Cette semaine, je me suis occupé de garder la maison de mon copain Blacksad. Mais si, celui qui me prête ses mangas bizarres. Quelques trucs à faire pendant qu'il est en vacances, genre arroser les plantes, nourrir son chat (vous voyez Dark Vador dans "La Couleur de l'Enfer" ? Ben voilà, c'est tout pareil le sien), et taper dans sa collection de bédés. Comme le chat arrive au crépuscule, j'y vais en début de soirée. Quand je reviens chez moi, il y a toujours le petit-fils de la voisine qui me demande ce que je fais : la première fois qu'il m'a fait le coup, j'ai répondu que j'étais allé décrocher le soleil. Maintenant que mon manège est terminé et que le soleil continue de se coucher, j'ai encore dû briser une vie d'enfant innocent.

Ainsi donc, No Bra (cinquième et dernier volume tout frais paru chez nous) s'est retrouvé dans ma liste de lecture. Traduction signée Pierre Giner donc travail de qualité youpi yay, mais les gens de chez Taifu Comics (ex-Punch Comics) ont sérieusement besoin de consulter leur Bescherelle pour faire la différence entre conditionnel et futur. Impression et édition correcte, avertissement pour les moins de 15 ans - sachant que les personnages ont 15 ans, ça ne manque pas de sel mais on a l'habitude de la part du Japon.
Faisons preuve d'originalité et ne donnons pas tout de suite le scénario, puisque tout est d'une navrante simplicité. En fait, c'est une véritable fiesta de stéréotypes : étudiant vivant seul à Tokyo / fille qui débarque de nulle part dans son appartement pour vivre avec lui / bonnasse, excellente cuisinière, fringues afriolantes, joli cul / même lycée, même classe / ami servant de bonne conscience / triangle amoureux avec la plus belle fille de la classe, évidemment secrètement amoureuse du perso principal / scènes classiques : le gars qui trébuche sur la fille, la fille qui sort de la douche, le bikini qui se détache... On a même droit à leur professeur (à gros seins) qui vient vivre dans leur appartement - la ficelle, ou devrais-je dire la corde, le câble, le tube, était tellement gros que j'ai sérieusement gémi à ce moment-là.

Evidemment, le mangaka se devait de trouver un élément original à ajouter à son histoire sous peine de se faire sauvagement tabasser par la Police de l'Originalité. Roulement de tambour, tagada tsoin tsoin, la fille qui vit avec lui est un mec. Hurlements de filles assoiffées de shonen ai en fond sonore ; ça tombe bien, c'est le même éditeur qui sort Gravitation sous nos latitudes. On découvre le pot aux roses (?) dès les premières pages, Dieu merci ; je n'aimerais pas être à la place de ceux qui ont lu quelques scans japonais sans rien comprendre aux énigmatiques kanjis mais que ça n'a pas empêché de se caresser l'entrejambe en admirant le suscité androgyne. De même, à l'exception d'un coup de téléphone de la famille ou de quelques papiers administratifs, on a jamais droit à la preuve visuelle que nous ayons véritablement affaire à un mâle détenteur de la plomberie adéquate, ou à la méthode utilisée par le suspect pour obtenir un semblant de poitrine - mais pour cela également, Dieu merci.
Tout cela n'empêche pas notre "héros" (je préfère toujours écrire "personnage principal" en abordant des mangas shonen où ce dernier a autant de personnalité et de volonté qu'une cuillère à café) d'éprouver une attirance pour son colocataire, ce que Taifu vend sous l'argument éhonté du "manga qui ose poser des questions sur l'homosexualité". Evidemment, ça fait plutôt rire une fois que l'on a contemplé la mièvrerie et la naïveté moyenne des situations évoquées. Inutile de vous dire que le Japon est relativement moins tolérant que nos contrées occidentales en la matière (quoique), mais il n'empêche que tout ceci reste incroyablement basique et plan-plan. L'élément qui tue : toute cette histoire du mec qui se travestit est uniquement véhiculé par voie textuelle. Comme je l'ai déjà écrit plus haut, si vous faites abstraction des dialogues, vous avez affaire au plus classique des triangles amoureux entre adolescents. Les textes ne font que remplacer le manque de confiance en soi ("je n'ose pas l'embrasser, gnagnagna elle est trop belle pour moi, etc") par un argument simple ("c'est un mec ! c'est un mec ! c'est un mec !"). Souci de subtilité ? Au vu du fan service et des clichés, j'en doute fortement : rapidement, le fait que le perso principal ne joue pas au docteur avec sa coloc' sous prétexte qu'elle dispose d'un pénis se réduit à un simple handicap, comme s'il s'agissait d'une maladie honteuse et incurable qu'on finit par accepter mais qu'il vaut mieux dissimuler (exactement comme l'inceste dans Koi Kaze, en fait). L'élément qui tue, bis : si c'est à prendre sur le ton de l'humour, No Bra se plante comme une merde, et je parle d'un plantage magnitude "dernier épisode de Mai HiME" : c'est bien simple, je n'ai même pas esquissé le moindre sourire. Moralité : pas de bra, pas de chocola.



Dimanche soâr, 21 heures, session IRC hebdomadaire... #editotaku@irc.worldnet.net ou entrez votre pseudo dans le menu à gauche. Tapez "oppossum" en entrant pour avoir droit à un +v, tapez "testicouille" pour être muté, tapez le bot pour être kické.

Autre chose : les commentaires ont été tout cassés ce matin, mais c'est rentré dans l'ordre. Désolé si le système vous a bouffé un pamphlet expliquant en 14 pages qui a tué Pamela Rose ; le système est à nouveau funky - merci Keul.

J'aime bien écrire en italique.