Ridge Racer est une série propre à la playstation. Namco a certes sorti R:Racing sur Cube, mais il ne fait clairement pas partie de la série et il est quand même un peu naze. Ridge Racer, c'est une philosophie toute conne : un jeu de courses qui a manifestement été taillé dans le seul but d'être amusant. Pas réaliste, pas arcade, juste amusant. Les écuries, les circuits, les personnes sont fictives, tout n'étant qu'une grosse illusion de gamer symbolisée par Reiko Nagase, la virtua-pin-up de la série. Dans ce rêve, les voitures sont toujours originaires d'Amérique, d'Italie ou du Japon, parce que c'est de là-bas que viennent toutes les belles caisses, c'est bien connu. Faire des pointes à 367 km/h, des dérapages de quinze kilomètres, ne pas froisser la tôle, c'est amusant. Percuter des murs, c'est pas amusant, alors on rend quasiment impossible la moindre sortie de route - et si vous violentez une autre voiture, elle se met à rebondir comme une bille de flipper pour revenir sur le chemin. Parce que taper dans les autres, c'est pas amusant pour eux... et peu importe que ces adversaires soient des intelligences artificielles, parce qu'elles aussi ont le droit de s'amuser.

En soi, Ridge Racer n'est pas un jeu vidéo à challenge. Parce que perdre, ce n'est pas amusant. Pourquoi croyez-vous que cette série soit typique aux consoles de sony ? Ce constructeur a toujours vendu ses consoles en masse à base de titres faciles et qui en mettent plein les mirettes afin de râtisser bien large dans les rangs des acheteurs. Ridge Racer, c'est du plaisir et rien d'autre, sans la moindre prise de tête. La quintessence de l'esprit de la série, c'est indéniablement le suprême Ridge Racer Type 4 (yay pour l'import japonais avec en bonus, le premier Ridge Racer en versions originale et refaite avec le moteur de Type 4), probablement mon jeu favori sur playstation avec MGS et Silent Hill. Ridge Racer, qui honore chaque nouvelle playstation d'un opus à son lancement, est vraiment représentatif de l'image que sony veut donner de ses consoles : branché, sexy, facile à prendre en main, rapide et faisant fi de la concurrence. Ce qui était quand même un peu grossier quand le premier épisode doté d'un seul circuit s'est retrouvé nez à nez avec Daytona USA sur Saturn...
Et bon, Ridge Racer a quelque chose d'incroyable : l'intégralité de la bande-son troue le cul. Là encore, mention spéciale à Type 4, mais la version psp est un bonheur musical ; joie indicible, il y a même des morceaux originaux ou remixés des versions précédentes. Cependant, j'aurais pu faire sans le commentateur manifestement débauché chez Bemani qui n'arrête pas de sycophanter, mais un tour dans le réglage des volumes sonores règle le problème.

En soi, le mécanisme de dérapage de la série a probablement influencé le système ultra-l33t d'OutRun2 : on déclenche une perte d'adhérence avec un léger déclic du frein et on laisse une longue trace de gomme parfaitement contrôlée. Puis on réalise que le dérapage est également activable en double-cliquant sur l'accélérateur et qu'on peut donc jouer avec un seul bouton (real winners don't use nitro). Sauf que le dérapage d'OutRun2 est arcade, donc pas facile à maîtriser, et celui de Ridge est amusant pour tout le monde, donc simple et mystérieusement contrôlé par la console qui se fait un plaisir de mettre votre voiture en pilotage automatique jusqu'à la sortie du virage. Comme un gosse qui s'amuserait (c'est vraiment le mot maître de ce texte, vous avez remarqué ?) déplacerait sa voiture Lego dans un virage forcément parfait sur le sol de sa chambre. On peut même déraper pour faire un 360°, pour le plaisir, sans se faire dépasser par les adversaires et avec une perte minime de vitesse. Le degré zéro challenge, que je vous dis ! Mais c'est pour ça qu'on aime Ridge Racer : il n'y a pas de jeu de course plus facile et plus aisé à maîtriser, parce que tout le monde a le droit à un peu de fun à bord d'une jolie voiture dans un beau circuit, Reiko Nagase dans les gradins, et de la bonne musique dans les écouteurs. En plus, ça ne rame pas. Contrairement à R:Racing (et Ridge Racer DS dans une moindre mesure), cette version psp colle à fond dans l'esprit de la série - ce qui n'est pas bien dur vu qu'il s'agit quand même d'un gros remake assorti d'un portage. Ah si, ils ont ajouté les jauges de turbo qu'on charge avec les dérapages. En tout cas, il est pile comme je le voulais.