L'editotaku a cinq ans. Yay pour lui.
Cinq ans de manga, de jeux pour pervers sadiques, de films et d'autres joyeusetés.

Pour ce qui est des mangas, on a à peu près tout lu, des séries pour attardés (remember les fansubbeurs de naruto), aux idoles (Haruhi ftw), en passant par les oeuvres pour adultes dérangés.

Mais dans tout cela, un genre particulier fut oublié. Et moi, Kaede, fière cavalière sur son blanc destrier, je me dois de réparer un tel affront. Parce que j'ai pas peur.
Ce genre oublié par notre raton national, c'est le josei. Bon, on peut comprendre que le sieur raton, équipé qu'il est d'une paire de chromosomes XY, n'était pas franchement enclin à jeter un oeil sur des séries faites par et pour des jeunes femmes.
Quoique, quoique, l'otaku chevronné qu'il est pourrait avoir eu envie de regarder de quoi il retourne exactement, rien qu'à fin de documentation, comme il dit.

Etudions donc ensemble le josei, pendant (pas de jeu de mots, merci) féminin du seinen, la violence en moins, parce qu'on reste des filles quand même. Mdt a présenté les otakettes dans un article paru hier soir. Grand bien lui en prit, à cela près qu'il omit de présenter une réalité à laquelle je suis confrontée régulièrement, quand j'entre dans ma librairie favorite: les otakettes jolies, jeunes, minces, et qui lisent des mangas de fesses pour filles.

Car non, les otakettes ne sont pas que des vachettes déguisées en soubrette lisant sans honte aucune des yaoi. Certes, de telles marchandises existent, mais de mon point de vue, même si elles représentent (hélas) la très grosse (là, vous pouvez lire un jeu de mots hahahahaha) majorité des fans féminines de mangas, elles ne représentent pas la totalité de la réalité de l'otakisme féminin, n'en déplaise à jpoptrash.

Et le josei est là pour nous le rappeler.

En la matière, mes connaissances sont loin d'être encyclopédiques. Mais il est pour moi un modèle du genre, une auteure qui a tout compris, j'ai nommé Yuki Yoshihara *amen et petits angelots qui tournent autour de ma tête en jouant du triangle et du tambourin*

Elle a, entre autres, commis les séries Ai Suru Hito *cours de séduction en 20 leçons*, et Darling *la Recette de l'Amour*.

Qu'ont donc ses séries de si interessant, et surtout de si passionnant pour que je veuille en parler dans l'editotaku? Et bien comme je l'ai dit, Yoshihara a tout compris. Triangles amoureux, scènes de nus, parties de jambes en l'air très joliment dessinées, blagues en dessous de la ceinture, et surtout, surtout, des héroines qui osent appeler un pénis un pénis, telle est la force des oeuvres de Yoshihara. \o/

Bon, on est évidemment loin des dialogues crus d'un Tarantino à base de "Answer the question, motherfucker" (au passage, allez voir Death Proof, un film qu'il est bien, et en plus vous adorerez les plans délicatement vicieux d'un Tarantino amoureux de la silhouette de ses actrices), mais ces mangas ont pour le moins le mérite de nous montrer un quotidien loin des guimauveries écoeurantes d'un Nana, ou de la délicate perversité d'un X.

Les héroines de Yoshihara sont folles, vraiment déjantées, mais terriblement charismatique. Dès qu'elles pétent un plomb, elles ont droit à un SD. Et des SD, il y en a un bon paquet, meilleur moyen, il est vrai de se cacher dans un pantalon d'homme quand on mesure à peine quelques centimètres de haut, et même si on a une grosse tête, ça fait tout à fait l'affaire (là, encore, pas de jeu de mots, merci)

Dans Ai Suru Hito, on a le cas classique et vaudevillesque du triangle amoureux. Là, l'amant ne se cache pas dans le placard, puisqu'il vit sous le même toit que les autre protagonistes.

Dans Darling, on nous conte les aventures d'un couple de jeunes mariés qui apprennent à se connaitre, et découvrent à quel point ils s'emboitent bien (ainsi qu'a quel point le slip kangourou peut etre délicatement excitant).

Ici, on est bien loin d'un Step Up Love Story, pas de leçon anatomique, on s'adresse à un public qui sait à quoi ça ressemble de mettre deux personnes dans le même lit.
On ne s'adresse pas à ces otakettes frustrées et pudibondes. Non, ici on s'adresse à un public qui n'a jamais ouvert un yaoi de sa vie, et conservera ad vitam aeternam la virginité de sa rétine en la matière (partant du principe que Clamp ne fait pas de yaoi, on est bien d'accord là dessus).

Les garçons passent leur chemin devant ses couvertures roses avec des couples peu vêtus. Les otakettes dérangées préfèreront zieuter du côté de la borne DDR ou du dernier truc yaoi sorti (désolée, j'ai pas de nom sous la main, là).
La lectrice occidentale (car je me base uniquement sur mon expérience personnelle, hein), elle, regardera la couverture rose, parce que c'est girly. Puis, elle retournera le bouquin, car il faut toujours lire la quatrième de couverture. Et là, on peut être sûre qu'elle chopera le virus, tant la quatrième de couverture pose déjà le décor, en caricaturant de manière pas franchement subtile la couverture originale.

Si vous avez une copine, que vous voulez qu'elle lâche ses mangas honteux, si vous voulez lui faire lire quelque chose de drôle, d'adulte, de déjanté, offrez lui du Yoshihara. Faites lui plaisir, et vous pouvez être sûr qu'elle vous le rendra.
Si vous êtes un vrai otaku, et que donc vous n'avez personne pour vous emmerder pendant vos visionnages de Shintaisou, offrez vous du Yoshihara, votre libido vous dira merci.

Ai Suru Hito tient en 4 tomes, Darling en 7. 11 bouquins de pure déconnade, de blagues potaches, de gags parfois un chouia répétitif, mais tout finit toujours dans la joie, la bonne humeur, et surtout, surtout, surtout.... sans aucune prise de tête, si ce n'est pour l'auteure, qui nous gratifie régulièrement de nouvelles sur son problème avec son voisin, son chat, et ses bouteilles de bière.

Je remercie H. de m'avoir fait découvrir Ai Suru Hito, après la tronche de 12 pieds de long que j'avais faite en lisant le premier tome de Stairway To Heaven.

Et je plagierait volontiers un québécois célébre, en disant: "depuis que le josei est entré dans ma vie... ben j'capote! "