Un peu malgré moi, j'ai réalisé que je salive inconsciemment - un peu comme les clébards de Pavlov - sur Steel Battalion. Et c'est une salivation un peu spéciale que j'avais pas ressentie depuis... la NeoGeo.

Ce qu'on dénommerait volontiers le “gaming de luxe” (l'expression est de moi). Ces produits élitistes qui ne sont plus réservés au hardcore gamer - par définition fortuné - mais au hardcore gamer très fortuné.
Il a dû sortir du placard avec l'arrivée de la NeoGeo: avant cela, il était le seul du quartier (ou carrément du village) à avoir le Nintendo Power Glove ("it's SO BAD!"), les lunettes 3D de la Master System et cette saloperie de R.O.B.
Avec la NeoGeo, on lui offrait carrément une console dont la seule différence avec l'arcade était “Push Start” au lieu de “Insert Coin”, des cartouches grosses comme des VHS et qui coûtent aussi cher que la console. Le fait étant que c'est la seule console toujours vivante après plus de 10 ans...

Et ce joueur élitiste et friqué, qu'est-ce qu'on lui a donné depuis la NG? La Saturn sortie à 3500 balles? Le prix est vite tombé au niveau du commun des mortels. La Xbox? Pareil. C'est à peine s'il peut se rabattre sur le PC, le pays où la vie est toujours plus chère, mais il en a toujours été ainsi. Du coup, il a déplacé sa passion en important tout et rien, même ce qui est facilement trouvable chez lui: consoles, jeux, manettes, tout coûte plus cher et c'est écrit en japonais en plus.
Parce que ça fait plus l33t, certes, mais un joueur “normal” peut aussi s'offrir un SoulCalibur 2 importé de nos jours, grâce au Net. Honnêtement, quand SNK avait déposé le bilan en 2001 (avant que PlayMore ne sauve la mise), j'ai cru que cette race allait disparaître.

Alors ce Steel Battalion, c'est la première fois, en non-SNK, qu'on voit un jeu qui coûte aussi cher que la console. Avec une manette suffisamment grosse pour faire taire toutes les blagues grasses sur la compensation phallique ainsi que les vannes freudiennes du même genre. Réunissant les joueurs friqués ET les otakus friqués, réalisant le rêve des deux races: un jeu qui coûte une fortune, avec un accessoire dédié, et qui parle de robots de 30m qui se mettent sur la gueule. La saga MechWarrior offre bien cela avec un réalisme à peu près similaire, mais c'est sur PC!
Et donc, revoilà cette sensation étrange que l'on a toujours éprouvée en épluchant nos Player One sur les tests de jeux NeoGeo, en rêvassant devant ce truc tout simplement inaccessible et pourtant vachement tentant: tout n'était pas bon dans le cochon (suffit de voir 8-Man ou Kizuna's Encounter), mais l'étiquette seule ajoutait un côté sacré, totémique. Et par conséquent, ça faisait baver.

J'avais pas ressenti cette salivation particulière depuis ce temps-là - en excluant les deux mois où la Saturn était inabordable. Ca fait bizarre et en plus ça rend nostalgique.