La Game Boy Advance reste une valeur sûre. On la garde dans sa poche comme d'autres y laissent leur téléphone portable, et on se rappelle qu'on l'a sur soi quand on est dans les transports en commun ou quand mon cerveau a ce déclic d'une journée suffisamment ensoleillée pour que l'écran soit lisible - "'tiens, ça c'est une bonne journée pour jouer à la GBA". Ce dernier point est d'autant plus valable que c'est Boktai qui traînait dans le port cartouche de la console ces derniers temps... Mais bon, j'ai toujours la même GBA normale, ni SP ni DS ni AfterBurner, et cette astreinte météorologique a toujours existé pour les fauchés dans mon genre.
La Game Boy Advance reste une valeur sûre pour Nintendo. sony ne bouffera jamais la cible des jeunes aux bourses pas encore développées avec des consoles à 250 € et des vidéos pornos, et Nintendo le fait bien comprendre avec le Game Boy Micro.

Sûrement que j'ai pris Yoshi's Universal Gravitation pour tromper l'attente de WarioWare Twisted, encore retardé parce que les cartouches à gyroscope ne tombent pas du ciel. Ca me rappelle la manette Microsoft Sidewinder à gyro ; dans un temps où l'on avait qu'un seul stick analogique, on se disait qu'on tenait une autre façon d'ajouter une fonctionnalité. Par exemple, le pad était fourni avec Motocross Madness 2, et l'on imaginait : je tourne le guidon avec le stick et je gère le transfert de masse en penchant le personnage dans les virages avec l'inclinaison de la manette. Vous avez bien vu le conditionnel dans la phrase précédente, puisqu'évidemment, ça ne se passait pas comme ça. On jouait avec l'inclinaison ou avec le stick, mais l'un n'ajoutait rien à l'autre. Comme toutes les bonnes idées, c'était arrivé trop tôt... mais avec le logiciel très perfectionné fourni avec le pad, il y a moyen de s'amuser avec ce gadget, par exemple en mettant les boutons de tranche de vos manettes sur l'inclinaison gauche et droite ; hop, je dérape dans les virages de Mario Kart en penchant le pad, hop je fais des roulades dans StarFox, je tourne la caméra autour du perso dans un jeu à la troisième personne. Je rêve tout haut, hein - mais ce gimmick peut avoir du potentiel. Et après on se demande pourquoi la fonctionnalité ultra-secrète du pad de la Revolution ne serait pas un bête gyroscope...

Dès qu'on lance Universal Gravitation, on a un goût amer dans la bouche : le même avertissement pour la santé qu'au démarrage de la DS, le logo Artoon (mais si, les auteurs de Blinx sur Xbox), une intro sous forme d'images de synthèse en NURBS tout moches indignes de Donkey Kong Country. Bon d'accord, c'est Yoshi et ils ont déjà utilisé ce style graphique dans Yoshi's Story sur N64, mais c'est vraiment hideux ; pourquoi ne pas reprendre le style crayonné cher à Yoshi's Island ? En fait, le scénario est repris de l'opus N64 : l'île des Yoshi réduite à l'état d'un livre. On regarde l'intro, et là, c'est le drame : une faute de conjugaison. Là, ici : "un tout petit esprit apparu devant lui". Dans un jeu Nintendo, rien de moins. Tout fout le camp.
Séquence de calibration du capteur de mouvement : on tient normalement la console, on l'incline de 20° sur la droite, de 20° sur la gauche écétou. Même pas la tête à l'envers ? Non : le seul mouvement reconnu, c'est un peu à gauche ou un peu à droite. On réalise vite que même si c'est l'angle de rotation de la console qui est pris en compte (à savoir, vous tournez l'écran devant vous, le point de rotation étant l'écran), c'est sa position dans l'espace qui est prise en compte (autrement dit, vous penchez toute la console, la rotation étant autour d'une droite au centre de la GBA. C'est pas clair, je sais, désolé). En pratique, ça change quoi ? Au lieu de "suivre la règle" en tournant l'écran, on tourne la console, parce que c'est plus "naturel". On a inconsciemment penché nos manettes pendant des années en sautant avec Mario, dans les virages des jeux de ouatures, en se prenant une bastos dans Halo 2. Alors on fait pareil avec la GBA et... on ne voit plus rien, parce que l'écran est au milieu de ladite manette : pour le suivre, il faudrait pencher tout le corps d'un côté ou de l'autre, et à défaut de passer pour un con (les derniers morceaux d'amour-propre sont partis avec les calories dans Dance Dance Revolution ou avec le porte-monnaie dans d'autres jeux), on manque de tomber de sa chaise. On est également amené à anticiper le jeu avant de le quitter pour quelques instants ; Yoshi est face à un pendule ? On sait qu'il va falloir balancer la console pour aller plus haut. Donc on fait sauter Yoshi sur la boule, et on dorlote la GBA : l'écran est penché à gauche donc on voit rien, il repasse devant nous et on voit que Yoshi n'est pas assez haut, l'écran est penché à droite donc on voit rien, il repasse devant nous et c'est bon, on saute et on continue son chemin. Mouais. Pour inverser ce que j'imaginais sur l'utilisation de pads gyroscopiques, on se dit que son utilisation aurait pu être remplacée sans problème par une simple pression des touches L et R (d'autant plus qu'elles sont inutilisées dans ce jeu).

L'autre problème, c'est vraiment la réalisation : graphiquement, les personnages sont trop petits pour être sympathiques (même les scènes de "morphing" de Yoshi prenant la forme de divers véhicules sont réduites à un ridicule interlude même pas morphé), la musique est si enfantine qu'elle aurait davantage sa place dans une production uniquement pour enfants (quoi qu'on en dise, l'univers de Mario reste universel pour les âges). Les niveaux sont très courts - comptez deux grosses minutes pour passer les quelques scènes qui les composent, un peu comme dans KuruKuruKuru^13 Kururin. On doit juste comprendre comment utiliser le gyroscope pour avancer, et considérant qu'il n'a que trois positions, pas besoin d'avoir le bac. Pire, on trouve même certains éléments douteux qui feraient tiquer le "canon" de Yoshi. Par exemple, quand il se gonfle pour flotter quelques instants, il serre les dents. Mettez-moi en communication avec Gala, Voici et le reste de la presse à scandale, c'est une révélation pour les fans de Nintendo ! YOSHI A DES DENTS ! C'est une aberration scientifique aussi importante que le nombril du Marsupilami (qui est ovipare) ! Sachant que les Yoshis gobent leur nourriture, à quoi bon ? Les ennemis qui ressortent dans des oeufs se sont-ils pris quelques coups de dents au passage ? Pikachu serait-il encore plus idiot depuis que je l'ai bouffé (et grignoté ?) à répétition dans Super Smash Bros ? Nintendo ne fait-il même plus attention à ce que ses personnages deviennent quand il les confie à des studios extérieurs comme c'est de plus en plus le cas ? Ces versions successives, différentes mais officielles en deviennent dérangeantes : quelle est la vraie équipe Star Fox, le Nintendo / Rare, le Rare dans SF Adventures ou le Namco dans SF Assault ? Ces terrrrifiantes interrogations dignes de l'otaku légumisé et salivant que je suis laissent aussi entrevoir la direction que prend Nintendo avec ses licences. Avant, on achetait du Mario ou du StarFox parce que c'était un gage de qualité, un jeu testé dans tous les sens pour assurer un gameplay aussi ferme qu'une chair de bébé bien cuite. Maintenant, Nintendo vend du Mario ou du StarFox parce que c'est du Mario ou du StarFox. Mauvais karma.

Vous vous souvenez de Kirby Air Ride ? Non ? C'est normal. Il s'agit du premier des trois seuls jeux GameCube jouables en LAN (avec 1080° et Double Dash), un jeu de course à un bouton sorti à la va-vite pour vendre des adaptateurs réseau en prévision de Double Dash qui se faisait désirer. Yoshi's Universal Gravitation, c'est pareil : il est là pour rappeler que Nintendo avait des gyroscopes en réserve depuis l'époque de Kirby Tilt'n'Tumble et faire patienter en attendant un Wario Ware Twisted qui se fait désirer. Merde, je suis tombé dans le piège.