Ca va être très dur de l'avouer, mais voilà: le mag Game Fan me déçoit à en crever. On a récemment eu l'occasion de discuter à nouveau de l'état de la presse jeux vidéo ou japanime: de la merde, majoritairement. Le fabuleux Gaming avait pris le meilleur du fanzine sur le Web et de son britannique inspirateur Edge, pour disparaître après 6 numéros. Voilà donc Game Fan, l'indépendant/alternatif nouveau (et transfuge plus généraliste d'Arkadia) qui va chercher sa recette dans un autre magazine anglais, Games TM. Le principe étant donc d'avoir une revue "normale" de jeux vidéo ainsi que deux plus petites consacrées à l'arcade et aux vieux jeux (pis aussi une zone pour les RPG), avec leur propre couverture et tout le reste. Une autre racine avouée est le feu et français Player One que nombre d'entre vous ont sûrement dû lire.

Dit comme ça, on serait presque aux anges: converture "faite maison" comme à l'époque de Player (qui étaient concoctées par Olivier "Aquablue" Vatine), maquette pondue par Fabien "The-Sugoi.com" Vautrin (voilà pourquoi il a fermé le site!), des astuces qui ne se limitent pas à ce qu'on trouve sur le Net mais carrément des guides de combos pour Yoshimitsu dans SC2, beaucoup d'import. Presque pas de pub.
J'attendais ce deuxième numéro pour m'exprimer. Et quand on ouvre le mag', bonjour le spectacle! Des fautes d'orthographe et de grammaire partout (mais qui sont ces correctrices anonymes?). Le papier tellement fragile qu'il ne passera pas la fin de l'année - pour un prix inférieur à ses concurrents (4€50), mais plus cher que Gaming et pour moins de pages (une centaine. 116 annoncées pour le mois prochain). Couverture bien moins belle que le premier numéro. C'est bien joli de vouloir se faire une identité, mais quand on a des testeurs qui se surnomment de façon aussi originale que "Ryo Saeba" ou "Link", ça n'arrange pas les choses. Surtout quand on se prend bien la tête: "imaginons que vous êtes comme moi, les super pouvoirs en moins"; "la consigne de notre patron qui, eh mais attendez, c'est moi le Boss", etc. Pour les influences, c'est excellent d'en avoir, surtout quand elles sont aussi illustres que Player One, mais ce n'est pas pour autant qu'il faut les repomper: sur Mister Bison de Street Fighter, il y a la remarque "R.I.P Raul". Référence à Raul "Gomez Addams" Julia, dont le rôle de Bison dans le film avec JCVD fut le dernier: elle est tirée texto d'un Player One (et oui, à force de les relire on finit par les connaître par coeur!). Le débat "Pour ou contre l'émulation", aussi stérile que "Pour ou contre l'éjaculation faciale", évitant les vraies causes et utilisations des émus (nommément, la (re)découverte de jeux rares, chers ou jamais traduits à l'époque). L'encadré sur les jeux vidéo mettant en scène des pompiers, presque copié sur un sujet publié il y a quelques semaines sur GameOne. Des anglicismes abusés (au point de ne plus rien dire: "NTSC UE?" On écrit "US" ou "EU", mais pas UE qui signifie "Union Européenne"!). Des tests Xbox qui se comptent sur les doigts de la main, et carrément pas de test GameCube - expliqué dans l'édito par manque "de matière qui corresponde à [leur] ligne éditoriale". Parlons-en, de leur ligne éditoriale de tests! Elle regroupe "tous types de jeux, hors RPG, support arcade et rétro". Le portage Xbox de Metal Slug 3 ou PS2 d'OutRun (surtout qu'il est issu de la gamme Sega Ages) n'auraient-ils pas mérité d'aller dans les autres zones du magazine pour laisser place à d'autres titres plus récents, voire sortis chez nous? Uniquement deux tests européens - qui plus est, pas les meilleurs: Driv3r et Dark Project 3 - tout le reste étant importé! Quitte à autant parler du marché étranger, autant faire une rubrique anime...

D'un autre côté, il y a quand même beaucoup à sauver dans le mag: les dossiers fort complets sur le hardware NES, jeux de course ou NeoGeo; le mini-mag Arkadia, concentré idéal de son ancien format; les tests signés Fab', fidèles à ce qu'on lisait sur le Sugoi (sans fautes, avec des intertitres qui se suivent, complets), et c'est à peu près tout. C'est léger, pas assez condensé (sauf quand la maquette vire au bordel tout écrasé dans les News), et un feeling franchement semi-amateur tendance FJM Publications (niark niark). Orphelin de Gaming et n'ayant que Canard PC pour apporter mon tribut à l'éradication des forêts, Game Fan - dont le titre est lui aussi repris d'un excellent mais défunt site web ricain - a pour l'instant beaucoup de mal à justifier ses 4,50€. Et ça me fait mal: c'est vraiment un magazine que je veux aimer, quitte à participer à son effort de guerre s'il le faut. On a perdu Gaming et voilà qu'une nouvelle chance d'avoir un indépendant plus adulte que la moyenne arrive; pas question de la laisser passer! Que les avis soient entendus, qu'ils gomment ces erreurs de jeunesse et advienne que pourra!