Tout arrive. Il y a dix ans, je parlais encore à ma soeur et nous jouions ensemble aux jeux d'aventure. Day of the Tentacle, Les Chevaliers de Baphomet, Sam and Max - elle avait même adoré Leisure Suit Larry 7, c'est dire. Puis il y avait eu Sam and Max Freelance Police : son annonce, son annulation, sa sortie épisodique en anglais, donc inaccessible à la sus-nommée soeur. Prise en sandwich entre deux silhouettes en carton de Master Chief, la version francaise est sortie aujourd'hui. Et contrairement à la VO, le casting de la VF pour les héros (tous deux joués par Jean-Claude Donda) est de retour et toujours aussi bon. Voilà, dix ans et quarante euros (dans les 350 francs de l'époque) plus tard, le disque (accompagné d'un poster, youpi) est sur mon bureau. Pas besoin de faire une photo, sauf pour noter que nous avons une jaquette où Max tient son badge de flic et une batte de base-ball, autrement plus efficace que la tapette à mouches de l'illustration américaine. En parlant de badge, on note aussi un écusson célébrant le vingtième anniversaire du duo, qui est plus proche de ses vingt-cinq ans. Bah, on s'en tape, voilà une occasion de reparler à la frangine.

Coïncidence pour coïncidence, les disques durs hébergent actuellement une autre arlésienne vieille de dix ans, Team Fortress 2, arborant également un look cartoon en 3D fort atypique. On affiche toujours plus de polygones pour faire plus réaliste, et le seul design original que les graphistes osent encore risquer est le cell-shading. C'est d'ailleurs tellement rare que je ne crois pas qu'on se soit décidé à l'écrire avec un ou deux L. Sam and Max, héros de papier occidentaux, sont bien les seuls à avoir réussi la transition à la 3D : Largo Winch ressemblait à un boyscout, Thorgal et Druuna (ben quoi ?) n'ont jamais été connus, Hellboy s'est viandé (Cryo a d'ailleurs coulé peu après sa sortie), Lanfeust a peur de sortir (c'est pour novembre), et il a fallu beaucoup de temps(tatives) pour qu'Astérix arrive à faire quelque chose de sympa. Seuls les mangas, plongés dans cette soupe primordiale médiatique propre au Japon, passent aisément d'un support à un autre, facilement marketables et polymorphes (*).

(*) Ca y est, je suis prêt à écrire pour Les Inrocks.

Team Fortress 2 est équilibré, rapide et tout ça, mais une bonne partie de son attrait ne vient pas du gameplay proprement dit. Il y a fort longtemps, ses principales nouveautés tenaient dans le système de commandement (un joueur avait une carte générale pour distribuer des ordres) alors que le look était tout à fait classique. Le résultat final contient des armes aux fonctionnalités délirantes (un flingue aux munitions illimitées qui soigne à distance ?!), qui ne peuvent exister qu'avec un design tout aussi tordu. Voilà l'exemple parfait d'un habillage rendant service au système de jeu ! Pendant les parties, nombreux sont ceux qui disent se trouver face à un dessin animé interactif tant l'ensemble est vivant. Les personnages font des mimiques tout seuls, remercient les médecins sans que vous le demandiez, éclatent de rire en criblant les adversaires de balles... Bref, les emotes, jusqu'ici laissées à la charge du joueur, sortent sans lui et enlèvent tout coté "mécanique" - exactement comme Max qui fait des prouts avec ses aisselles et s'invite dans les conversations. Alors comme ça, pour avoir des jeux vidéo originaux, il faut forcément qu'ils aient une apparence différente ?



Pendant ce temps : Nolife a défoncé Elfen Lied. Extrait de la super critique : "Certains iront vomir, les autres passeront leur chemin."