l'arrivée de la régie publicitaire devrait se faire avec la nouvelle formule du n°6. Mais doit-on compter la large présence de Tonkam comme une rentrée publicitaire? En plus du 4ème de couverture qui est une vraie pub pour le volume 9 de KOF Zillion chez l'éditeur, on trouve un article d'une page présentant le manga, la couverture d'Arkadia également flanquée d'une illustration d'Andy Seto, et les lots à gagner encourageant à participer au sondage sont encore le fameux tankoubon! Il n'est pas si loin que ça, le temps où la rubrique mangas de Player One était entièrement remplie par l'échoppe parisienne...
Avant de passer au mini-mag' rétro, encore un tour de "on se demande ce que ça fout là", avec encore un épisode du "journal d'Aliasaka", qui n'écrit toujours rien d'autre dans le magazine, qu'on se demande toujours qui c'est, et qu'au fond on en s'en tape toujours le coquillard de ce type. C'est bien joli d'exhiber son affichage tri-écran, mais avoir une fenêtre Internet Explorer casse un peu l'image de nerd; collez son blog sur le site Web et qu'on en parle plus. Et bien sûr, le manga "King of Gamers", toujours aussi mal dessiné et risible dans son univers - je suis bien content que leur jeu de baston bizarre n'existe pas. Le sondage est d'ailleurs clair sur la remise en cause de son édition en librairie: question "que pensez-vous de KOG?", trois réponses: on s'en fout, c'est une bonne initiative, je l'achète s'il sort en livre. Et c'est pas pour dire, mais faire un sondage avec une feuille de papier analogique qu'on doit renvoyer par les services des Postes et Télécommunications, c'est vraiment maso compte tenu des moyens humains du mag', et également contradictoire avec le site Web "uniquement dédié à favoriser les rencontres entre lecteurs et rédacteurs" - c'est marqué sur la page principale. Enfin, le clin d'oeil que personne ne remarquerait est tenu par Fab', encore sous l'effet de son dossier Megal Gear du numéro précédent avec un intertitre "This is a country of Liberty" (tiré de MGS2, purée fallait vraiment le voir) dans le test de Sakura Taisen 0. A ceux qui ne comprennent pas pourquoi je parle de ce détail infime, qu'ils relisent le titre de ce paragraphe.

Mini-magazine "Rétro", première page et première surprise: Link, qui était le responsable de la zone, est parti "pour raisons professionnelles" (plutôt estudiantines, à juger ce qu'on a lu sur l'Editotaku). Il est remplacé par Asenka, et Bruno semble prendre le haut du pavé pour cette rubrique. Médaille en chocolat à ce dernier pour continuer à masser mon entrejambe de segamaniaque avec deux autres séries qui ont fait les beaux jours du hérisson: Shinobi (bourde évidente: Shinobi X est le nom européen et pas japonais du jeu Saturn!) et Streets of Rage (maille gode, c'est Jean-Claude Van Damme qui inspire Axel sur la boîte nipponne du deuxième opus?). Et comme moi aussi j'ai lu SOR Online, peut-être que ce serait judicieux de les citer (au fait, il y a eu non pas une mais plusieurs vidéos de SOR 4 qui ont fui, elles sont ici)... Pendant ce temps, Florent Gorges continue sa paraphrase de la biographie de Gunpei Yokoi par Takefumi Makino.

En bref, tout est dit dès le début: ce numéro de GameFAN est trop déséquilibré par son dossier sur le TGS pour être représentatif d'une évolution, s'il y en a une. On retrouve les mêmes fautes d'écriture, les mêmes tests plus ou moins matière à polémique, les mêmes vols sauvages du Net sans rien citer et les mêmes articles écrits par des passionnés (délicieux, le compte-rendu sur la visite de Daigo en France! Mais pourquoi pas d'interview?) contrebalancés par toutes ces fautes et les mêmes bourdes plus ou moins grosses selon l'humeur de la rédaction. Ce mois-ci, le pompon est tenu par le boycott du GameCube et les nombreux tests d'import, supposés être le fer de lance du magazine, écrits par des gens qui ne lisent pas le japonais et trouvent le moyen de rejeter la faute sur le jeu ou les "groupes de traduction"! Alors, acheter ou pas acheter? Moi je dis: attendez la "nouvelle formule" annoncée pour le n°6, avec les jeux de Noël et l'arrivée de la pub - ainsi qu'un hors-série Rétro, ça reste à voir. Peut-être qu'ils se décideront à mettre les anglicismes en italique, qui sait...