Pixar est revenu dans mes bonnes grâces: Les Indestructibles est un vache de bon film, et un film d'action qui plus est. Ca part vite en bourre-pifs, infiltrations jamesbondesques et destruction massive de biens publics. Moins de 8 ans qui étaient bienvenus dans le Monde de Nemo, allez voir autre chose cette-fois-ci! L'histoire en soi a déjà servi dans un épisode débile (comme les autres) de la série TV de Loïs et Clark: les super-héros sont envoyés à la retraite parce que leurs galipettes salvatrices ont un coût. Obligés de vivre l'american way of life du mauvais côté du miroir, ils se morfondent en pensant à leur gloire passée, jusqu'à ce que...

Les auteurs connaissent leurs classiques: on voit bien qu'ils ont lu des comics par annuaires entiers. La sortie du film tombe à pic avec le succès de City of Heroes, MMORPG dont les créateurs ont aussi quelques armoires remplies par Marvel ou DC; impossible de ne pas penser aux architectures de Paragon City et à l'ambiance délicieusement fifties, l'âge d'or des super-héros. Les ennemis ressemblent parfois à de grosses boules noires sorties de la Guerre des Mondes, les personnages déconnent sur les poncifs du genre ("...ce sale type me tient à sa merci, et tu sais ce qu'il fait au lieu de me tuer? Il me sort un monologue!") et les méchants ont élu domicile sur une île déserte où leur QG est caché sous un volcan - en activité, bien sûr. Le film ne cache pas ses inspirations, et les grands enfants ont plaisir à deviner Star Wars dans les poursuites, quel super-héros original a inspiré quel pouvoir, ou les voix d'Amanda Lear et PPDA dans le doublage français!
Pour son dernier film chez Disney, Pixar s'offre donc un ton plus adulte que dans ses oeuvres passées; et même si les moeurs ont évolué dans les oeuvres de Mickey Mouse, je crois que c'est la première fois qu'on voit une scène de torture ou un doute sur la fidélité conjugale dans une de leurs productions. La famille Indestructible est plus proche de M. et Mme Shrek que de la Bande à Dingo, ça c'est sûr. L'histoire ne casse pas des briques, mais distribue allègrement tout ce qu'on verrait dans un film à grand spectacle en live action.
Du point de vue technique, on garde le ton Pixarien de "peu de textures et du polish partout". Le design général a changé depuis les deux Toy Story; après tout, on avait pas vu d'humains dans leurs films depuis TS2, il n'y avait que des animaux dans 1001 Pattes et Le Monde de Nemo! C'est donc tout à l'honneur des images de synthèse que les persos sont des caricatures poussées à l'extrême (et pour certains d'entre eux comme Violette, faut se forcer à apprécier le look): on les classe en "nabots", "femmes" et "armoires normandes masculines". Une équipe dédiée aux effets sur les cheveux et les vêtements apparaît dans le générique de fin, et même si l'eau aurait mérité un peu plus d'attention, les flammes sont vraiment réussies. Ca reste vraiment dans les habitudes du studio: la technique doit servir à l'histoire et pas l'inverse (n'est-ce pas, Final Fantasy ze mouvie?). Ca n'explosera pas les standards de l'industrie, ça ne raflera pas toutes les théières d'or au festival d'Imagina; ça a juste un style graphique qui dépoussière un peu le culte des super-héros. L'animation est superbe et à part les chutes (un peu sèches peut-être), tous les mouvements semblent très naturels; ça bouge bien et rien ne manque, même quand ça bouge beaucoup à l'écran.

En bref, je le répète: carton plein pour la famille Indestructible. Plein la vue, un peu cynique et très drôle, des références à ne savoir qu'en faire et pourtant doué d'une petite personnalité bien à lui, c'est vraiment un excellent divertissement. A voir!