C'est prétentieux à dire, mais il y a des jours où j'en ai marre d'avoir raison. Surtout quand je joue les oiseaux de mauvais augure... Parmi les tout premiers articles de l'éditotaku (voire de raton-laveur.net, soit encore deux ans avant cet édito qui en est à son troisième anniversaire- bien joué, ça fait cinq ans d'ancienneté), je prévoyais le plantage de Tomb Raider Angel of Darkness, de la N-Gage, ou de Fahrenheit, le jeu de Quantic Dreams (The Nomad Soul), qui devait être vendu sous forme d'épisodes et dont la dernière apparition à l'E3 - sous le nom d'Indigo Prophecy - a fait l'effet d'une douche froide. Je vous accorde, c'était pas une grosse prise de risques dans la plupart des cas.

Cet article est là pour vous faire remarquer, sur un ton tout à fait innocent, que ma prophétie à deux balles sur l'avenir de la blogosphère est en train de se réaliser. Son utilité et le spectre de ses utilisations est en train de se ratatiner comme une peau de chagrin, en même temps que la popularité des blogs explose. Ben oui : au début, les blogs servaient à parler d'un évènement, à communiquer avec un groupe précis de personnes, à publier rapidement des articles... C'était trop compliqué, pas vendable dans les médias. Alors on a réduit leur utilité (?) à des journaux intimes pas intimes, et paf, même Envoyé Spécial trouve le moyen d'en parler au lieu de faire un reportage sur quelque chose d'authentiqument intéressant.
Résultat : ce n'est pas parce qu'il y a plus de blogs que leur utilisation se diversifie. Attention, jeu de mots pourri dans la prochaine phrase. Nous avons à présent deux types de blogueurs : les "bloguons", ceux qui ont quelque chose à dire, et les "blocons", qui n'ont rien à dire (où l'on trouve forcément un post absolument incompréhensible comme ça ou comme ça, un commentaire sur sa propre popularité comme ça ou comme ça, le copier-coller du résultat d'un test de personnalité, des photographies de ses pieds...). Pour la première catégorie, ne me demandez pas où les trouver, je les cherche encore. Ceci dit, la seconde a ses avantages, car elle nous en apprend très long sur le comportement humain (étudiants en psychologie, vous tenez là un sujet de thèse en béton armé)... Même en matière de biologie, on peut y faire des découvertes : par exemple, si le résultat d'une longue lignée de mariages consanguins à l'intérieur d'une famille de zoophiles incontinents mentalement déficients venait à ouvrir un blog biographique, voilà le résultat (vous êtes prévenus, c'est un agité du bocal niveau 92 - commencez à lire par le début pour en saisir la substantifique moelle).

Alors il y a deux possibilités : soit vous bloguez, et comme vous lisez ce site, vous faites partie des "bloguons" parce que j'ai un lectorat en or massif. Dans ce cas-là, vous êtes automatiquement tiré vers le haut, votre blog est largement meilleur que la moyenne, et la comparaison est à votre avantage et tout va bien. Mais cela veut également dire que la réputation moyenne du blog se résumant à de la diarrhée digitale, votre blason n'est pas forcément redoré. J'ai déjà utilisé le terme de "diarrhée digitale", inventé par Matthew McKinnon dans un vieil article paru dans Shift quelque part en 2001... et qui parlait de la montée du phénomène blog via blogger. Charles Bukowski a dit : "après celle des chiens, ma merde est celle qui pue le plus". Les blogs n'existaient pas à l'époque.