Manga en 3 volumes (fini) signé Eishô Shaku et paru chez Akata. A réserver aux grandes personnes. Ou aux détraqués, c'est vous qui voyez. Il s'agit d'une série d'histoires courtes sans lien entre elles, des tranches de vie ayant pour fil rouge une exploration de côté sombre du japonais moyen. Et c'est à gerber.

Dès le premier chapitre, l'horreur m'a pris à la gorge : j'avais envie d'envoyer valser ce manga fraîchement acheté à l'autre bout de la pièce, mais je n'y arrivais pas tellement ce truc m'avait vidé de toute force. Ca raconte une famille dont le père est en campagne électorale et qui tente de "gérer" son fils qui est loin d'être un ange (la phrase que vous venez de lire est entrée en lice dans le concours du plus gros euphémisme de l'année). Les saynètes s'enchaînent, parfois déprimantes à se caser une balle dans le crâne, parfois cyniques à faire péter un vaisseau sanguin, mais toujours d'une noirceur absolue. Beaucoup d'entre elles ne daignent même pas s'offrir le luxe d'être drôles, ou d'avoir une fin arrachant un sourire : Imbéciles Heureux peut être aisément qualifié d'intolérable.
Dans son idée d'offrir des mangas alternatifs, Akata n'édite ici qu'une mouture de la saga Happy People, dont les différentes itérations représentent une trentaine de volumes et quelques adaptations télévisuelles. A en croire le petit résumé en fin de volume (saupoudré d'une note d'intention ajoutée par l'éditeur français), ça cartonne au Japon. On se demande quand même ce que ça fout chez nous - si ce n'est pour nous en apprendre davantage sur la psyche nipponne, la facette sado-maso d'une population qui ne voit aucun mal à se faire du mal. L'argumentation en faveur de cette oeuvre, c'est l'appel à la réflexion... sauf qu'il est légèrement difficile de méditer sur la société quand on vous fout un coup de poing dans le bide. J'aimerais continuer cet article un peu plus longtemps, mais il n'y a pas grand chose d'autre à dire sur ce manga. A lire si vous êtes d'une humeur un peu trop positive, à éviter le reste du temps.