Tous les chiens sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chien.
Sega a été tué par sony. J'aime Sega. Donc je hais sony.
Ca, vous le savez déjà: ce site pue l'anti-sony et le pro-Sega à plein nez. Et pourtant, dans la flopée de jeux sortis sur la console grise moche et le monolithe noir au lecteur de DVD jetable, il y a quelques jeux qui me plaisent. Okay, y'a DDR, voilà, c'est dit, arrêtez de vous marrer. Puis il y a Silent Hill, MGS et Ridge Racer Type 4. Surtout RR4 en fait: un mélange délicieux de voitures suffisamment capricieuses pour donner un goût de simu tout en gardant un feeling arcade, le tout enrobé d'une bande-son inoubliable.

Mais dans ce jeu, on a un scénario. Vous rejoignez une écurie de votre choix, et vous avez une situation qui évolue entre chaque course. Pourquoi se donner cette peine? On est là pour faire des courses de tutures, pas subir les émoluements métaphysiques de votre patronne! Si vous voulez justifier un emploi fictif de scénariste, faites-lui écrire trois lignes au début du manuel comme s'il s'agissait d'un jeu de baston. Les scénarios de Mortal Kombat ou Soulcalibur servent à mettre quelques images quand la borne d'arcade attend sa ration de jetons. Qui n'a pas soupiré devant les intros pré-castagne de DBZ2 sur SNES ou SvC Chaos?
Mettons ça sur la tradition narrative que les pseudo-sociologues ne manqueront pas d'accoller aux japonais. Ces gens-là (les japonais, pas les sociologues) nous ont raconté les errements psychologiques de Godzilla pendant près de 50 ans, mine de rien. Quand il s'agit d'expliquer la motivation de Kirby, on est pas déçus. Donc, dans Ridge Racer, on ne fait pas la course pour finir premier, ou pour faire 0,001 seconde de mieux que les autres, ou pour le plaisir de conduire, mais pour draguer une gonzesse qui fera un scandale si on a le malheur d'arriver second? C'est ça le but, l'objectif, le truc qu'on obtient à la fin du jeu? C'est pas assez hormonal de s'amuser avec une grosse caisse? Après tout, Reiko Nagase est devenue l'idole de Namco, à côté des bimbos de SoulCal2 - autrement plus sexy que Pac-Man.

Pac-Man et Ridge Racer. C'est à cause de cette combinaison que j'ai pris R:Racing en version GameCube: Pac-Man VS est fourni avec. Après avoir maudit les bouchés de Namco infoutus de proposer un mode 60Hz, promener la grosse cylindrée à 50 Km/h quand le compteur indiquait 180 laissait le temps de réfléchir. Tiens, il y a de vrais circuits et de vraies voitures. Oh, le jeu est bien plus axé simulation qu'arcade. Mhhh, je préfère la bande-son des épisodes précédents. Beurk, le graphisme semble en provenance directe de la ps2. Pourtant, toutes ces remarques ne sont pas les premières choses qui vous passent par la tête. Oui, vous l'avez deviné d'après les paragraphes précédents de cet article au titre pourri: le scénario. Les 6,38% de femmes qui lisent ce site peuvent applaudir, puisque le pilote en est une, de femme. Rena Hayami prend donc le volant et laisse Reiko aux stands de la saga originale (elle est toujours là dans les deux Ridge Racer pour PSP et DS). Repérée pour son talent à conduire les ambulances (!), la belle subit entraînements, compétitions et rivalités. Les scènes cinématiques entre chaque course sont là pour ça, et accessoirement pour admirer son habitude à ouvrir assez largement sa combinaison (elle ne porte pas de soutif). Mais Namco ne s'est pas arrêté là; ils ont carrément répliqué un gimmick de leur série de simulateurs de vol Ace Combat, à savoir la radio. Vous êtes en relation permanente avec votre stand et les autres pilotes. Ca blablate tout le temps et ça tente de coller un visage sur les autres écuries pour que les sept autres voitures ne soient pas aussi anonymes que les milliers de méchants que l'on croise dans tous les autres jeux vidéo. Après tout, en quoi huit participants d'une course devraient-ils être plus ternes que les huit combattants d'un jeu de baston? L'intelligence artificielle ne suffit pas pour que le joueur s'intéresse un tant soit peu à ce qui se passe à l'écran.
D'où la transition avec une autre fonctionnalité inédite: quand vous vous êtes sur le point de doubler un adversaire, sa barre de "tension" apparaît au-dessus de sa voiture! Il commence à vous insulter, vos copains sur les stands vous encouragent à, je cite, lui "mettre la pression". Quand cette jauge est pleine, le pilote se met soudain à penser à son dernier contrôle fiscal, à Daikatana, à cette nouvelle et stupide formule de Werther's Original qui sont tout mous (et qui en fait de vulgaires carambars sans les blagues dedans) et commet une erreur genre sortir bien violemment de la piste ou repeindre sa portière avec les murs. Comme dans les jeux de drague nippons, les célèbres "dating sims", qui gèrent la nervosité des filles que vous tentez de séduire et qui vous envoient promener quand vous tentez de leur parler pour la 40ème fois dans la même semaine.

Sega vient de sortir OutRun2 au Japon. En Europe, son prix a été divisé par deux après à peine trois mois d'exploitation. La perspective de la durée moyenne d'une partie (5 minutes!) doit y être pour quelque chose. Sauf qu'à l'instar d'un PuypPuyo ou d'un Bomberman, on y retourne immédiatement. OutRun2 est la perfection du remake vidéoludique: tout ce qu'on aime est là, les améliorations technologiques sont présentes, et les ajouts ne sont ni inutiles ni nocifs à l'esprit original. A savoir: foncer à toute berzingue dans des décors qui changent comme je claque des doigts à bord d'une Ferrari avec une gonzesse côté passager. Et avec une soupe musicale en fond sonore, faut pas oublier. Dans ce deuxième opus, tout a été dopé: superbes décors, fluidité au top, davantage de musiques, plus de Ferraris, et on conduit surtout pour plaire à la fille. Car les Ferragos passent au second plan: le modèle de conduite 100% arcade fera hurler les tifosis qui achèteront le jeu par amour pour leur marque favorite d'aspirateur à minettes.
D'après le manuel, le pilote (Alberto qu'il s'appelle, mouhahaha) s'est fait offrir sa caisse par la blonde, et il pilote pour mieux la séduire. Vous avez plusieurs fins possibles pour le couple, suivant le chemin emprunté. Comme dans les dating sims. La fille ne perd pas une occasion d'ouvrir la bouche: dans les menus, quand on se plante, et même quand on double les autres sur le XboxLive - mais le mâle est muet comme une carpe, là encore comme dans les dating sims. Un des modes de jeu, nommé "Heart Attack", propose de conduire en obéissant au moindre désir de la demoiselle, qu'il s'agisse de doubler un maximum de voitures ou de déraper le plus longtemps possible. La satisfaction de cette dernière est symbolisée par sa silhouette dans un coin de l'écran (qui vire à l'orange et au rouge quand elle est contente!), des smileys plus ou moins amoureux, et des centaines de coeurs qu'on emmagasine en suivant ses défis. Vous avez même une compagne différente suivant le mode de jeu pratiqué. Les défis ajoutés dans la version console poussent le principe encore plus loin: on doit récupérer des coeurs sur la route, les photographier, les garder le plus longtemps possible; il ne manque que les modes "Capture du Coeur" ou "Désamorçage du Coeur" pour avoir la totale. Le but est clair: la séduction. T'es là pour l'emballer, coco. Même avec une voiture surpuissante, il faut toujours savoir conduire comme un dieu, parce que sinon c'est game over dans ta gueule et la fille elle t'étrangle. Si t'arrives à tes fins, c'est pas parce que t'as une F50 mais parce que t'as bien joué.

Sega et Namco ont expérimenté des façons d'ajouter un peu de profondeur dans les jeux de course. Une couche scénaristique d'émotions ou de sentiments en plus et qu'on ne voit pas souvent dans ce genre. Le joueur s'attache un peu aux bolides qu'on incarne à travers des héros, qu'il s'agisse d'une pilote débutante qu'on amène sur le podium ou d'un type entouré de femmes à fort caractère. Ou peut-être que je me plante complètement et que ces éditeurs se sont réduits à faire vendre leurs jeux suivant le plus petit dénominateur commun: le sexe. Mettez des culs dans ce que vous voulez refourguer au public et ça se vendra, indépendamment de la qualité intrinsèque du produit. Au moins, je suis convaincu que c'est la méthode utilisée par Electronic Arts pour refourguer Need For Speed Underground 2.