par mt-i, à la dernière minute.


Ah, Noël! Voici venu le temps des rires et des chants, et surtout celui de penser aux petits enfants. Peut-être est-ce pour cela que l'éditeur du logiciel de forum web vBulletin, par l'intermédiaire d'un service juridique répondant au joli nom de PirateReports, a révoqué cette semaine la licence d'utilisation acquise par le site HongFire.com pour avoir hébergé des discussions au sujet de l'inceste et des images loli (NSFW). Ce genre de choses est immoral, voyez-vous. Peu importe, du coup, qu'il ne paraisse pas contrevenir au contrat de licence.

Le gouvernement anglais, lui aussi, affirme ces jours-ci qu'il n'a pas de tâche plus haute que de protéger les enfants. Dans ce but on ne peut plus honorable, il se propose de faire de la possession de dessins ou d'images produites par ordinateur représentant des actes sexuels impliquant des mineurs un délit passible de prison et entraînant l'inscription sur le registre des délinquants sexuels. Gageons que les nombreux enfants à deux dimensions qui seront sauvés par une telle mesure sauront, en ce jour tout particulier, rendre grâce au Seigneur et à Tony Blair (même s'ils sont shintoïstes et ne parlent pas anglais). Et tant pis s'il faut égratigner quelques personnes en chair et en os au passage : après tout, ces gens-là sont de dangereux pervers.

Ou est-ce vraiment toujours le cas? Je ne sais pas vraiment à quel point une loi comme celle-là a des chances d'être adoptée et ne relève pas plutôt du simple effet d'annonce, mais si elle entre en application, elle est sans doute de nature à créer de l'insécurité juridique pour beaucoup de nos amis amateurs d'anime outre-Manche. Parce que bon, non seulement le classique problème de l'âge d'un personnage de fiction se pose de manière gênante (est-ce que le costume-raping de Haruhi sur Mikuru est qualifiable de child abuse? kinsoku jikou desu!), mais après tout, même pour les gens qui ont des goûts plus conventionnels que les miens, je crains que les personnages mineurs ne soient pas pour autant minoritaires. Et de manière générale, nous n'avons probablement rien à gagner d'un battage médiatique autour d'un sujet comme celui-là (à quand la sortie française d'Elfen Lied?).


Bien entendu, c'est encore plus flagrant si par « nous » j'entends ceux d'entre nous qui avons un jour acheté, disons, un exemplaire de Dengeki Moeoh (et je ne parle pas de Comic LO), et qui, à en croire certains, ne sont pas loin d'en devenir de facto des bourreaux d'enfants. Il me semble pourtant que, sur le plan esthétique, l'attrait pour une certaine forme d'innocence juvénile, disons, occupe parmi les moe zokusei une place assez centrale (au sens où, si le terme de moe désigne quoi que ce soit de précis, alors Matsuri-chan faisant konnichinya en fait partie), et qu'il a par ailleurs eu un certain écho en Angleterre-même en d'autres temps.

Le résultat, si l'on met de côté l'aspect atteinte aux libertés individuelles, c'est qu'on n'ose plus se procurer sa marchandise au grand jour. Vendredi dernier, je suis allé chez Junku récupérer le volume 6 de Yotsuba to! qui est enfin arrivé (mais Yotsuba to shiro to kuro no doubutsu pas encore, malheureusement), et les volumes sortis en français comme cadeau de Noël à ma petite cousine (essayez, vous aussi!). Et voilà qu'un présentoir portait un doujinshi d'ElectromagneticWave, non-H mais très joli et quand même extrêmement loli comme il se doit (je ne sais pas trop ce qu'il faisait là). Après beaucoup d'hésitation, je n'ai pas osé le prendre. L'angoisse des regards en coin à la caisse, vous savez... Enfin, j'ai quand même pris sans me démonter quelques volumes du manga Sumomo mo momo mo (qui a l'air moins bien que la série, d'ailleurs).

Voilà voilà, joyeux Noël à tous, et que personne ne touche à ma petite cousine.