Il est 6 heures du matin, et je viens de nuiblancher sur Metal Gear Solid 3, tout juste terminé. En tant que jeu vidéo, ça n'en valait pas la peine. En tant que film, un peu plus.

MGS2 m'avait passablement gonflé par son gameplay, et je m'étais littéralement forcé à le terminer, comme une corvée nécessaire dans la vie d'un gamer. Corvée dans le jeu : notez le paradoxe. Après Shadow of the Colossus, je continue mon exploration des gros jeux de la ps2 avec une console de prêt et des disques achetés çà et là.

MGS3 est le premier jeu à me faire rugir de rage après 30 minutes de jeu depuis, pfou, MGS2. Cette caméra qui ne montre rien, ces gardes mi-débiles mi-devins, cette maniabilité de pieuvre, ces interruptions incessantes, ces sanctions incompréhensibles... La caméra ? Quand les fans matent MGS Portable Ops et MGS4, ils disent "c'est la caméra de Subsistence", avec du dégoût dans la voix, comme si la vue du cuir chevelu de Big Boss était la vraie manière de jouer à MGS3. Après tout, Subsistence est devenu introuvable. Je veux juste voir ce que Kojima a pu inventer en matière de gameplay innovant et de scénario complexe, pas me battre contre un système de jeu punitif qui se fout de moi.

C'est clair que depuis Chaos Theory, la licence Splinter Cell a dépassé le maître.

Je n'ai aucun respect pour MGS2, qui a au moins eu le mérite de m'avoir préparé pour MGS3, qui est vraiment tout aussi énervant. Alors j'ai cassé la règle de la maison : j'ai joué en Easy. J'ai pris le jeu pour ce qu'il est, un gros film où le héros gagne à la fin. Big Boss encaissait les balles comme des piqûres de moustique, ne se fatiguait jamais et laissait derrière lui des alarmes assourdissantes. Le gameplay consistant à guérir soi-même ses blessures devient un automatisme idiot désinfectant/ablation-de-balle/coagulant/pansement. Rien à cirer de The End, j'avance l'horloge interne de la console d'une année pour le faire mourir de vieillesse. Aucun respect, je vous dis - même les habitués en bavaient comme des crevards. Je voulais juste savoir comment Big Boss était passé du coté obscur de la force, abandonnant les luttes de pouvoir de la Guerre Froide pour créer Outer Heaven. Manque de pot, c'est raconté non dans Snake Eater mais dans Portable Ops, sorti de ma psp après deux heures de jeu. Faudra que je retente, tiens.

Donc, j'étais là pour la narration et le gameplay innovant. Innovant, hein, les idées tordues de Kojima genre Psychomantis dans MGS, le capteur solaire de Boktai, le Menacer qu'on garde sur les genoux pendant Snatcher en cas d'attaque surprise, vous voyez le genre. Parce que le gameplay pas innovant, le Tactical Espionage Action punitif et à la caméra relou, j'en ai déjà parlé plus haut, les rugissements de rage, tout ça. Gameplay innovant : content. Narration : très content. Tu m'étonnes qu'il y ait des montages de fans des cinématiques (dont un officiel pour MGS3, fourni dans Subsistence et faisant plus de trois heures) tant le montage et la 3D sont exquis. Ensuite, bon, je comprends pas du tout ce qu'ils ont voulu faire de Revolver Ocelot, qui est devenu le perso de jeu vidéo le plus exaspérant depuis 343 Guilty Spark ; j'ai tenté de le saigner dès le début du jeu, et paf, Game Over dans la gueule pour cause de, je cite, "paradoxe temporel". Au final, meilleur que MGS2 - pas bien dur - mais trop ciblé hardcore-Kojima-fanboys pour être intéressant à jouer. Regardez un pote faire une partie et remerciez-le du spectacle en vous occupant du pop-corn au four micro-ondes.