Pour cet article, j'aimerais vous ramener à une époque lointaine : 2006. Une époque où Halo était encore cool. Halo 2 venait certes de légitimiser une pratique devenue courante par sa faute : l'histoire sans conclusion. Vous jouez peinardos, et entre deux niveaux, paf, le générique de chien (vanne pourrie). Certes, d'autres titres comme Golden Sun avaient déjà tenté la pareille, mais il fallut qu'un blockbuster comme Halo 2 s'y tente pour que tous les autres se jettent dans la brèche. On peut vendre un jeu sans les derniers niveaux ! Faisons comme Kill Bill où les frères Weinstein ont fait payer deux tickets de cinoche pour voir un seul film ! Sortons Tomb Raider Legend, Crysis et Clive Barker's Undying dès maintenant, Microsoft l'a fait avec Halo 2 !

Donc ouais. Avant qu'on découvre la non-fin de Halo 2, c'était cool. Master Chief était cool, héros anonyme et mystérieux qu'il était. A lui seul, il a mis la Xbox sur la carte, mec. Pour la première fois depuis Atari, les amerloques avaient une chance de montrer du jeu vidéo console à leur manière, appliquant la recette hollywoodienne du bigger, badder (*), better.

Un truc à propos du raton-laveur : il est du genre à s'intéresser aux scénarios dont tout le monde se fout. Wikipédia a un article jamais terminé (toujours à l'état de brouillon depuis des années) et qui fait office de pseudo-règle d'édition du site à ce sujet, dénommé "fancruft". Basiquement, tu peux écrire un article sur The King of Fighters, mais ne va pas nous faire chier avec les détails de l'évolution des relations entre les personnages ou la numérotation des épisodes. Alors que raton, lui, il va vous parler de Mai Shiranui et Andy Bogard qui ont des présentations spéciales différentes chaque année quand vous les mettez en duel, et nom d'un chien regarde combien ça en dit long sur leur humeur du moment ! Vous vous demandez pourquoi l'intro de KOF 2000 indique "Episode 6" alors que c'est le septième jeu ? Mais voyons, c'est parce que KOF '98 est un "Dream Match" de SNK incluant des combinaisons de personnages et de situations impossibles dans l'univers de KOF ; il n'est donc pas canonique ("special edition") et hors de la numérotation officielle ! Et je ne vais pas vous parler de la saga Orochi, sinon vous allez me tirer dessus avec une fléchette hypodermique. Voilà le cas d'un jeu de baston ultime où tout le monde révise ses combos, alors que je creuse une histoire dont tout le monde se fout.

Tout ça pour dire qu'il en est de même avec Halo. Le vide-cervelle par excellence selon Microsoft, le jeu pour les hardcore gamers de la console noire. Quand ils décidèrent de passer au blanc pour viser un public plus large, l'influence de Halo fut si forte qu'ils ne purent s'empêcher de le suppléer avec un autre défouloir pas vraiment plus casual, Gears of War, enfermant à nouveau la 360 dans une image d'acharnés de la gâchette. Mais hey, vous savez qu'il y a un scénario ? Complètement pompé sur un roman de SF appelé Starhammer, mais bon, c'est là encore une histoire de tout le monde se fout.

Par extension, ça signifie que ceci est un article dont tout le monde se fout. Si on atteint les dix commentaires, je veux bien parler d'une figurine tirée d'un jeu vidéo hentai, tiens.

Et en 2006, quelque part entre Halo 2 et Halo 3, le studio Bungie sortit la Halo Graphic Novel. Un comic-book assez luxueux, hardcover, édité chez Marvel. Je parle donc de la bédé et non des romans - encore de la littérature de haut vol ! Edité en français chez Panini, mais hey, qui achète des comics traduits, hmm ? On y trouve quatre bédés, une sélection d'artworks, et même une page parodiant les fins de comic-books périodiques avec un courrier des lecteurs.Mais là où ça troue le cul, c'est la liste de noms : Simon "Judge Dredd" Bisley, Moebius (allez lire mon vieil article sur l'expo Moebius - Miyazaki !), un dessin par Geof Darrow (le tueur de papier Canson dont le sens maniaque du détail m'a traumatisé avec Big Guy and Rusty), ou encore, serrez les fesses chers camarades otaques qui n'y connaissez rien aux comics et qui attendez un nom japonais, Tsutomu Nihei, auteur du culte Blame! . Attendez, vous ne savez pas le meilleur : sa contribution est une histoire de 12 pages entièrement en couleurs, plus un artwork en fin de volume. Et puis merde quoi, Moebius inside, même s'il ne cache pas qu'il fait ce genre de contribution pour être en bons termes avec son éditeur.

Alors, ils auraient pu utiliser cette occasion pour raconter à nouveau l'histoire pour ceux qui ont sauté les scènes cinématiques ou éclaircir des points obscurs dans l'histoire (et Dieu sait qu'il y en a). Mais hey, on s'adresse aux hardcore, donc s'ils sont intéressés au scénar', ils ont bien dû fouiller par eux-mêmes : l'incident de Reach raconté dans le roman, tout ça. Donc là, ce ne sont que des éléments extrêmement obscurs de l'univers Halo : comment le second couteau des méchants Covenants (qui n'avait même pas de nom avant ce livre) a eu sa cicatrice, comment le sergent Johnson s'est échappé du premier Halo, qu'est-ce que les civils ont vu pendant l'attaque de New Mombasa au début de Halo 2... Du gros enrobage pour le fan excessif, et une race bien précise de fan : non pas celui qui a passé trop de temps sur le jeu, mais bien celui qui s'est intéressé à une histoire dont tout le monde se fout. Je n'ose croire que ce bouquin s'est bien vendu - surtout que j'ai fait le sportif pour le trouver dans un Virgin à Paris. A réserver aux fans noyau-dur de Halo (y en a-t-il seulement ici ?) ou à ceux de Nihei et Moebius (qui ne verront pas ce billet s'ils passent sur l'éditotaku via Sama, vu qu'il est étiqueté "jeux vidéo" et non pas "japanime"). Je vous l'avais dit que c'est une époque reculée...


Pendant ce temps : Left4Dead sort demain à 7h du mat' ! Si vous faites partie de la communauté [editotaku], la team RaFaL vous accueille sur son serveur de jeu, qui contient trois instances de quatre joueurs. Bref, quand vous avez un groupe de joueurs et que vous lancerez la recherche d'un serveur, le jeu vous aiguillera prioritairement chez les RaFauX. Merci à eux, surtout qu'on aura bien besoin d'une armée de meidos (meidos qui ont maintenant une jolie bannière faite maison dans la liste de gauche) pour contrer tous ces zombies.

Mise à jour du mardi matin :

Le jeu est carrément plus difficile que la démo.

Grand Tournoi des Tsundere : Okay, cette semaine, deux quarts de finale décisifs. Haruhi Suzumiya contre Nagi (Hayate No Gotoku) et Chidori Kaname, notre favorite, contre Louise (Zero No Tsukaima). Stratégie : éliminer Haruhi dès que possible, parce que si elle tient le coup jusqu'en finale, les fanatiques la feront gagner. Ses soutiens s'émiettent déjà, aussi devons-nous porter le coup de grâce. Votez Nagi et Chidori Kaname. Merci.