(Jeudi)



En voilà un que j'adore : le doublon ambassadeur. Pas avec les chocolats à la con et les putes de luxe, hein, je parle du vrai ambassadeur, qui oeuvre pour l'amour entre les peuples et la compréhension mutuelle en négociant les échanges de culture et d'armes gros calibre. L'ambassadeur qui aime son jeu vidéo et sait en faire don à son prochain, qui se laisse perdre pendant les premiers rounds pour ne pas écoeurer les invités, qui fait de grands dessins sur des tableaux blancs pour expliquer le mode Onslaught ou écrit un tutorial, et a toujours une boite de coté pour le p'tit gars qui cherche un bon jeu.

Nintendo a bien compris ça en généralisant le partage de jeu sur ses portables, permettant de jouer à plusieurs avec une seule cartouche. La stratégie du dealer : la première dose est gratuite. Et plus généralement, c'est pour ça que beaucoup de jeux sortent avec un mode multijoueur souvent bâclé, comme une exigence de l'éditeur. Ca prolonge la durée de vie du titre, paraît-il. Avec les numéros de série, c'est moins facile à pirater, qu'ils disent. Mais ça peut aussi multiplier les ventes, un client le conseillant à un autre pour jouer ensemble - la poussée d'Archimède revue et corrigée pour les liens sociaux. En version exacerbée, ça donne les jeux massivement multijoueurs - mais ça, on en parle déjà dans le Tiers-Beta.

J'adore les Unreal Tournament - 2004 ou pas - le studio Epic Games et la communauté de ces jeux. C'est beau, ça va droit au but, et c'est plein de niveaux, d'armes, de goodies. On peut toujours y jouer, qu'on soit deux ou trente dans la salle. Pas besoin de garder le disque dans le lecteur, le "No-CD" est inclus dans le patch officiel avec quelques cartes en cadeau. Tu veux créer les tiennes, ou faire tes skins et modèles 3D ? Tout est fourni, avec même un plugin pour Maya (et le Maya gratuit qui va avec est sur le disque) et un second DVD avec des heures de vidéos pour tout apprendre, sans parler des distributions de code source. Oh, et l'installeur pour Linux est déjà dans le disque.

J'ose croire que vous avez déjà tous fait ça : offrir un second exemplaire de quelque chose que vous avez adoré à quelqu'un que vous aimez, pour propager la bonne parole et partager les bons moments. Avec un sourire et une pointe de jalousie : "le veinard, il va vivre ça pour la première fois, lui." C'est ce que je me dis régulièrement quand j'écris un article sur un jeu obscur. C'est pour ça que je peux rédiger des pages sans dire un mot sur le scénario ou les personnages ; par peur presque panique de vous révéler la moindre surprise, pour que vous puissiez expérimenter ces divertissements de la manière la plus "vierge" qui soit. Tout du moins, c'est ce que je m'efforce souvent de faire quand je communique ma passion pour ces jeux, ces films, ces livres. Mais avoir un doublon par esprit missionnaire, c'est quand même révervé aux obsédés.

(Samedi)