Ca y est, j'ai fini de mater l'anime. Pour ceux qui ne s'en souviennent pas ou qui ont récemment découvert l'éditotaku (bienvenue à toi, nouveau lecteur ou nouvelle lectrice), j'en avais déjà parlé au lancement de la série en rappelant que c'était basé sur un jeu vidéo. Enfin, "jeu vidéo" au sens large du terme, puisque les digital comics sont généralement aussi interactifs qu'une télévision. Avec des (belles) images qui bougent pas, qui plus est. Mais qui gardent le joueur en haleine en lui sortant un bon scénario émouvant et des scènes de cul s'il a acheté la version pour adultes. Le mot clé ici est "émouvant". Après tout, le but est de séduire quelques demoiselles, et la méthode utilisée est généralement le romantisme mâtiné de non-dits purement japonais contrebalancés de pages et de pages et de pages de monologues intérieurs (pensez Katsura). Des jeux de pédophiles, comme diraient certaines personnes qui ont écrit une leçon de strip mah-jong dans un magazine de jeux vidéo.

A chaque fois que je parle d'un dating sim, je me sens obligé de rappeler le concept. Tsss.

Air, donc, a une histoire relativement complexe. La version anime s'en sort plutôt très bien en laissant juste ce qu'il faut de mystères à la fin pour pousser le téléspectateur à acheter le jeu ou s'enfoncer dans des débats sur Internet. Comme Evangelion quoi, mais sans les robots. Les producteurs ont dû être effrayés devant le script quelque peu tordu, car le treizième épisode n'est qu'un récapitulatif final de l'histoire, cette dernière s'étant véritablement terminée avec l'avant-dernier - comme Evangelion: Death and Rebirth, mais sans les robots. Explication: dans un dating sim classique, on choisit de draguer une fille parmi plusieurs - mais il y a toujours une demoiselle "principale" à l'histoire plus développée que les autres, et généralement reconnaissable parce qu'elle est sur la jaquette du jeu. Lors de la conversion en anime, les autres sirènes sont réduites à un rôle secondaire, ayant droit à leurs 15 minutes de gloire si le storyboard le permet. Alors qu'avec Air, il y a trois arcs scénaristiques. Dans le premier arc du jeu, les trois filles abordent le même thème sous un angle différent, et il faut avoir les trois "bonnes" fins pour déverouiller la suite de l'histoire! Cette richesse pousse le premier arc à bouffer la moitié des épisodes... Les deux chapitres suivants sont très peu interactifs et sont donc "tels quels" dans l'anime. Honnêtement, la tâche était énorme et le résultat est parfait. Mais je ne peux m'empêcher de frémir en imaginant comment un tel sac de noeuds sera bourré dans le film.
Toujours est-il que l'on déplore un tout petit rien, Madame la Marquise: les derniers épisodes tirent de façon un peu trop flagrante sur la corde sensible. Non pas que la ficelle soit grosse (ah! ah!); l'histoire n'est pas tout rose et tout et tout, d'accord, mais on tombe vraiment dans le chantage à l'émotion. C'est un tort typiquement japonais que de vouloir tirer des larmes à tout prix (quoique Stephen King avait bien tenté la recette avec The Green Mile), mais c'est du quitte ou double: soit on pleure à s'en sécher avec une éponge, soit on reste de glace. Bah oui, ça n'a pas marché avec moi, mais comme on dit à la télé, votre résultat peut varier de ceux cliniquement observés.

En tout cas, rien à craindre pour la technique. Cette série télévisée est belle comme le jour, les CG sont superbement intégrés (les vagues sur la plage, woaw!), pas d'animation sous-traitée en Corée, thèmes musicaux et seiyuus déjà excellents dans le jeu qui n'ont rien perdu de leur superbe. Kanon en anime était sympa, mais le staff d'Air a vraiment assuré; en voyant le premier, j'imaginais avec un sourir d'une oreille à l'autre ce que donnerait le second en série télé, et le résultat a dépassé toutes mes espérances.