Le sujet fut amené lors d'un de ces dimanche soirs, sur le canal IRC de l'éditotaku. Nordine (qui tient à rappeler que Russ Meyer's Super Vixens passe jeudi soir sur Arte à 00h50) venait de mater L'Echelle de Jacob, et il avait, je cite, "les chocottes". Un de ces films-qui-font-peur et qu'on-peut-rien-raconter-sur-l'histoire-sans-l'avoir-vu de peur de gâcher-la-surprise et dont les articles sur le Net qui en parlent sont à surtout-pas-lire-sans-l'avoir-vu. Puis j'ai trouvé le DVD, abandonné dans une de ces échoppes anonymes bouffées par une gargantuesque et grossière "chaîne de revendeurs de loisirs multimédias" peuplées de vendeurs ignorants. Micromania assume son bizness, les petits magasins assument leur passion, mais entre les deux, il y a ces détestables endroits à vous dégoûter des jeux vidéo et où on évite tout contact visuel avec les stagiaires censés vous "renseigner". Le disque traînait dans le rayon Occasions PC, à 4 €. Non, je n'ai pas de carte de fidélité Score Game et je t'ai donné l'appoint alors laisse-moi partir, pousseur-de-boutons-au-sens-propre-comme-au-figuré-sur-ta-figure.

Le pitch est simple, presque déjà vu : un rescapé du Viet-Nam qui a des visions toutes bizarres. Il y a quelques longueurs, mais ça va de pair avec ce type qui perd les pédales petit à petit. La fin est peut-être stéréotypée, mais l'ensemble est bien raconté et on a pas l'impression d'avoir perdu son quatuor d'euros. Et ça n'a l'air de rien, il y a quelques moments qui me font plaisir parce qu'on sent que les auteurs n'ont pas voulu tomber dans les clichés. Quand on demande au héros quelle est sa main directrice, tous les spectateurs pensent "on est au cinéma, donc il est forcément original et gaucher", et pour une fois c'est un droitier. S'il fait tomber ses lunettes au milieu d'une grosse scène de danse, forcément qu'elles se feront piétiner avant qu'il ait pu les récupérer (un des grands lieux communs des fictions, ça), et pour une fois, ben non, il les récupère sans incident. Sérieusement, c'est bénin mais ça aide à y croire ; tous ces petits indices qui rappellent qu'on est dans un film, un univers "spécial" où les gens sont gauchers et cassent toujours leurs lunettes, sont absents - alors on se met à y croire.

Dans ce film, tous les passages-qui-font-peur sont diablement bien foutus, et donnent effectivement "les chocottes". Au tout début du film, le pauvre type se retrouve dans une station de métro fermée et grillagée, a des visions d'hôpitaux tout aussi grillagés... Tiens ? Ca me rappelle une série bien connue du jeu vidéo, ça. GrosPixels en avait sorti une sacrée tartine sur le sujet : L'Echelle de Jacob est tout simplement la principale inspiration de la saga Silent Hill. Voire ; certains passages et mécanismes de trouille ont carrément été repompés par Akira Yamaoka.
Bref. Nous allons avoir droit au "vrai" film Silent Hill qui sort à la fin du mois (MISE A JOUR : article sur le film posté ici), réalisé par notre chouchou Christophe Gans (Crying Freeman et Le Pacte des Loups) qui a aussi pondu la deuxième (et la meilleure) des quatre adaptations des nouvelles de H.P. Lovecraft dans Necronomicon. Et pour poireauter intelligemment (autrement dit, faire autre chose que se retaper les jeux - je me force à finir le 4, faudrait presque utiliser un forceps), chasser ce DVD est une bonne idée. Edité chez Studio Canal.