Une grosse année de changements.

L'état des animes et mangas : les japonais persistent et signent dans leur processus de virer les intermédiaires entre leurs poches et l'argent des fans. Après Bandai et son antenne européenne Beez, Kaze se fait bouffer par les sushis, et Square est sur les starting blocks pour lancer son offre de mangasses en ligne, composée de titres déjà disponibles en papier chez Ki-oon ou Kurokawa. Le simulcast d'animes est devenu la norme, et toute licence maintenant signée inclut forcément une clause pour le garantir. Une marche peut-être forcée pour répondre au fansub, mais qui bénéficie à tout le monde...

De même, Kana /Dargaud lance Izneo, et j'ai été surpris par l'enthousiasme d'Alain Kahn (Pika) qui croit dur comme fer en l'iPad pour faire la nique au scantrad. Initiée autant pour limiter certains déboires que pour maximiser les marges, cette démarche revêt pour l'acheteur final (nous) un certain avantage dans le gain de temps ; ça traîne moins, quoi. Par contre, j'ai toujours cru que la distance et la présence de fromages-qui-puent dans la chaîne apportait un certain filtrage, aujourd'hui en voie de disparition : en clair, la moindre bouse infâme nipponne débarque direct chez nous, là où elle serait restée à la frontière il y a quelques années. Quoique ; la pléiade de nouveaux éditeurs affamés de contenus contribue depuis un moment à inonder des étagères déjà pleines avec des horreurs dont les autres ne voulaient pas.

Ce qui amène à un autre changement récent : l'initiative de la Fnac avec ses rayons "manga", des espaces hybrides où se mélangent livres, DVD, figurines et parasites qui n'achètent rien, est maintenant devenue une norme que d'autres enseignes cherchent à imiter. Car ces bédés et DVD ne sont pas comme les autres, faut les parquer séparément avec leur lot de squatteurs - je ne sais même pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose.

 

L'état des jeux vidéo : le pluriel "jeux vidéos" est en voie d'acceptation massive, et c'est triste. Pour le reste, doit-on encore agiter la peur du grand méchant casual ? Il y a quelques années, Nintendo avait ressorti son GameCube avec une nouvelle manette et une peinture blanche, avec le succès qu'on sait ; Microsoft et Sony ont fait la même chose, avec des consoles slim dotées de nouvelles interfaces copiées sur le voisin. Et d'un coup, c'est reparti comme en 2006, avec des jaquettes différentes qui vont foutre le bordel dans nos collections, la même technologie revendue 300€ sous le sapin 2010, et encore du ping-pong/bowling. Sérieusement ? Ca parle de crise économique pour justifier le retard de la prochaine génération tout en trouvantdes webcams à 150€ et des ruptures de stock partout pour une tablette Apple à 500€ ?

Mention spéciale 2010 jeux vidéo(s) à Square-Enix, qui passe une année de merde mais qui semble quand même un peu le chercher. Entre un Final Fantasy XIII que je découvre suite à son passage flash à 20€ à peine six mois plus tard, un Final Fantasy XIV détrônant All Points Bulletin au top du plus beau gadin massivement multijoueur, un Front Mission Evolved déjà oublié, y'a pas à dire, ils se démènent. Pas de violence gratuite dans mes propos, tant je crois qu'ils le cherchent un peu, par exemple en sous-traitant FFXIV aux chinois. Anecdote toute fraîche d'un récent salon de jeux vidéo(s), lors de la démo de Deux Ex Human Revolution (prologuée par un Julien Chièze qui sait fort bien parler la bouche pleine) : le démonstrateur quitte son bureau pendant la présentation, Dual Shock en main, pour jouer sur le grand écran, et accessoirement prouver que c'est du temps réel. Le jeu plante lamentablement et ils finissent par s'excuser. Pas grave, me dis-je, retournant à la séance suivante pour voir ce que le crash m'avait fait manquer. Sauf que pendant la démo, le même démonstrateur effleure son ordinateur, révélant sur le grand écran une magnifique barre de progression Windows Media Player. Du temps réel fort bidonné, qu'ils sont arrivés à faire planter à la séance précédente.

 

L'état des conventions : les USA voyant leurs évènements fragmentés entre côtes Est et Ouest, c'est pas demain qu'ils dépasseront les entrées d'une Japan Expo fort centralisée sur le vieux continent et décidément plus gros évènement waponais hors Japon. Epitanime reste orienté hardcore avec des invités qui font du hentai pour arrondir leurs fins de mois, Paris Manga reste premier sur les contrefaçons, bref, rien de nouveau sous les cocotiers pour les otaques. Encore une spéciale dédicace du fail, cette fois avec Lovin' Japan : en discutant à la fin de l'évènement avec le grand manitou, je lui demande s'il y aura une seconde année. Réponse un peu tarabiscotée. Je reformule : "en bref, ça dépend si les huissiers viendront ou pas saisir votre grille-pain et votre chat". Il se met à rire pendant une seconde, devient silencieux et fait la moue avant de réaliser que je dis peut-être vrai. Ce n'est pas forcément mon genre de frapper quelqu'un à terre, mais quand on invite Yoshitoshi ABe pour lui faire dédicacer un T-Shirt et l'offrir devant ses yeux effarés à une foire d'empoigne dans le public à celui qui criera le plus fort ou quand on essaie de gonfler les entrées en faisant rentrer les jeunes à capuches qui volent les stands, c'est peut-être qu'il reste quelques trucs à apprendre.

Tout ce que je vous raconte sur les convs a déjà été balancé dans un podcast Epitanime jamais diffusé. Blâmez-les.

Côté jeux vidéo, par contre, y'a eu du changement : en l'espace d'une année, le Festival du Jeu Vidéo (organisé par la GamesFed) et le Micromania Game Show se sont fait retirer tous les éditeurs, sommés par leur syndicat, le Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisirs, de participer à l'évènement maison, le Paris Games Week, lancé le même week-end que celui de Micromania. Le FJV retomba sur ses pattes en n'invitant que des constructeurs de matériel PC et des indépendants, amis le public s'est senti dupé - à juste titre. Le MGS a été réduit à une seule journée après le PGW, greffé à ce dernier pour en récupérer les stands. Sauf que le Paris Games Week était en fait un PlayStation Games Week, organisé par un SELL dirigé par M. Fornay, ex-président de Sony France. C'est bien simple : il n'y en avait que pour eux, et les autres éditeurs présents étaient surtout là pour aider à payer la facture. Le tout étant plus qu'enrobé dans une très forte couche de suffisance et d'immaturité, et on ne peut que s'inquiéter pour une industrie représentée par pareil syndicat.

L'état de moi :

Au moins, la PS3 a une place, mais hey il joue à Rayman

L'éditotaku n'est pas là pour raconter ma vie, mais je peux quand même vous expliquer ce silence, même si la raison n'a rien d'original. Depuis plus de douze ans que j'entretiens un coin de web, ce dernier m'a accompagné alors que la vie réelle bougeait beaucoup. Un peu trop cette année, il faut croire ; et de toute façon, je n'ai pas vraiment eu accès au Net pendant la plus grosse partie de l'année. Il y a peut-être quelque chose de providentiel à ce que la Freebox soit arrivée hier, pile-poil pour cet article, un an jour pour jour depuis le précédent. Celles et ceux qui faisaient les conventions peuvent cependant toujours voir la peluche, preuve qu'elle n'est pas au placard. Et pour cause, vous pouvez voir que je n'ai ni placard, ni bureau, ni plein d'autres trucs importants, comme un siège - j'ai mal aux fesses. Et je tape tout ça sur un TypeMatrix (offert par Keul), et je n'ai pas l'habitude - aussi saurez-vous pardonner un article que je juge trop court et dépourvu de liens. Laissez-moi me meubler un peu et rattraper mon retard ; mais après vous avoir tant fait poireauter, je ne peux que vous remercier pour votre fidélité.

 

L'état d'IRC : hey, ça pète toujours autant la forme ! Dimanche soir, 21 heures, #editotaku@irc.nanami.fr, dood !