J'avais le choix entre passer le week-end à Marseille pour la Chibi-Japan-Expo-Sud-nom-à-rallonge ou entre potes devant Street Fighter IV. Les coups de fil réguliers de ceux qui choisirent la première option me confirmèrent que j'avais bien fait de prendre la deuxième.

Ohlalala, il écrit sur une convention sans y être allé, quelle déchéance

Au festival d'Angoulème, vous savez pourquoi Pika ou Kana avaient une présence rachitique et/ou inexistante ? Parce que Japan Expo leur coûte si cher que ça défonce leur budget annuel pour se rendre dans d'autres évènements. Ils sont présents par unique souci marketing, vu que leur stand ne leur rapporte même pas de sous tellement ils raquent leur race - d'ailleurs, sur la grosse vingtaine d'acteurs français sur l'industrie du mangasse et de l'anime, on n'en comptait guère cinq à Marseille. A Paris, malgré les visiteurs qui font des files d'attente délirantes pour acheter des mangas disponibles tout le reste de l'année dans n'importe quelle crèmerie, ils ne rentrent pas toujours dans leurs frais.

Vous vous demandez pourquoi les visiteurs y achètent des mangas-disponibles-tout-le-reste-de-l'année-dans-n'importe-quelle-crèmerie, hein ? Le public de la JE contient tellement de piratins téléchargeurs de scans et de fansubs que ces derniers considèrent véritablement cette convention comme ce qu'elle est : un gros hypermarché pour otaques. Quand vous rendez visite à un téléchargeur, sa chambre à coucher contient trois DVD originaux, une dizaine de mangas et une trentaine de posters HK : tout ça, c'est trouvé à Japan Expo. Ce sont leurs seules dépenses de l'année, leurs sous passant le restant du temps dans des DVD-R et des disques durs supplémentaires.

Japan Expo, Chibi ou pas, Sud ou pas, reste une grosse représentation de la scène française des fans de mangasses. Pendant la JE 2008, j'avais vu des éditeurs - effarés par le coût de leur présence - qui priaient pour que l'évènement ne dépasse pas le nombre de visiteurs de l'année dernière, car en cas de gros succès, ils se feraient encore plus violer par les organisateurs en 2009. 140 000 visiteurs cette fois, et ça continue à grossir... Tout cela sent la grosse bulle qui gonfle et qui ne va plus tarder à éclater - comprenez bien que par extension, je ne parle pas que de cette conv', mais de toute cette industrie citée supra. Industrie qui accueille encore de nouveaux acteurs alors que vos plus grosses boutiques n'ont plus de place pour héberger toutes les nouveautés. Quand un éditeur crève, ses employés en créent trois autres à la place.

Et pour en revenir à la JE, combien de temps avant qu'un Kaze ou qu'un Delcourt/Akata réalise que pour un stand à Japan Expo, on peut se payer dix stands à Epitanime/Paris Manga/etc qui rapporteront plus de sous pour une présence moins onéreuse ? Je ne sais pas si la SEFA (société organisatrice de la Japan Expo) a conscience que leur évènement vire à la bombe à retardement. S'ils passent leur temps à augmenter le prix des stands, c'est peut-être pour presser le citron jusqu'à la dernière goutte avant qu'il ne soit trop tard (probable), ou pour tenter de limiter la taille de l'évènement et le nombre d'exposants par la force du porte-monnaie (beaucoup moins probable).

Demander un prix à quatre chiffres pour un stand d'une pauvre table dans le coin des amateurs, ça montre ses limites. A Marseille, beaucoup de stands n'ont pas dépassé la taille minimale par manque de sous... et beaucoup d'autres ne sont pas venus à cause des devis délirants ; ils furent d'ailleurs recontactés par la SEFA deux semaines avant l'évènement qui leur proposait le même espace à 70% moins cher. Même pour une première édition dans le Sud, les tarifs étaient quasiment les mêmes que pour leurs évènements parisiens. Je repose mon téléphone : un exposant en train de faire ses cartons a bien senti que l'équipe organisatrice a rogné les coûts dans tous les sens. 

J'attends encore de lire les résumés des sites web qui s'y sont rendus, mais même chez les journaleux, je ne crois pas que beaucoup de monde se soit bougé les fesses. Peut-être qu'eux aussi sont restés chez eux à grogner contre l'IA impitoyable de Street Fighter IV, surtout qu'on doit se la farcir pour débloquer tout le monde.

 

Session IRC ce soir dès 21 heures sur #editotaku@irc.worldnet.net : on va surement parler Sanwa, Hori (j'ai un EX2) et autres combinaisons démoniaques. Venez papoter et jouer avec nous, y'a toujours de la place pour tout le monde.

 

Pendant ce temps : En parlant de Street Fighter IV, je fais inconsciemment le rapprochement entre le refrain de The Next Door (thème du jeu interprété par Exile, boys band bouffon par excellence) et celui de Junk Boy (thème de fin de Maze, un vieil anime inconnu de 1997), et c'est pas bon pour la tête de fredonner "don't touch junk boy, dame dame lonely boy" sur l'écran de sélection des personnages.

Pour son anniversaire, un pote WoWeux veut que je lui offre une monture zhévra, ce qui implique que je joue à World of Warcraft et achète deux mois d'abonnement. Et j'ai besoin de vous pour la première condition : qui veut créer un compte tout neuf où je lui paierai les deux premiers mois en plus du mois offert ? Si vous avez envie de rejoindre 11 millions de moutons, passez sur la session IRC et on s'arrangera.

Le rétrogaming, c'est bon pour l'histoire des jeux vidéo - demandez à l'association MO5 - qui a toujours besoin d'un coup de main. Même si un éditeur oublie un titre, les fans peuvent encore y jouer longtemps... sauf dans le cas des MMO. Il ne reste qu'une semaine à vivre à Tabula Rasa, après quoi il disparaîtra à jamais dans les limbes. Vous pouvez encore aller y jeter gratuitement un oeil, ne serait-ce que par curiosité morbide.