Vous aimez Keiji Gotoh? Pas étonnant. Auteur de Gate Keepers, designer prolifique (Martian Successor Nadesico, Those Who Hunt Elves, Hyper Police...), réalisateur de l'intro culte d'Himiko Den ou de Kiddy Grade (tout frais sorti en France chez Déclic), le monsieur a tout pour plaire. Et voilà son dernier bébé: Uta~Kata (il réalise et sa femme est officiellement en charge du chara design). En fait, c'est pas un tilde (~)qu'il y a dans le titre, mais un symbole tout bizarre qu'il faut chercher longtemps dans les tables Unicode (∽).

Scénario en trois coups de cuillère à pot: gentille fillette de 14 ans toute innocente rencontre fille excitée de 14 ans sortie d'un miroir, avec moult pouvoirs magiques et sous-entendus lesbiens de circonstance en cette bien étrange saison d'animes. S'il y a un truc que je n'ai jamais pigé chez Gotoh, c'est bien sa politique envers le fan service. Autant Gate Keepers soutient la pudique et stricte règle des culottes invisibles (juste un néant noir ou des jupes qui collent à la peau, quel que soit l'angle; mais une fois sur son site, Keiji ne se gêne pas), autant Kiddy Grade offre matière à se rincer l'oeil. Dans Uta-Kata, c'est la grosse artillerie qui est de sortie. Le moindre angle, la moindre image de la séquence de transformation (ne cliquez pas ici si vous êtes au boulot!), tout est bon pour le cochon.
Je l'ai déjà écrit par le passé: si R-L.net était amené à ajouter des notes dans ses critiques, le fan service serait un critère à lui seul. A savoir: les festivals de culottes et de seins bondissants aux sons rigolos obtiendraient la note maximale (Dead or Alive, au hasard), alors qu'un exemple de chasteté (Monster) se prendrait un zéro pointé - plus une échelle qu'une note à proprement parler. Le lecteur serait tout simplement amené à comparer son appréciation propre de cette pratique pour savoir s'il préfère voir une note élevée ou faible, cette dernière se calquant probablement sur son niveau de perversité.

Somme toute, le fan service est une ode au voyeurisme - remember Daphne In The Brilliant Blue! On vit sa vie, on regarde peinard un DVD et paf, plan général sur un triangle de tissu. Sur une échelle de 10, si vous êtes au-dessus du niveau 5, c'est à ce moment que vous attrapez la télécommande pour revenir en arrière et faire un arrêt sur image - voire un ralenti, le niveau 10 ayant déjà sorti les mouchoirs. On donne aux fans ce qu'ils veulement et basta, on a une histoire à raconter qui traîne sur le feu; quand on tombe dans les délires du studio Fantasia (Agent Aika ou Najica Blitz Tactics), le scénario est subordonné et on tombe alors dans la catégorie "Ecchi" (Amazing Nurse Nanako). Tout ça pour dire qu'Uta~Kata n'est jamais clair sur ses intentions. C'est regardable par des jeunes filles qui seront hermétiques aux - nombreux - angles de caméra douteux (surtout qu'elles ne savent pas utiliser la touche "Pause" sur la télécommande), mais également par des gens à la morale douteuse, le fan service de la série devenant suffisamment important pour en expliquer le visionnage. Deux publics antagonistes qu'on réunit rarement, chacun un peu mal à l'aise devant la chose. Les filles, parce que ça finit par se voir, toutes ces caméras à ras la moquette (laquelle, à vous de décider), et les (a)mateurs, parce que ça reste du mahou shoujo, que 14 ans, c'est un peu jeune (Rei Ayanami étant un cas à part pour son OrigGine Mutante et sa plastique qui l'est tout autant, ne m'envoyez pas en taule pour ça monsieur le juge), et que le fan service est trop visible pour être honnête.

Que se passe-t-il quand un pervers en invite un autre à regarder sa voisine à travers un trou dans la cloison? Réponse: l'invité se (ré)jouit. Réponse subsidiaire: je joue à Silent Hill 4. Que se passe-t-il quand le trou est assez grand pour y passer la tête, qu'il est trop gros pour être honnête? Réponse: l'invité hésite avant d'en profiter, et il se demande si son compagnon de vice n'est pas un agent de la brigade des moeurs. Pareil pour Uta~Kata: ça en devient presque malsain tellement on se sent maladroit, mal à l'aise devant l'écran. Dur d'apprécier le côté poétique de l'histoire à sa juste valeur, si juste valeur il y a; on parle de divinités de la nature, étant invoquées une à une au fur et à mesure des épisodes (avec transformation et costume de l'héroïne différents à chaque fois)... Le scénario se développe tellement lentement qu'on se demande si c'est par respect du Carpe Diem ou parce qu'il ne sert que de couverture aux nombreux sous-vêtements discutés plus haut. En bref, à éviter si vous êtes d'accord avec ma critique d'Aishiteruze Baby, à regarder dans le cas contraire ou si vous êtes juste camé au fan service.