L'actu anime du mois (et je pèse mes mots), c'est la sortie de Renewal of Evangelion en France. J'explique rapidement, parce qu'il s'est écoulé tellement de temps depuis la première diffusion d'Eva que certains téléspectateurs de l'époque ont eu le temps de faire des enfants - cette phrase est également valable pour Duke Nukem Forever. Il y a longtemps (à l'échelle Internet), l'éditeur d'animes Dynamic Benelux - Dybex pour les intimes - sortait Neon Genesis Evangelion en France. La série est diffusée avec sous-titrages sur la chaîne satellite C: (future Game One) et est vendue en VHS. Pour les plus jeunes, une "VHS" est l'ancêtre du DVD, une bande magnétique et analogique - regardez l'épisode 18 de Cowboy Bebop, c'est bien expliqué. Grâce à la diffusion télé (le doublage français, bien que désastreux, passe le mercredi sur Canal Plus) et au soutien des mags de l'époque comme Manga Player (futures éditions Pika), la série fait un carton. En plus, Dybex soigne l'emballage, avec des jaquettes exclusives à leur édition, contenant un lexique qui explique pas mal de termes ésotériques utilisés dans la série.

Puis le support DVD arriva. Les américains sortirent une édition calamiteuse pour sa qualité vidéo, et Dybex sortit, lentement et avec beaucoup de retard, une version encore pire. Les plus patients gardèrent leurs VHS, rêvant de lendemains qui chantent. Qui arrivèrent lors du dixième anniversaire d'Eva : les japonais annoncèrent Renewal of Eva, une réédition de la série, remasterisée en Dolby 5.1, scènes ajoutées, etc. Et qu'à l'occasion, la version "classique" serait retirée du commerce. George Lucas fait des émules... Renewal, sorti depuis longtemps au Japon et en Amérique, arrive donc en France. Et donc, c'est l'évènement japanime du mois - fin du résumé.

Sauf que les otaques, public éternellement insatisfait, a eu ce qu'il voulait : une édition qui se réduit au plus petit dénominateur commun, que ce soit pour l'emballage, les bonus, ou (hélas) la qualité technique. Pas besoin de faire un laïus dessus, Ruzgfpegk s'en charge mieux que moi (merci à lui pour les scans de cet article). Version courte : pas de bonus, édition à 120€ avec de pauvres boitiers slim, pas de bonus, image moins bonne que la version américaine, sous-titrage moyen qui date des VHS. Mais le nec plus ultra, ce pour quoi j'écris cet article, c'est le contenu des livrets qui reproduisent les infos des jaquettes de cassettes vidéo, avec toutes leurs infos - compulsées à l'époque par Dybex - sur la mythologie d'Eva. C'est une bonne idée, mais la mauvaise, c'est d'avoir voulu rajouter des commentaires sur la série, écrits de nos jours... Pour rappel, à l'époque, j'ai participé du mieux que j'ai pu au fandom francais de la série, analysant les mystères de la série et faisant en sorte qu'on ne s'y perde pas. Mais à l'époque, aucun de nos efforts n'aurait pu refléter la série sous le point de vue de Dybex en 2007. Intéressante mise en perspective de la qualité de réflexion en ce XXIème siècle, la motivation des Anges est vue sous un jour nouveau :



Oookay. Les combats sont des actes sexuels entre monstres et robots. Regardons Dybex dans les yeux en hochant la tête et en espérant qu'ils vont s'arrêter de parler, compter à rebours de 100 à zéro et prétexter un téléphone portable qui vibre ou un rendez-vous important pour se retirer en marchant à reculons, sans relâcher le contact visuel. Phrases courtes, parler lentement et clairement. Ah merde, ils se mettent à ajouter les Children dans leurs théories :



Je ne suis pas médecin, mais le diagnostic de schizophrénie me semble assez proche de la réalité : dans une analyse pseudo-philosophique d'un dessin animé japonais, l'auteur croit bon de glisser son point de vue personnel sur l'anatomie de Rei Ayanami. C'est non seulement inutile et stupide (imaginons le pigiste moyen qui tombe sur ça en écrivant un article sur la japanime), mais dangereux. Pour ceux qui ne connaissent pas Eva, les deux principaux personnages féminins sont radicalement opposés : une rousse flamboyante (Asuka) et une reine des glaces (Rei), également belles, chacune dans son style. Chacune a ses fans qui considèrent désagréablement l'autre fille : chaque année, même dans les conventions francaises actuelles, les bastons entre pro-Asuka et pro-Rei causent des blessés graves, voire des morts s'il y a un cosplay inadéquat.

Parenthèse historique sur la japanime : Rei Ayanami fut le premier personnage abordant cette psychologie de la fille mystérieuse et inexpressive, qui fut recopié dans bien d'autres scénarios. Ainsi, la querelle Asuka contre Rei a été translatée dans d'autres fandoms, Haruhi Suzumiya contre Yuki Nagato étant un exemple récent - et bien sûr, les fans d'Asuka sont Haruhistes, ceux de Rei étant Yukistes.

Bref. Pour parachever l'ensemble, ces deux demoiselles sont épaulées par une Madone (Misato), admirée par les fans de Rei ET d'Asuka ! Une sorte de territoire neutre, comme s'il s'agissait d'un pays Suisse entre les champs de bataille Asuka / Rei. Pourquoi je vous explique tout ça ? Parce que l'auteur du torchon cité plus haut, Rei = "véritable bombe sexuelle", tout ça, vous venez de comprendre qu'il est pro-Rei. Et donc, que c'est un homme mort. Parce que primo, les fans de Rei n'admettront jamais - en dehors des doujinshis hentai de Mogudan - que l'on puisse voir leur Vénus de Milo sous un angle dépravé, et secundo, les fans d'Asuka viennent de l'ajouter sur leur liste d'infidèles. Et comme il traite Asuka de "frigide", ses jours sont carrément comptés. A l'heure qu'il est, sa voiture doit reposer sur quatre briques (fans de Rei) avec un pain de C4 logé sous le châssis (fans d'Asuka). Cependant, vu que la réflexion engagée dans la rédaction de ce torchon semble équivalente à celle d'un prétendant au Bac L révisant sa philo entre deux épisodes d'Eva, je ne sais pas si cet imbécile consanguin est en âge de conduire. Mais de qui s'agit-il ? Le livret incriminé ne cite que le nom de Carlo Lévy, le big boss de Dybex. Il ne peut avoir écrit pareilles âneries, occupé qu'il est à s'assurer que ses DVD et leurs packagings soient d'une qualité irréprochable. Renewal of Evangelion, édition limitée et numérotée à onsépacombien d'exemplaires (les 500 premiers en fait, après c'est carrément pas limité du tout), 100 € sur le site de Dybex.