Whee, on se décide enfin à écrire un article sur la fin de cette série... Tout arrive.
26 épisodes scénaristiquement bien équilibrés, sans bouche-trou et avec un beau final. Certes, la qualité de la production s'est quand même essoufflée sur le dernier quart: c'était particulièrement visible sur l'animation, contrastant avec les seiyuus qui ne se sont jamais relachées. Avoir une image un peu fade et un vocal superbe, tout le contraire de ce que les doublages français nous ont fait subir, ça surprend... Enfin. A part ça, le côté technique était plus que correct: couleurs nettes (à part les backgrounds un peu baveux), musique jazzy toujours aussi sublime (Taku Iwasaki!), openings et endings retouchés.
Côté scénario, le grand univers RoD continue à se fournir tout en s'embriquant avec ce qui existe déjà: six romans, quatre mangas (plus deux de Read or Dream), une OAV en trois épisodes, un CD de dramas... Et on pourrait s'arrêter là. Tout fan que je suis, autant j'en redemandais après l'OAV, autant on peut penser que tout a été dit après cette série TV. Chaque personnage a eu sa dose d'antenne (à part Maggie peut-être? Mais cela colle à son personnage fort taciturne et discret), et j'ai eu ma dose de saignements de Nenene.

Episode préféré? Le 9 (“Le Crépuscule des Ténèbres”), où les soeurs Paper croisent le chemin de Drake Anderson dans un onsen. On y trouve tout ce qu'il faut (y compris de la nudité) et c'est le moment où l'on commence à comprendre que les rôles de chacun ne sont pas aussi clairs qu'on le croit - le tout bouclant sur une ambiance bien sombre qui tranche avec le début plus léger de la série.
Mention spéciale pour un passage de l'épisode 24, où Yomiko Readman tente de réconforter Anita: le genre de rôle confié à n'importe qui d'autre que la pire biblio-maniaque du monde, et elle s'en sort pourtant très bien; toujours est-il que je ne m'y attendais pas du tout.

A la façon du feeling RoD croisant les vieux James Bond aux pouvoirs surnaturels, la trame emprunte des canons de Japanime tout en réfléchissant sur des thèmes peu communs pour ce média. On trouve donc de classiques manipulations génétiques ou légers conflits familiaux (et même quelques tentacules!) face à des réflexions sur le savoir ou la paix. Qu'est-ce qui est mieux, des peuples éternellement en guerre car ayant des cultures différentes, ou un monde en paix n'ayant qu'une seule connaissance universelle? Il est même question dans un épisode d'un langage commun, faisant penser à la novlangue de 1984. C'est une marque de fabrique (en voie de disparition?) de l'animation japonaise d'avoir des opposants aux héros qui ne confinent pas au manichéisme stupide, mais qui ont des raisons précises et valables pour casser des dents: RoD TV en est une illustration. Le camp en face des soeurs Paper démontrera jusqu'au dernier épisode un fanatisme bien plus compréhensible que malsain; ça fait réfléchir et c'est tant mieux.
Et puis tiens, parlons-en, de ce final, et tant pis si je dois jouer de plus belle sur la corde raide pour en dire le plus possible sur un anime tout en en dévoilant le moins possible. La série TV a opposé sa progression lente de 26 épisodes aux trois épisodes de l'OAV pleins comme des oeufs; les formats sont différents, ainsi sont les buts, et les deux dernières fournées le prouvent - pareil pour les 2 à 4, on a connu des débuts plus énergiques pour garder son public... Alors que tout le monde s'attend à 2x25 minutes d'explosions dantesques (à l'image des 12 et 13 de milieu de saison) et même si leur quota réglementaire est rempli, une bonne partie du dernier opus est dédiée à ce qui sera la clé de leur réussite: les livres. Jusqu'au générique, les auteurs tenaient à rappeler que c'était le sujet premier de RoD et que les explosions n'étaient que secondaires. Tant mieux; on a trop l'habitude de subir l'inverse.