(article à caractère relativement personnel, pour une fois)
La légende du Serpent Blanc, le film carrément à l'origine de la carrière de Miyazaki, est en salles depuis mercredi dernier. Un film à l'origine de tant de choses et d'énergies déployées, quoi. En parlant de cela, cette motivation, ces efforts, ces réalisations et toute l'aventure humaine que représente l'animation nipponne... J'ai senti pendant un petit moment la place que j'y occupais.
C'était il y a à peine deux semaines, devant Kiki's Delivery Service sur grand écran (et pas dans un petit cinoche de banlieue!), que j'avais déjà vu il y a quelques années sur une VHS américaine fansubbée à l'ancienne (sous-titrages faits à l'Amiga). Et là, 15 années après sa création, Kiki était en train de voler sur son balai dans une salle de cinéma français. Parce que Disney avait les droits. Parce qu'ils diffuseront tout le catalogue Ghibli. Parce qu'ils ont jugé que c'était rentable. Parce que c'est mondialement reconnu, même dans notre vieille Europe. Parce que ça marche. Parce que nous tous avons pu le prouver. Avec nos achats, nos lobbyings, nos conventions, nos communautés, tout ça. Durant les dix premières minutes de Kiki, j'ai vu défiler ma petite vie d'otaku: toutes ces années à prêter des VHS à tout va, à évangéliser auprès de ceux qui en avaient une image stéréotypée, à empiler les DVD, à organiser des projections publiques, à traverser la France pour aller en convention... Un activisme de plein de gens, encore loin de s'essouffler, en tout cas. Ma minuscule part à un effort qui permet d'avoir un film en stéréo vieux de 15 ans (et maintenant, le Serpent Blanc qui date de 1958) dans un multiplexe. On y est tous pour quelque chose, chacun pour sa part. Je réalisais la mienne et en admirais le résultat, 16 mètres sur 9. Pendant ces dix minutes, je n'ai pas arrêté de pleurer de joie.