Je voudrais bien faire un article digne de ce nom, bien long et bourré de liens débiles, bref un article comme j'aime en écrire pour mieux intoxiquer le Net, mais je crois que ce texte ne va pas durer aussi longtemps que prévu.

L'anime Blood+ est une putain de bouse de merde de foutage de gueule de mes burnes.



On va commencer par le commencement, si vous le voulez bien. Il y a quelques années (c'était en 2001 je crois), Mamoru "mon chien s'appelle Gabriel" Oshii avait aidé à produire une OAV de 45 minutes, Blood - The Last Vampire. Gifle technique : tous les plans sont retravaillés à l'ordinateur, le trait est d'une précision chirurgicale sur le moindre plan, on fait des ohhh et des ahhh en regardant le boulot signé I.G. Gag : le making-of sur le DVD (trouvable pour une bouchée de pain et mal traduit, merci Pathé) dure une heure, plus long que l'oeuvre qu'il décrit. Pour l'histoire, ce sont 45 minutes sans répit : dans les années 60, le gouvernement américain envoie une gamine dans une base militaire au Japon pour régler proprement un problème de... ben oui, de vampires, le titre est assez clair là-dessus. D'ailleurs, ils disent pas "vampires", mais "chiroptères", c'est plus poli et le design y colle bien. Donc, les personnages alternent entre anglais et japonais dans leurs dialogues, l'effet est assez surprenant et on s'éclate d'autant plus à regarder ce mélange de réalisme graphico-historique saisissant et de délire vampirico-animé ; c'est bien simple, à chaque fois que je le mate, je peux difficilement retenir des spasmes nerveux tellement je suis excité à l'approche de la scène dans l'infirmerie. Et quand le générique de fin défile, les spectateurs à qui vous avez fait découvrir ce bijou sont excités comme des puces en hurlant "on veut une suite !", et jusqu'à présent, tout ce qu'on pouvait leur répondre était un bafouillage poli du genre "il paraît que c'est en projet au Japon". Ben voilà, le "projet" est bouclé et en cours de diffusion, et ça s'appelle Blood+.

Et c'est une putain de bouse de merde de foutage de gueule de mes burnes.

Les liens entre cette putain de bouse de merde de foutage de gueule de mes burnes et l'OAV suscitée se comptent sur les doigts d'une main de yakuza :
- il y a deux personnages qui s'appellent pareil, Saya et David,
- ils parlent de chiroptères,
- c'est tout.
J'avais déjà parlé du carnage que peut représenter l'adaptation TV, et on est en plein dedans. Nan, je précise, parce que le manga est disponible gratuitement sur le site de la série et il est - à peine - meilleur. En fait non, tout Blood+ est à chier, le scénario en premier. Ils ont transposé toute l'histoire de nos jours, comme ça on peut voir des demoiselles en tenue de sport en train de laisser vagabonder leur sexualité naissante avec moult sous-entendus yuri. Le character design assuré à la serpe (il faut bien simplifier les étapes d'animation) dans une main, un scénario à refaire dans l'autre ; c'est bien simple, ils ont envoyé toute l'OAV aux chiottes. On perd la fantastique Saya, c(h)asseuse de vampires qu'il ne faut clairement pas faire chier, et on gagne une gamine aussi innocente et expressive qu'une chaussette neuve. On doit se taper les pires stéréotypes de la Japanime : elle ne se "transforme" en chasseuse qu'après avoir bu du sang, mais joue les demoiselles en détresse le reste du temps. Alors ils lui ont collé un mentor qui semble sorti de Get Backers ou Hellsing, dont le rôle consiste en une repompe du Tuxedo Kamen de SailorMoon : il tombe toujours littéralement à pic pour sauver l'héroïne et fait office de Roméo de pacotille. Au secours, les années 80 reviennent ! En fait, non : ils ont même cru bon d'ajouter une sorte de Mérovingien en provenance directe de Matrix Reloaded, si tant est qu'on puisse ainsi définir les "perssonnages français qui ne peuvent pas s'arrêter de dire des conneries en ayant un tic nerveux en rapport avec la nourriture". C'est quand même terrible : sur le making-of de l'OAV, il était expliqué que le résultat final était le mélange de deux scénarios séparés. Là, on dirait que c'est pareil, mais entre Blood et une histoire de shojo bien plate et navrante...
Bien sûr, il ne faut pas compter sur le rythme pour sauver la mise : il ne se passe rien pendant des épisodes entiers (j'ai rarement vu une série démarrer aussi lentement). Et pour finir, techniquement, le sceau "Production I.G" ne cache même pas la réalisation du pauvre : c'est à peine tolérable pour une production 2006. Maiiiis comme je suis bon prince, on peut vraiment sauver la musique, signée Mark Mancina. A part ça, c'est déplorable.

Quel gâchis.