Depuis que Super Menteur a été remplacé par Jean-René Fourtou, les choses ont bien vieilli chez Vivendi Universal. Tout ce en quoi J6M croyait est vendu au rabais pour "recentrer l'activité" sur des choses plus classiques et qui font moins peur aux actionnaires. Jean-Marie le Messie croyait en l'Internet, la nouvelle économie, les télécommunications ? Ce sont des domaines qui ont aussi bien amené VU au faîte de sa gloire qu'à sa récente chute.
Alors on l'a remplacé par un "grey hair", un PDG qui est tout flétri de la peau (presque impossible à caser dans Paris-Match donc) et qui va revenir aux valeurs de l'ancienne économie. Il s'en est fallu de peu pour que Fourre-tout revende Canal Plus, d'ailleurs; la première réunion d'actionnaires devant Fourtou est d'ailleurs bien proche...

Et dans sa grande démarque, JRF (c'est moins sexy que J2M comme abréviation quand même) revend Vivendi Universal Publishing, la boîte qui fait des jeux vidéo. Bon, dit comme ça, on s'en fout comme de l'an quarante. Seulement voilà: dans VUP (qui détient la licence jeux vidéo de Lord of the Rings), il y a Sierra (Half-Life, Larry ou Gabriel Knight quand même), Fox Interactive (Alien Versus Predator 2, NOLF et les autres jeux Monolith), Naughty Dog (des jeux nazes mais qui se vendent, Crash Bandicoot ou Jak and Daxter, bon OK J&D c'est pas nul), et... Blizzard. Ceux qui font les jeux qui finissent en -craft ou en -blo.

Précisément, il fait quoi le Fourtou ? Il est gentiment en train de revendre un des plus gros éditeurs de jeux vidéo au monde (derrière EA ou Nintendo), pour la seule raison que c'est de la nouvelle économie. Nouvelle économie peut- être (20 ans d'existence quand même), mais qui rapporte, elle. Il s'agit de Starcraft ou Counter-Strike dont nous parlons là, pas d'une start-up revendeuse de calculatrices parfumées à la fraise.
Je ne sais pas si Vivendi Universal Publishing perd du pognon ou en gagne, mais ce n'est même pas un point à discuter. Regardez SquareSoft par exemple: depuis le scandale Final Fantasy VIII, tout le monde a découvert que tout ce qui est FF n'est pas or (d'autant plus que les jeux Square non-FF sont souvent meilleurs, allez comprendre pourquoi). Puis ils ont perdu énormément de fric dans la blague Final Fantasy "je porte ce nom juste pour vendre" The Movie. Et pourtant, c'est dans cette période que Sony a décidé de se payer un joli pourcentage (20 ou 40%, je sais plus. 40% je crois) de la société qui perd plein de fric et dont le Nikkei Times se moque chaque matin. Pourquoi ? Pourquoi investir du pognon dans une compagnie plus que largement déficitaire ? Réponse: pour la même raison que les - très nombreux - gamers encore assez cons pour se payer leurs jeux aveuglément: sur la boîte, y'a marqué Square Soft. Ca en jette toujours auprès de la concurrence de dire que l'on a une grosse part d'actions de Square, et ça sécurise leur position: eux ne risquent pas de l'acheter puisqu'on l'a déjà.

Or, Jean-René Fourtou joue mal: il est vrai que des tas de gros éditeurs vont se jeter sur l'aquisition de Blizzard ou Sierra. Il va se faire un joli pactole à la revente, mais après ? Il perd plus une source de bénéfices et de réputation qu'il ne gagne du fric. Certes, il a dit qu'il lâchait la nouvelle économie... S'il veut lâcher du fric par la même occasion, il se débrouille bien.