Par Jashugan.

Disclaimer : Pour mieux savourer cet article, le chef vous conseille de déguster au préalable un petit apéritif de Maïté, pour imprégner ses papilles auditives d'un léger accent du sud qui conviendra parfaitement avec le plat du jour, présenté dans les mêmes tons fleuris de thym et de romarin.
Bon appétit (bien sûr).


Bonjour, bonjour, gastronomes de tous les horizons, bienvenue dans notre émission culinaire hebdomadaire.
Alors aujourd'hui Micheline, je vais vous gâter, car je vais vous parler de la fameuse technique de cuisson que tous les grands chefs nous envient, je veux bien entendu parler de la Cuisson à la Flamme ! Fameuse car elle permet de faire ressortir toute la saveur des aliments, à partir de quelques gestes simples à retenir.
Et pour cela, quoi de mieux qu'un bon exemple Micheline ? Plusieurs bons exemples, vous avez tout à fait raison. Et c'est pourquoi je vous ai concocté quelques petites recettes idéales pour apprendre les bases de cette méthode révolutionnaire.
Présentation, c'est parti.


Le secret de la Cuisson à la Flamme repose sur une constatation très simple : plus l'aliment est frais, plus délectable il sera. C'est pour cela que les plus grands préparateurs ont inventé une technique toute particulière, qui consiste à allier la chasse et la cuisson. On ne peut pas faire cuire aliment plus frais que celui qui s'enfuit lorsque vous l'approchez de la casserole !

Comme il est plus simple dans ce cas d'approcher la casserole de l'aliment, ces astucieux cuisiniers ont inventé la rôtissoire portable :

Lance-flammes


Et suite aux divers problèmes de combustion de toques et pertes de sourcils, ils ont aussi pensé à la tenue adaptée :

Pyro


Pratique et confortable, elle offre une protection contre les retours de flamme sans pareille, et protège aussi des rayons UV nocifs pour les peaux délicates. Il y a même des petits rangements à l'avant pour les épices et les aromates, comme c'est bien fait ! Le seul problème, c'est le masque déclaré obligatoire par l'Association de Règlementation de la Chasse à la Flamme, qui n'est pas très coquet et étouffe la voix, comme si on portait une cagoule trop serrée. Mais à Rome, fais comme les Romains, n'est-ce pas Micheline ?

Maintenant que vous êtes bien équipés, il va vous falloir obtenir les précieux éléments de base de nos petits plats. Je m'en vais vous donner les secrets d'une approche réussie pour remplir votre panier le plus vite possible et sans bobo.


Le braconnage

Il y a pas mal de gibier convenable pour une bonne chasse à la flamme : chevreuil, sanglier, mouton, bœuf, éléphant, tortue ... Mais la viande la plus adaptée à ce traitement reste encore la viande de Joueur. Le joueur est un animal bipède et omnivore, qui se déplace généralement en troupeau hétéroclite de plusieurs familles différentes. Les joueurs sont farouches, territoriaux, et n'hésitent pas à attaquer quiconque s'approcherait de leur abri. Ils passent leur temps à roder autour de ce dernier, ce qui confère à leur chair l'élasticité idéale pour le traitement que nous allons leur faire subir.

Ils sont vraiment intéressants à étudier ces Joueurs, Micheline, et en plus ils brulent très bien. Mais ce qu'il y a de plus surprenant voyez-vous, c'est qu'il en existe deux espèces principales, Caeruleus Fatuus à la robe azurée, et Puniceus Hebes aux reflets pourpres, qu'ils se détestent cordialement, et qu'ils passent leur temps libre à gamer s'attaquer sans raison particulière.
En bons chasseurs, nous allons en profiter pour nous infiltrer dans leurs nids, là où ils élèvent leurs petits, les journeaux. Et les journeaux, ça s'enflamme sans effort !


Ouhhh, des côtes de porc !


L'infiltration

Méfiants par nature, les joueurs ne sont pas faciles à approcher. Tout d'abord, il va falloir vous déguiser vous-même en joueur. Une fois choisie votre couleur, prenez l'instrument adéquat : les bleus ne marchent que sur les rouges, et inversement. Je ne sais pas trop comment tout cet attirail fonctionne, mais c'est bien pratique pour ne pas éveiller les soupçons de ces animaux chafouins et agressifs, qui n'hésiteraient pas à vous attaquer dans le dos.

Il va ensuite falloir s'infiltrer dans le nid sans être vu. Vous me demandez pourquoi ? Eh bien, c'est très facile : depuis le temps qu'on les cuit à la broche directement chez eux, les pauvres, ils ont pris la sale habitude de s'équiper de moyens de défense. Et comme ils ne font pas dans la demi-mesure, c'est au lance-roquette qu'ils nous accueillent ! Ahh, ça mérite bien un passage au four, vous ne trouvez pas ?

L'essentiel, donc, est de ne pas emprunter les sentiers les plus foulés, mais de contourner, de prendre à revers, d'utiliser toutes ses ruses de trappeur pour qu'ils ne s'aperçoivent qu'ils sont cuits (ho ho) que lorsque l'inévitable se produit. Et si vous avez tout suivi, vous aurez compris que le meilleur moment pour la cueillette, c'est lorsqu'ils jouent avec leurs petits amis d'en face. Occupés à ses crêper le chignon, vous les ferez suzette en moins de temps qu'il n'en faut pour préparer la grand-veneur.
Et si, sur le coup, toutes ces belles gazelles cèdent à la panique et déguerpissent à toutes jambes, n'hésitez pas à les assaisonner de quelques pruneaux, pour une dégustation future.


La traque

Il arrive parfois que l'on croise des spécimens sur le chemin, qu'ils nous remarquent dans notre pourtant très discrète tenue de pizzaïolo en caoutchouc, et se mettent en tête de ne pas se laisser tranquillement servir pour le diner. Là, plusieurs choses sont à savoir en fonction de votre proie, car elles ne se valent pas toutes.
Il y a les gros patauds, les balourds de la place, qui se déplacent tels des gastéropodes valiumisés, et qui se sentent le besoin de compenser avec un gros calibre. Ceux là, ma chère, il faut les fuir le plus possible. Si vous n'avez pas l'occasion de prendre votre allume-gaz à votre cou, utilisez la technique du tourne-broche : faites dorer uniformément de tous les cotés en tournant autour alors que l'information de votre présence est encore bloquée entre leur œil torve et leur -délicieuse en pâté- cervelle de moineau péruvien. Les spécialistes du milieu, dans leur jargon professionnel, appellent ça le circle-strafe, ce qui signifie en anglais, si je me souviens bien, éléphant tournant au feu de bois

Choisissez bien votre prochain repas. Certains sont plus durs à piéger que d'autres car ils sont fourbes. D'autres au contraire, comme les nains geigneurs, sont bien plus faciles, mais peuvent être accompagnés de leurs chiens de garde. Attention à ne pas vous faire mordre, ces cabots n'ont pas les crocs très propres. Notez bien la place de leurs niches, au cas où un petit malin voudrait vous y mener en se sauvant. Eh oui, y'a pas écrit bécasse ici !

Et il y a le fameux, le met le plus délicat, la rolls des buffets, mais nous en reparlerons tout de suite après une page de publicité. Je vous en ai ramené un déjà prêt, sentez-moi ce fumet Micheline !

Ah, un dernier point avant la pause : si vous rencontrez un concurrent, n'hésitez pas, et faites-lui sentir qu'ici c'est vous le maître. Un combat d'usure se lance en général entre les deux opposants, et l'expérience dans le tourne-broche fera alors toute la différence.


Rôtissoire 2000, le meilleur pour les soirées vraiment hot !


Bien, nous revoilà après ces quelques réclames.
Je vais maintenant vous révéler deux recettes de ma composition, spécialement étudiées pour mettre en valeurs les particularités étonnantes de notre ingrédient du jour. Mais ne je ne vais pas vous faire languir plus longtemps, place à la première recette :


L'espionnade flambée

Je vous l'avais promis, voici que revient le sujet sur le joueur le plus apprécié par les vrais gastronomes : le cameléspion. Les membres de cette famille sont dotés d'une capacité étonnante, celle de changer leur apparence en fonction de leur environnement. S'ils ne peuvent pas gober les mouches à la vitesse de l'éclair, ils peuvent en revanche se faire passer pour un représentant du nid adverse, ou carrément disparaitre à la vue de tous. Et tout ça pour échapper au chasseur de joueur, friand de viande de cameléspion, la meilleure de par le monde.
Mais comme tout animal doté d'une intelligence assez limitée, il ne peut lutter face à l'instinct, et nous allons utiliser tous ces atavismes pour lui préparer quelques petites surprises.

Les joueurs, bien que beaucoup pensent le contraire, sont des animaux très sociaux, qui vivent en meute. De même le cameléspion, quand il se déguise, tend naturellement à se diriger vers ses nouveaux semblables. On le retrouve donc souvent dans le mauvais nid, tentant de copuler avec tout son entourage proche. Mais comment faire pour débusquer cet fieffé animal parmi ses congénères ? Souvenez-vous, je vous en ai parlé au début de l'émission. Eh oui, comme je vous l'avais précisé plus tôt, l'outil que vous tenez dans vos mains ne brule que les joueurs de la couleur opposée !
Passez donc sans hésiter tous vos homologues au chalumeau géant, et l'un d'eux prendra peut-être feu, marquant le début des festivités.

Le cameléspion a une deuxième lubie. Il semblerait qu'un dérèglement hormonal héréditaire soit la cause d'une irrémédiable pulsion zoophile qui se déclenche à chaque fois qu'un membre de cette espèce croise un des chiens de garde des nains geigneurs. Il devient alors capable de tout, et tente par tous les moyens possibles de satisfaire ses instincts primordiaux.
Il vous suffira alors, si vous êtes plutôt pêche que chasse, de vous poster près d'un de ces points chauds, et attendre que le bouchon plonge. Un petit coup de napalm au passage lors de vos pérégrinations est aussi un bon moyen de vous assurer de la pérennité de l'espèce, et participe à la protection contre la maltraitance des animaux.


Le potes au feu

Cette recette, bien que succulente, n'est pas à mettre entre toutes les mains. Elle est assez difficile à réaliser, et peut être dangereuse. Veillez à bien respecter les consignes avant de vous lancer tête baissée dans cette tâche.
Les joueurs sont très territoriaux, on ne le répètera jamais assez. Ils défendent jalousement leurs possessions, et sont obsédés par la conquête. Une de leurs techniques préférées pour marquer un territoire est de se placer en bande sur un point d'eau. Indispensables à la survie de l'espèce, ils sont très prisés, et concentrent une population importante lors des prises. Ces évènements sont généralement festifs, et l'attention se relâche à mesure que les joueurs se détendent.
C'est là que vous intervenez.

Soigneusement caché dans les fourrés, à l'abri des regards, il va falloir s'approcher sans se faire remarquer, doucement, face au vent, jusqu'à pouvoir sentir l'haleine des fauves. Se déroule alors la phase la plus subtile : déboulez sur le point, tel un chien dans un jeu de quilles, et pratiquez la technique suprême des tourne-brocheurs : le méchoui pour quinze. Si l'effet de surprise est bien calculé, vous devriez pouvoir festoyer d'une bonne demi-douzaine de spécimens différents, à remuer dans une grande marmite pendant quelques longues secondes. Rien de tel qu'un bon potes au feu pour se redonner des forces.


Voilà, notre émission culinaire touche à sa fin. Pour finir, je ne saurais que vous conseiller ces quelques sources d'informations pratiques pour qui veut se lancer dans la Cuisson à la Flamme :

- Un bon reportage sur un chasseur débutant, lors de sa première sortie en conditions réelles : Ignis Solus
- Un documentaire sur un expert cette fois, qui vous apprendra tous les tenants et aboutissants d'une bonne chasse : How to play the Pyro
- Un manuel très pratique pour apprendre sans se fatiguer : Pyro
- Et une attention particulière à Gérard, napalmoculteur de son état, qui m'a envoyé une photo exclusive de la 3ème convention mondiale de la Passion de la Grillade, un tel élan d'enthousiasme, c'est assez émouvant : photo

Merci à tous de nous avoir suivis, et à la semaine prochaine.



C'est prêt ! (un scout, ça l'est toujours)
Bon appétit !