Tiens, encore une bizarrerie. Alors que je croyais que les éditions Casterman avaient le monopole des productions de Jirô Taniguchi, voilà qu'Icare sort de chez Kana. Peut-être que ces derniers ont profité d'une ouverture dans le contrat, puisque ce manga est également à porter au crédit de Moebius, qui en est le scénariste... Oui, le même Moebius que celui de l'expo Moebius-Miyazaki, le seul et unique. Ca tient en 284 pages sur moyen format et c'est difficilement identifiable autrement que sous le nom de "machin". Oui, comme l'ONU.

Lors de son avant-propos, Jean Giraud nous prévient : Icare n'est pas tant une réécriture du mythe grec qu'il n'est un délire onirique. Toute l'histoire est en provenance directe d'un rêve, et les circonstances qui l'ont amené à publier le résultat sous forme de manga sont si particulières qu'elles sont probablement dûes à un dysfonctionnement de la Matrice.
C'est l'histoire d'un garçon qui vole. Tout connement. Il flotte dans les airs, on ne sait pas comment, et il a passé son existence isolé dans une verrière sous la surveillance d'un gouvernement qu'on imagine volontiers décadent. Bien évidemment, il s'échappe.

Fin.

Quoi, je vous ai gâché la découverte du scénario ? Ben je sais pas si je l'ai déjà dit, mais je nourris une peur panique du spoiler envers vous autres qui lisez cet éditorial. Mais honnêtement, il n'y a rien à dire sur le scénario, tout simplement parce que ce volume n'était bien évidemment pas censé être unique. Il se termine d'ailleurs sur un entretien passionnant - dont un extrait conséquent est lisible ici - où Moebius explique ce bordel. C'est peut-être la meilleure chose à tirer de ce livre, en fait. On y découvre le scénario avant remaniement en manga, qui laissait augurer une énorme saga résolument adulte... et la déchéance du projet par la faute des sondages aux lecteurs lors de la prépublication japonaise, qui n'est finalement qu'une annulation parmi tant d'autres dans l'industrie de la bédé nipponne. Ainsi, les chapitres parus sont réunis dans ce recueil, et le reste a bien peu de chances de paraître un jour. Ce que l'on a dans les pattes est clairement le premier chapitre d'une grosse histoire : des factions rebelles, une histoire d'amour, une charismatique méchante-général-lesbienne-esthète-sado-maso et j'en passe. Sauf qu'à la fin du livre, tout ceci n'a plus grand intérêt sans suite... Arrivé à son terme, j'ai eu le même sentiment que le jour où j'ai bouclé le CD 2 de Panzer Dragoon Saga sans avoir les disques 3 et 4 - les hurlements d'incompréhension folle en moins. Ou la pseudo-fin de Halo 2, sauf qu'elle est assumée par ses développeurs. En l'état et à l'instar de Togari, impossible de vous recommander cet ouvrage, puisqu'il est inachevé.
Qui l'achètera, à part les fans de Moebius ou ceux de Jirô Taniguchi, curieux de savoir le résultat de l'un dans le manga ou de l'autre dans la SF ? Pas grand monde, et cette parution reliée est la dernière tentative pour qu'Icare ait un succès suffisant et la parution de la suite. Alors faute de mieux, on édite une histoire sans fin... ou alors, on peut se contenter de la conclusion, et on s'interroge alors sur tous ces personnages prévus pour une saga qui n'existe pas. Dans les deux cas, on reste sur sa faim.



Si vous aussi, vous aimez les scénarios avec des gens qui s'envoient en l'air, il existe un endroit non médicalisé pour vous. C'est le canal IRC #editotaku@irc.worldnet.net, ouvert chaque dimanche dès 21 heures et accessible par votre soft IRC habituel ou par la case avec le pseudo dans le menu à gauche. Vous y trouverez des gens pour vous aider, qui vous montreront des images qui feraient peur à Benoît XVI et vous parleront de Super Monkey Ball DS. Ou alors ils vous proposeront de faire un Mario Kart DS. J'ai besoin d'un comprimé de Paracétamol.