La saga Half-Life est une série de jeux déprimants. Je dis pas ça pour être polémique : par exemple, ils sont déprimants parce que presque deux ans après la sortie de HL2 (arrivé après six années d'attente et de retards fort déprimants), aucun jeu n'a fait aussi bien. Allez, peut-être F.E.A.R., quand même. Mais déjà, qui avait dépassé la qualité du premier HL ? Rien qu'en leur cherchant un maître, je dois penser à une flopée de jeux qui furent attendus comme des bombes et qui ont été décevants - Unreal 2, DooM 3, Quake IV, Pariah et tant d'autres qui ont été oubliés comme Return to Castle Wolfenstein, Serious Sam ou, *soupir*, Daikatana -, et ça me déprime.


(Je suis tombé sur un mauvais sachet ou ils ont changé la recette des M&M's pour une coque de sucre plus dure ?)


Même leurs fins sont déprimantes. Vous vous souvenez du premier épisode, avec le choix à faire après le boss final ? Est-ce vraiment une victoire ? Tu parles. Et dans HL2, où l'on se jette dans la gueule du loup avant d'être interrompu de la pire manière possible dans l'accomplissement de notre "mission" ? Non, chers lecteurs qui n'avez pas terminé ce jeu, je ne viens pas de vous révéler que HL2 vous colle une non-fin en queue de poisson à la Halo 2 (*), puisque ce n'est pas le cas ; c'est une conclusion un peu abrupte, mais que je trouve vraiment maîtrisée et magistrale. Car elle est précisément à moitié joussive et à moitié déprimante : on explose le boss final, on saute sur sa chaise, et soudain, Half-Life 2 vous colle un arrière-goût dans la bouche, tant votre victoire est de courte durée. Avons-nous gagné, avons-nous perdu ? Est-ce qu'on jouait du côté des gentils, au moins ? Dans Half-Life, il y a tellement de camps différents : plusieurs races extra-terrestres et des humains aux motivations fort divergentes (on apprend même dans Opposing Force que les équipes chargées de faire place netteaprès la catastrophe étaient ennemies, les Marines se mettant sur la gueule avec les Black Ops). Et chez coté homo sapiens sapiens, c'est pas la joie.
Half-Life 2 est déprimant, parce que même si c'est le meilleur FPS de ces dernières années, on entend encore des arguments à la con pour ne pas l'acheter. Gnagnagna Steam va manger mon ordinateur et c'est un spyware, gnagnagna le Source Engine ne sait pas précacher les données alors y'a temps de chargement par zones, gnagnagna le jeu est un couloir... Un couloir ? En tant qu'expert en dirigistocratie, Half-Life 1 et 2 sont certes linéaires (pas de choix affectant le déroulement du jeu), à l'opposé de jeux "bacs à sable" genre GTA ou Zelda (où le joueur peut se promener librement, même si toutes les portes ne sont pas ouvertes dès le début). Cependant, un jeu dirigiste est un titre qui casse l'immersion avec des scripts trop "visibles" (les alarmes se déclenchant toutes seules dans Splinter Cell, l'histoire de Grandia qui n'avance pas tant qu'on a pas parlé à chaque villageois, etc). C'est le principal défaut que je fais à Phoenix Wright, et pourquoi je n'adhère pas complètement à l'enthousiasme général qui entoure ce titre : même s'il y a de beaux morceaux, il suffit que le joueur "s'accroche" sur un moment où le jury refuse obstinément une preuve avec une réponse absconse pour que la magie s'envole, rappelé à un script bien frustrant.
Si un jeu est linéaire mais que le joueur a l'impression de faire librement des choix (Metal Gear Solid ou les Super Mario jusqu'à l'épisode N64 qui est passé à une architecture en "hub", avec le château en point de départ et d'arrivée dans les niveaux), on oublie que c'est un couloir. C'est le cas des HL : le sens du détail dans l'architecture et le game design est tel que la suspension de l'incrédulité ("suspension of disbelief", un terme littéraire souvent utilisé pour les jeux vidéo) tourne à plein régime. Pour moi, Half-Life 2 et Unreal Tournament 2004, c'est un duo un peu comme Cowboy Bebop et Neon Genesis Evangelion : j'ai passé plus de temps sur le second, mais je sais que le premier est supérieur. Si on me demande de trouver des défauts à Eva ou à UT2004, je peux en citer ; si on me pose la même question pour HL2 ou CBBB, je reste muet. Si vous pensez qu'il y a mieux dans leurs registres, je vous écoute. Il s'agit d'oeuvres unanimement saluées dans le monde entier, et pourtant, je trouve encore des gens qui n'ont pas vu Cowboy Bebop ou joué à HL2. Et ça me déprime.



(*) Oui, chers lecteurs qui n'avez pas terminé Halo 2, je viens de vous révéler que ce titre se termine sur une non-fin. J'adore le terminer en coopératif avec des gens qui ne l'ont pas fini rien que pour voir la gueule de quinze mètres que tout un chacun tire quand le générique de fin défile au moment où on s'y attend le moins.



Session IRC en cours depuis 21 heures, comme chaque dimanche, mais avec 130 % d'animaux congelés en moins. #editotaku@irc.worldnet.net, ou passez par le menu à gauche. En fait là, on parle de pourquoi "Turning Gate", un film coréen absolument méconnu, est la preuve par trois femmes que les coréennes sont tout simplement meilleures que les japonaises. Enfin, c'est que mon avis, hein.