Par Smog ShadowSeth

Tiens, pour une fois je vais parler d'autre chose que de jeux auxquels personne ne joue dans un quartier libre. Pas facile aussi de trouver ce de quoi on ne parle pas sur ce site. Enfin bref.

Claymore, donc. Anime de son état, adapté du manga éponyme de Yagi Norihiro, se déroulant dans un monde médiéval pas franchement joyeux. Les humains vivent dans la peur constante d'agressions de créatures démoniaques appelées Yoma, ressemblant un peu à des loups garou dans leur mode de fonctionnement. Il préfèrent opérer la nuit et dévorent les entrailles de leurs victimes, avant de reprendre apparence humaine. Dans ce monde, seul une force armée parvient à les contrer efficacement: les guerrières que l'on nomme Claymores; créatures mi-humaines mi-yoma, capable de sentir la présence de ces derniers et d'utiliser leur force issue de leur condition d'hybrides et utilisant de larges épées à deux mains à qui elles doivent leur nom.

L'histoire commence alors que Claire, Claymore de son état, arrive dans un village ayant fait appel au service de l'organisation gérant les guerrières pour se débarrasser d'un yoma ayant déjà dévoré plusieurs villageois. Elle y fait la rencontre d'un jeune garçon qui contrairement au reste du village n'est pas terrorisé par sa présence. Car les sorcières au yeux d'argent, comme elles sont parfois nommées, ne sont pas vraiment bien vues des humains normaux, chez qui circulent suspicion, méfiance et crainte envers ces femmes à moitié monstre. Une attitude qui semble laisser de marbre Claire et les autres Claymores.
Chacun semble vivre dans son coin en surveillant l'autre, jusqu'au jour où Claire croise le jeune Raki, qui manifeste un vif intérêt pour elle.

Claymore n'est pas un anime comme on en voit (trop) souvent, avec des héros sauveurs et désintéressés ou encore autant un objectif noble à atteindre coûte que coûte. Ici, le monde est à l'image de sa condition: gris et ne laissant que peu de place à l'espoir, les jours pour sa survie se suivant et se ressemblants jusqu'a ce qu'on tombe sur de plus gros problèmes, soulevant enfin un début de quête concret. Tout, dans l'histoire, tend dans ce sens. Les claymores sont toutes des êtres formatées mentalement et physiquement, ayant toutes la même tête de dépressive je m'enfoutiste, qu'on distingue à peine les unes des autres par leur coiffure. Rares sont celles qui ont une personnalité bien propre, ou un objectif dans la vie différent que de massacrer un maximum de Yoma avant d'en devenir soi-même un une fois qu'elles ne pourront plus contenir leur part de bestialité au fond d'elle.

Ce n'est pas la joie, mais il faut tirer partit de la moindre petite lueur que l'on voit, quitte a y laisser des cadavres dans la foulée. Voilà à quoi pourrai se résumer le credo de Claymore. Certain ont dit qu'en cela il se rapprochait de Berserk; mais je ne m'avancerais pas là dessus n'ayant jamais lu le manga sus-cité. Ce que je peux en dire, c'est que la recette a été diablement prenante en ce qui me concerne. L'héroïne ne joue pas aux miraculées systématiques que l'on présente dans bon nombre de shonen; entendez par là qu'elle y laisse souvent des plumes en cours de route. Même si sa progression suit néanmoins la logique de montée en puissance des mangas du genre; si ce n'est que la progression est parsemée de pertes, de désillusions et de danger permanent pouvant venir à tout moment de n'importe où; des alliés comme des ennemis. On est, sur certains points du moins, loin des stéréotypes du genre. On n’échappe pas cependant à la méchante société corporatiste sans scrupules; n'hésitant pas à monnayer les services des guerrières qu'ils créent en injectant du sang et de la chair de démon dans les corps d'orphelines "recrutées" de force par des hommes en noir. Ou encore a envoyer au casse-pipe ses guerrières trop désobéissantes ou ayant vécu trop longtemps à leur goût.
On a aussi droit à quelques personnalités typique des personnages féminins de japanime. Mais pour ce dernier point, le paradoxe a été pour moi que celles qui étaient dotée de cette particularité apportaient un souffle d'air à l'histoire plus qu'elle ne la rendait stéréotypée. Car voir une boute-en-train au milieu de toute ces filles d'apparence dépressive, ou une Tsundere extrême répandre des insultes à chaque réplique et tranchant nettement avec "le reste", contribue grandement à nous rappeler que malgré toute la merde qu'il y a dans ce monde, il existe d'autres voies que de laisser faire. Et que les arpenter au milieu de tout ce gris sombre est ce qui fait l'intérêt de cette histoire.

L'anime se termine en 26 épisodes sur une fin ouverte, légèrement différente de ce qu'il se passe dans le manga au même niveau. Néanmoins l'histoire ne fait que commencer dans le manga, dont déjà 11 tomes sont paru au japon et 6 en France, chez Glénat. Le manga est en prépublication mensuelle sur le Shonen Jump.
Coté réalisation, l'anime a été pris en charge par le studio MadHouse, à qui l'on doit notamment la série des X de Clamp (ainsi que le film et les OAV de ce dernier)
Pas encore de licenciement en France, la série étant récente (lancée au milieu de l’année) ; mais elle fait partie désormais de la liste de vœux personnels, et j’espère sincèrement la voir arriver en France un jour ou l’autre.