Vous vous souvenez de Gaming ? Bien sûr que non, bande d'ingrats. Le texte que j'avais écrit à la mort du magazine date de 2004, scrogneugneu. Comme dirait Michel Rocard, retrouvons le contexte politico-économique de l'époque : les éditions Hachette Filipacchi revendent leurs magazines de jeux vidéo, dont Joystick et Joypad, aux éditions Future Media, récemment rebaptisées Yellow Media. Sentant le mauvais vent venir, les équipes de ces magazines cultes font leurs valises pour aller fonder leurs propres feuilles de chou. Les ex-Joystick vont ainsi créer Canard PC, et les ex-Joypad vont faire Gaming.

Dites donc, on parle beaucoup de presse papier dans cette colonne ces derniers temps...

Gaming était une véritable exception, ne serait-ce que parce qu'il cassait le clivage PC/consoles en parlant des deux. Sur du beau papier, avec un jeu complet offert et pour seulement quatre euros (!). Des articles chiadés, une mise en page nickel, de grandes images pas pixellisées car pas pompées sur le Net, et même du rétrogaming ou des gens de feu Player One.

Ca a tenu six numéros.

Pour les raisons habituelles : secteur de la presse exsangue, moins d'argent qui rentre par rapport à celui qui sort, etc. Ne vous y trompez pas : la multitude de magazines que vous avez dans vos kiosques sont tous édités chez Yellow. Quelle indépendance de la presse quand un seul annonceur peut mettre sa pub dans tous les magazines avec un seul chèque, ou les retirer à cause d'un seul article déplaisant ? Pourquoi croyez-vous que ces mags sont écrits en "marque blanche", c'est à dire avec des articles non signés ? Pour pouvoir aisément remplacer les rédacteurs d'une rubrique d'un numéro à l'autre. Il y a eu quelques tentatives d'indés : GameFan/RetroGame (où j'ai occupé quelques pages), Canard PC est toujours là, et maintenant, IG, édité par Ankama. Notons par ailleurs que le "conflit d'intérêt" d'un éditeur/développeur de jeux éditant son mag' est très bien géré ; on trouve à peine une petite référence logique et censée de Dofus dans un dossier sur les MMO et pas un gramme d'auto-promotion.

Pas besoin de présenter Ankama, exemple par excellence de success story française, obscènement riche grâce à Dofus. A chaque fois que je passe dans une convention où ils ont un stand, les autres exposants hallucinent sur le ton "mais d'où ils sortent tous ces sous". Ils sauvent Nolife, ils font leur propres dessins animés et bandes dessinées, et voilà qu'ils pondent leur propre magazine de jeux vidéo (Dofus Mag excepté), même qu'il y a Street Fighter IV en couverture.

Sans oublier Amusement, autre cas assez étrange dans la presse geek.

Je vais faire simple et concis : nous avons là Gaming saison 2. A 8,5€, mais il n'y a pas de pub. Les deux magazines est strictement identiques (à part une taille plus petite), et c'est magnifique. On retrouve même quelques noms d'un mag' à l'autre ! Le même sérieux, les mêmes illustrations magnifiques-pas-pompées-sur-le-net, des maquettes très proches, toutes les plates-formes (consoles, PC, rétrogaming, téléphone) sont abordées... Chez Ankama aussi, ils devaient avoir gardé leurs six numéros sur le bureau.

Et comme dirait Pépin, bref : quand de super magazines avaient mordu la poussière, je m'étais mordu (moi aussi) les doigts de ne pas avoir essayé de faire mon petit effort pour leur filer un coup de patte - par exemple, en vous en parlant. Voilà qui est fait. Achetez IG.

 

Pendant ce temps : Ca fait combien de temps que vous n'avez pas vu une AMV ? Ca fait des mois, hein ? Un gentil lecteur m'a fait découvrir une vidéo de son pote Nostromo, que vous pouvez mater ici et télécharger en HD par là (et tous les animes utilisés sont indiqués dans le making of). A moins de ne pas aimer la musique électronique, ça devrait vous plaire. Petite précision : il a gagné le concours international d'AMV de Japan Expo 2008 avec ça - conservant sa ceinture de 2007 obtenue avec cette vidéo. Si je vous en parle, c'est parce que c'est à des années-lumière des horreurs faites avec des fansubs et une version piratée d'Adobe Premiere, et aussi parce que je me suis déchiré la rétine devant la qualité du bousin.

Le saviez-vous ? La vanne sur Pépin le Bref me vaut une interdiction de territoire dans quatorze pays.