Par Torog, qui écrit pour la première fois pour l'Editotaku

Parmi les joyeuses étrangetés du monde de la Japanime, il y en a certaines qui marquent plus particulièrement. En 1987, un certain Hirohiko Araki débute l'une des plus grandes sagas du monde shonen, grand succès au Japon, grand oubli en France.

Vous en avez tous probablement entendu parler, par contre, qui a vraiment osé se plonger dans Jojo's Bizarre Adventure ? Au Japon, on en est tout de même rendu à plus de 80 volumes, et en France Tonkam à repris la réédition à la suite de J'aiLu, actuellement volume 54. Publié depuis 87 dans le Jump, puis après 2005 dans l'UltraJump (Et pourtant, croix et bannière pour trouver la moindre info ou le moindre goodies ici bas BORDEL!)
Ouais, mais pourquoi c'est pas connu alors gars, si tu nous dit que c'est aussi célèbre? Quelques raisons simples à celà.
- Quasiment pas adapté en anime, et dieu sait qu'en France, pour qu'un shonen marche, faut qu'il y ait son adaptation à rallonge associée pour lobotomiser les foules.
- Des persos aux poses bizarres, avec des gros muscles et des bouches de poulpe. On a souvent surnommé le manga le "Ken le Survivant Gay"...
- Pas vraiment de fan-support via le net, à part sur d'obscurs sites italiens.
- Une histoire et des situations VRAIMENT étranges.

Passer d'un coup d'une histoire horrifique, à une double-page ou les héros vont faire leurs courses dans une nurserie et où l'auteur détaille les différents types de tétines existantes. Tomber sur une histoire de bataille de pâtes utilisés comme projectiles meurtriers dans un restaurant italien. Ou un duel qui se règle via une course de chars sur des chevaux zombies-géants-enragés dans des ruines antiques nichées au coeur des montagnes suisses. Ou encore une partie de dé truquée ou l'un des dés est un extraterrestre qui finit par dégueuler à force de le secouer.

Tout ça c'est Jojo's Bizarre Adventure. Et le pire, c'est que ça se tient.

Toute la série baigne ainsi dans cette atmosphère de folie douce. L'auteur prend plaisir à nous prendre ainsi par surprise, avec de nombreux rebondissements inattendus, grâce au cocasse des situations inhabituelles. Ici, point de "Je me relève pour mes amis, pour ma connasse de Déesse et pour que tout les lecteurs m'adulent, moi Duconryu". Les héros s'en sortent toujours en exploitant les failles de leur environnement, de leur adversaire, voire en se comportant comme des lâches. On va même jusqu'à poser au lecteur un QCM pour lui demander comment d'après lui, le héros va bien pouvoir se démerder. Sisi.

Pour ajouter à l'étrangeté, l'auteur à pris pour habitude de nommer des personnages, esprits et attaques d'après le nom de chanteurs ou de groupe connus. En vrac il y a donc Aerosmith, Metallica, Limp Bizkit, GreenDay, ACDC, Santana, pour ne citer qu'eux.
Et Polnareff. Jean-Pierre Polnareff.


Du Polnareff sur l'Editotaku, c'est pas courant.


Oui vous avez bien lu. Et oui celà vient bien de notre Michel national, ceux qui ont vu le documentaire dédié à Araki sur Nolife ont eu la confirmation de la bouche même de l'auteur. Snif. Sébastien Rucher, même qu'il a une dédicace d'Araki au mur de son bureau. Re-Snif.

Ouais, avec ça, vous avez toujours pas plus d'idée de quoi ça peut bien parler, non ?

Jojo's Bizarre Adventure narre sur plus d'un siècle l'histoire de la famille Joestar et de ses descendants. Chaque héros est ainsi surnommé Jojo, par l'association entre son nom et son prénom (Jonathan Joestar, Joseph Joestar, Jotaro Kujo, Giovana Giorno, etc). Contrairement aux autres shonens à rallonge, l'originalité de la série tient du fait que celle-ci est découpée en "saisons" suivant chacune un membre de ladite famille. A chaque saison, nouvelle intrigue, nouveaux lieux, nouveaux protagonistes, avec des caméos de personnages d'anciennes parties ce qui fait qu'on ne se lasse jamais de se replonger dans une nouvelle partie, et que l'on peut tout à fait prendre le manga en cours. Ce qui maintient la cohérence entre ces parties, c'est la construction de l'univers et de sa mythologie, ainsi que le destin extraordinaire de cette famille hors du commun. Les synopsis en accéléré :

Partie 1 - Phantom Blood - Fin du 19ème siècle. Deux frères adoptifs au coeur de l'angleterre victorienne, dans une lutte pour un héritage familial. L'introduction d'un mystérieux masque de pierre sud-américain va faire virer l'histoire sous un aspect de "je dois sauver le monde", avec une ambiance gothique à souhait.
Partie 2 - Battle Tendancy - Les années 30. Un voyage barré autour du monde avec une forte inspiration d'Indiana Jones, du Kung-Fu, des nazis robotisés, des demi-Dieux, et ce genre de délires...
Partie 3 - Stardust Crusaders - Fin des années 80. La plus célèbre de toutes, celle qui a d'ailleurs été adapté en anime (13 OAV). Gros succès probablement dû au fait que le héros est un Japonais froid et très stylé (Pfff ces japs, un rien les fait bander...). Un voyage exotique tout au long de l'asie du Sud, du Japon jusqu'en Egypte, avec une progression très très shonen, du type "le prochain méchant sera encore plus fort que le suivant"
Partie 4 - Diamond is not Crash - Fin du 20ème siècle. La vie tranquille des habitants d'une petite ville Japonaise, entre histoires lycéennes, délires barrés et tueurs en série, une partie très personnelle pour l'auteur qui y représente sa vision personnelle de la ville ou il aurait aimé vivre étant gosse. Avec un super-vilain qui n' a strictement RIEN à envier au Kira de Death Note. Bien au contraire en fait.
Partie 5 - Golden Wind - Début du 21ème siècle. Guerre de gangs entre mafieux avec super-pouvoirs en Italie. Des persos tout droits sortis de l'esprit d'un Christian Dior qui aurait fumé onesaitpasquoi. L'auteur revient une fois de plus sur un pays qu'il affectionne vachement.
Partie 6 - Stone Ocean - L'évasion spectaculaire en 2011 d'une prison de haute-sécurité. J'aiPasLu.
Partie 7 - Steel Ball Run - Fin du 19ème. La légendaire course qui parcourt les USA d'Ouest en Est est sur le point de débuter. Certains participants le font à cheval, d'autres en Dromadaire, d'autres encore... à pied... Sans compter les super-pouvoirs bien sûr.


Star Platinum, Crazy Diamond, Gold Experience, Stone Free. Rien que ça


Pour le coup, déja on remarque que non seulement ça ne se passe pas dans un lycée Japonais mais qu'en plus les héros ne sont pas non plus forcément de là-bas. Dans un magazine comme le Jump où la quasi-totalité des séries sont fortement typées, c'est assez inédit.
De surcroit, débuter l'une des parties avec l'un des personnages principaux qui fait une béquille à un petit nippon en gueulant "Saletés de japonais, je les déteste!", fallait l'oser également.

Les influences qu'à eu Jojo's sont nombreuses. L'auteur de YugiOh en est fan, l'auteur de Shaman King plus encore (Le système des fantômes est une repompe des Stands de Jojo's), Hunter X Hunter et la loi d'Ueki également, pour ne citer qu'eux.

Les 2 premières parties utilisent ainsi un système d'énergie nommé "Onde" dont sera plus tard inspiré le Nen d'HxH. Une grande tradition shonenique (Cosmos, Chakra, Furyoku, Nen, Frosties, etc) qui va vite s'effacer au profit des "Stands" à partir de la 3ème partie, qui vont être la clé grâce à laquelle l'auteur va pouvoir se livrer à tout les délires voulus, celà lui permettant de justifier n'importe quel pouvoir utilisé.

Personnellement, ça fait juste un peu chier qu'il arrête pas de nous fourrer des coeurs partout dans le chara-design de ses persos ou de ses Stands. Là pour le coup ça fait vraiment gayzouter ses persos.

Sinon, c'est quand même vachement sympa à lire.

Alors voilà, si cet article à réussi à piquer votre curiosité, précipitez-vous chez votre libraire pour vous payer la 5ème partie éditée chez Tonkam, faire les brocantes ou les bibliothèques des potes pour dégotter les 47 tomes précédents chez J'aiLu, ou profiter honteusement de Déclic Images pour vous procurer le coffret collector de l'intégrale des OAV à un tout petit prix.


(Ah oui, désolé, j'ai pas joué aux jeux vidéos adapté de la série. Mais y'en a eu, hein)