La sortie de Metal Gear Solid - The Twin Snakes (déjà abordé dans cette colonne) ramène à la question des rééditions. Est-ce légitime de ressortir le même jeu avec trois gadgets qui n'ajoutent rien au gameplay? Il y a toujours des fans pour acheter, mais... Twin Snakes en est arrivé à foutre en l'air le jeu original avec ses “améliorations”. Inutile de revenir sur ces dernièress (tir à la première personne ou se suspendre aux rambardes), toujours est-il que le level design du jeu n'avait jamais été prévu pour ces gadgets. Il aurait fallu ajouter des pans entiers de jeu pour justifier leur apparition, voire faire un remake digne de ce nom comme le premier Resident Evil/Biohazard sur GameCube.

Ce qui ramène au sujet initial: est-ce que ces valses de remixes ont un sens pour les jeux vidéo? Personne ne s'insurge de voir ressortir Star Wars, Sacré Graal et les films de Kubrick au cinéma ou en VHS/LD/DVD (au fil des technologies qui passent), mais on fait un esclandre au moindre Namco Museum sur des 128 bits ou Mario Advance. Les arguments sont pourtant les mêmes: donner aux jeunes joueurs la chance de jouer à ces monuments de leur art sans acheter d'autre support que ceux qu'ils ont déjà. Voit-on une ambition ramasse-fric pour le cinéma? Non. Au passage, remarquez qu'un film refait de A à Z: Psychose devenant Psycho, Ring devenant Le Cercle, Nikita devenant Nom de code Nina se fait généralement incendier. A l'inverse, on s'enthousiasme de voir des scènes coupées ou des traductions refaites. Pourtant, on fait un scandale de la nouvelle bande-son de Twin Snakes (qui a d'ailleurs été retraduit) ou de cinématiques supplémentaires dans Code Veronica X, puisqu'au fond, le jeu en soi n'en profite pas vraiment.
D'où la distinction entre réédition (la collection Sega Ages au Japon ou les Famicom Mini), les remakes (Twin Snakes, Shenmue 2 X, les Resident Evil 2 et suivants sur Gamecube) et les resucées (la même technologie avec de nouveaux niveaux: la saga Tomb Raider ou Splinter Cell Pandora Tomorrow). Un jeu vidéo laissé intact? On se demande pourquoi on l'achèterait. Un fil laissé intact? On achète. Un film refait entièrement? On le descend en flammes. Un jeu vidéo refait entièrement? On se jette dessus. Evidemment, si l'excuse reste la technologie (on ajoute des choses que l'informatique ne permettait pas à l'époque), ce comportement sera reproductible à l'infini (combien de versions différentes de Snatcher, s'étalant du PC-88 à la Saturn?).
Evidemment, loin de moi l'idée de comparer jeux vidéo et cinéma (ce genre de parallèle ne marche que rarement, et Hideo Kojima est justement connu pour y arriver la plupart du temps). Et puis, l'ambition avouée des jeux vidéo est d'atteindre le cinéma en termes de réalisme ou de narration - mais c'est un autre débat que celui-ci. Par contre, le comportement des fans et des éditeurs mérite le rapprochement, au fur et à mesure que leurs habitudes se rapprochent...