(site officiel)

Yay, la nouvelle saison d'animes est là, telle un Noël avant Noël. Tout frais financés à coups de millions de yens, préparés par les esprits les plus fins du Japon qui ne sont pas encore devenus hommes politiques ou dessinateurs de hentai, vocalisés par des écolières qui ont trouvé autre chose que la prostitution pour payer leur troisième téléphone portable, regardés par des hordes d'otakus à 2 heures du matin, fansubbés par des étudiants en troisième mois de japonais et 6ème année de SMS, critiqués par des éditorialistes grippés dans des articles lus par un lectorat qui est un peu de tout ce qui est cité au-dessus, mais également particulièrement formidable dans le cas du présent site. Fin de la longue phrase d'intro suivie de l'avertissement pour ceux qui tombent sur ce texte au hasard de Google: ne criez pas, raton-laveur.net est un site qui aime la Japanime et les Jeux Vidéo. Let's Go!

Mai HiME (ou My HiME d'après le site officiel) ouvre donc les portes de la catégorie "grosse production", ici en provenance de la Sunrise. Autrement dit, l'anime techniquement bien sous tout rapport et dont l'univers tente de ratisser le plus large possible pour remplir les tiroirs-caisse. Ne pas s'attendre à de gros efforts intellectuels ou innovants, ne pas chercher bien loin, poser son cerveau avant de regarder, quoi. C'est pour ça que quand une prod' arrive à nous ressortir avec un brio particulier la même soupe qu'on bouffe depuis 25 ans, qu'il s'agisse de fan service (Love Hina), d'action qui dépote (Read Or Die), d'heroic fantasy (Full Metal Alchemist), des gros robots qui se mettent sur la gueule ("allez, encore une nouvelle saison de Gundam, on peut pas faire pire que G Wing après tout!"), on applaudit. Le reste du temps, on mate la chose d'un oeil distrait en cherchant les évolutions des techniques de dessin ou d'animation, en cherchant à trouver la prochaine star en matière de seiyuu ou de chara design. Fin du deuxième paragraphe d'intro, purée je suis en forme ce soir.

On dirait que les auteurs de Mai HiME ont pris une liste de tout ce qui est cool avant de scénariser ou dessiner quoi que ce soit. Voici donc la version 2004 de ce listing, aussi important que celui des courses chez Auchan:
-écolières diverses et variées, jupes courtes. Gros seins, gamines, fille mystérieuse à longs cheveux sombres - les autres peuvent avoir n'importe quelle couleur du spectre lumineux comme teint de crinière (Loi des Animes n°31). Mention spéciale si non pas une mais plusieurs d'entre elles ont un tic de langage débile et/ou entendu mille fois, genre l'éternel suffixe "-desu" à toutes les phrases.
-Flingues. Epées. Magie. Des trucs qui explosent, se font couper, détruire.
-Ninjas!
-encore des écolières. Ratisser large: stéréotypes de la fille excitée, de celle sous perfusion de Prozac, de la geisha soumise ou de la girl power de service. Kudos en cas de relation(s) lesbienne(s).
-Yuki Kajiura. Dites, si je préfère Yoko Kanno, ça fait de moi un élitiste ou juste un nostalgique?
-institution secrète. Points de bonus s'il s'agit du lycée où se réunissent les héros (Utena a touché le jackpot).
-fan service!
-des robots, ou au moins des dragons. Escaflowne a touché le pompon en combinant les deux.
-quelques références aux années 80 pour les téléspectateurs plus vieux. Je sais pas moi, des animaux cybernétiques armés (comme dans Bioman ou CosmoCats), des boules d'énergie à la DBZ et j'en passe.
Vous me voyez venir avec mes gros sabots: Mai HiME est un condensé de tout ça. Fille à gros seins fringuée en lycéenne pendant ses vacances voyageant sur un paquebot au milieu d'un lac (!), se découvrant des pouvoirs secrets et sauvant une gamine tenant une épée deux fois plus grosse qu'elle, attaquée par une ninja armée de flingues et accompagnée d'un chien-robot tirant des boules de feu qui détruisent tout le bateau avant d'arriver dans son lycée qui est en fait une couverture pour une organisation secrète: voilà le scénario du premier épisode, le tout avec une Yuki Kajiura qui ne se foule pas trop en fond sonore. Les relations lesbiennes arrivent par la suite, ne vous inquiétez pas.

On se sentirait presque vieux en bouffant un anime pareil, concentré de dizaines d'années de clichés et d'angles de caméra libidineux, fan service réduit à son sens primaire et originel: donner à l'auditeur ce que l'auditeur demande. Les nouveaux ont leur séance de rattrapage de tous les courants passés (ninjas, dragons-robots, aplats de couleur simplistes) et les anciens ne se sentent pas ringards en voyant que les "bonnes vieilles recettes" ne se perdent pas. Imparable. Et si on aime pas, soit on est un infidèle qui mérite d'être brûlé en place publique, soit on devient trop vieux et remater Evangelion serait un loisir plus approprié (amenant le nombre de rediffusions à un chiffre codable uniquement en hexadécimal). Rien à dire de plus, si ce n'est qu'il est encore un peu tôt pour juger de la qualité intrinsèque de la série - mais encore une fois, faudra pas non plus demander la lune.

Cette saison 2004-2005 s'annonce bien...