par QCTX

Je profite honteusement des restes du Quartier Libre (oui, il mérite ses lettres de noblesse) pour venir vous parler d'un anime apparemment passé sous silence sur la blogosphère francophone (à part chez un vieux truc) et intitulé : "Time of EVE" aka "Eve no jikan" pour les puristes.



Vous connaissez peut-être le court métrage "Pâle Cocoon". Ou même mieux vous l'avez acheté en DVD ? Si c'est le cas et que vous êtes munis de l'édition "enhanced" (dispo chez Dybex pour 30 €), vous avez peut-être pu apercevoir sur le deuxième disque un des travaux d'étudiant de Yasuhiro Yoshiura intitulé : "Aquatic language". Si ce cours métrage vous a plu, soyez heureux, "Time of Eve" se situe dans le même cadre, la même ambiance feutrée, les mêmes références qui font frémir d'aise les amateurs de SF.


Pour les autres, voici un peu le topo :
Nous sommes dans un futur proche où les robots se sont démocratisés au point de faire partie de la vie quotidienne et familiale de tout un chacun. Néanmoins, la courbe d'adoption des machines se vérifie et leur apparence physique extrêmement proche des humains en fait des "intouchables" modernes : on leur donne des ordres, mais on est très, très loin d'éprouver la moindre compassion envers eux. À tel point que les personnes éprouvant le moindre regret envers ces androïdes sont regardées d'un œil aussi clément qu'un lolicon peut l'être aujourd'hui.



Ce n'est qu'après une surveillance pointilleuse des logs de sa maid, que le héros, collégien de base, va petit à petit (nous faire) découvrir le point de vue des robots en se rendant dans une sorte de bar louche où la règle est simple : personne ne doit faire de différence entre les robots et les humains. À partir de là, tout est imaginable, à commencer par les amours impossibles/interdits ou tout simplement l'amitié.


Non, ceci n'est pas une référence à une œuvre d'une bande de moules spécialisés des anorexiques, mais bien un produit original. L'ambiance est posée, calme, le jeu de lumières et d'ombres met en valeur les personnages et les retournements de situations de manière sublime, les dialogues s'enchainent tout en changeant de locuteurs et se complètent de manière magnifique. Les références aux travaux d'Isaac sont voulues et nombreuses, le comportement des robots reste crédible en tout temps et les personnages humains leur sont presque indifférenciables une fois dans le bar. Au point qu'on est souvent peiné de connaître leur véritable identité.


Cette série se termine en seulement 6 épisodes : elle est actuellement en cours de diffusion en streaming sur le site de Dybex pour la version sous-titrée française (inscription nécessaire pour accéder aux anciens épisodes dans la section "Goodies") et sur Crunchyroll pour les anglophones et les adeptes de la HD. La réalisation est faite par le studio Rika, inconnu au bataillon, car ne travaillant que pour Yasuhiro Yoshiura. Ce même type est à la fois à la réalisation, au script et au story-board, pas étonnant donc qu'on l'encense et que certains y voient des liens avec un autre spécialiste du travail en solo : le résultat est tout aussi léché et travaillé et la lumière y joue un rôle tout aussi important. Le constat est simple après le visionnage de n'importe quel épisode : on n'a qu'un mot à la bouche, c'est "beau".
Si les ONA mettent autant de temps à sortir, ce n'est certainement pas pour rien et seuls les imbéciles s'en plaindront.



À l'heure où j'écris ce billet, nous n'en sommes qu'à 5 épisodes disponibles, mais à l'issue du dernier, peut-être saurez-vous répondre à LA question :