(Ré)Visions d'Escaflowne 

Visions d'Escaflowne, y'a pas à dire, c'est une série super populaire. C'est produit par Sunrise, édité chez nous par Dybex, c'est passé sur Canal+, et c'est diffusé en boucle sur ABSat. Sur le papier (je veux dire "en apparence", bien qu'il y ait non pas un mais deux mangas bien mauvais), ça a tout pour plaire: Même mecha designer que Macross (Shoji Kawamori pour les endormis), Yoko Kanno pour la musique, univers heroic fantasy avec des robots qui se mettent sur la gueule (c'est quand même pas commun), et même un perso principal qui est une fille, chose plutôt bien vue pour un shonen. Quoi, y'en a qui doutent que c'est shonen ? Et les combats incessants de mechs, ils sont là pour faire joli, ou c'est l'histoire d'amour lourdingue qui joue ce rôle ? 

Pour les paumés, petit descriptif du scénario: une jeune japonaise qui passe son temps à tirer les cartes de Tarot pour ses copines et à baver sur le garçon le plus populaire de l'école. Hitomi Kanzaki (c'est l'héroïne, pas le mec, lui il s'appelle Amano. Oui, ça fait play-boy italien comme nom), se retrouve dans un univers pseudo-médiéval. Là, elle rencontre un prince suffisant, malpoli et jeune qui s'appelle Van Fanel, qui va se faire raser son royaume par les vilains-méchants. Et en plus, le Van, il a un gros mech qui s'appelle Escaflowne, sans blague. Par la suite, ils vont rencontrer un chevalier beau, blond et fort qui a sauvagement assassiné tous les coiffeurs qui se mettaient sur son chemin, et tous les trois vont s'embarquer dans un triangle amoureux à mourir d'ennui. Accessoirement, ils vont essayer de tuer les vilains-méchants et de ramener Hitomi chez elle, mais ce ne sont que des détails de l'histoire. 

Bon. Déjà, les plus fins auront remarqué cette sale tendance du scénario facile vu et revu sans innovations: une jeune japonaise se retrouve téléportée dans un univers médiéval-fantastique. Y'a 10 ans, Maze faisait déjà ça. Puis Escaflowne. Et maintenant, Inu Yasha. Y'en a plein d'autres, amusez-vous à les trouver. Donc, le scénario. Outre son incroyaaaaable originalité, il est bourré de rebondissements prévisibles (surtout quand une des machines utilisées dans l'anime permet de changer le cours des évènements et du futur), de clichés fatigants (oui Van, je suis ton frère supposé mort, et je suis passé du côté obscurrrr de la force !), et d'une fin que l'on a vue venir à l'horizon. Et le design qui nous offre les plus beaux nez de la Japanime... 

 

Mais le plus gros défaut d'Escaflowne (faites pas comme à la TV, prononcez bien "Escafloné"), c'est le caractère des persos. C'est bien connu, la psychologie et le background scénaristique sont les points forts des productions japonaises. Surtout comparé aux comics, car à part Frank Miller qui fut le premier à oser donner un cerveau à Batman, et les alternatifs comme Spiegelman, les héros US sont des décérébrés. Pour en revenir à l'anime qui nous occupe, les personnages ont la volonté et la capacité de prendre des décisions égales à celle d'une nouille. 

Hitomi (l'héroïne pour ceux qui suivent plus) est une idiote de base, passant chaque épisode à littéralement tirer son amoureux à pile ou face entre Van et Allen: pour qu'elle prenne une décision pour l'un ou l'autre qui dure plus d'un épisode, il faut que ce dernier la prenne en main (à tous les sens du terme). Cela pousse le vice jusqu'à réunir à un moment Allen et Hitomi qui s'embrassent sous la pluie, l'acte ayant été initié par... les vilains-méchants, "hypnotisant" les deux tourtereaux ! 

Allen, parlons-en: les seules choses qui soient intéressantes à son égard sont l'histoire de sa mère et de sa sœur; ces choses-là sont d'ailleurs racontées par d'autres persos, Allen se confiant rarissimement et toujours dans une séquence Kleenex, pour tenter de faire pleurer les filles devant la télé et Hitomi qui est devant lui. Il joue d'ailleurs le rôle (toujours envié dans un anime) du "meilleur-pote-mais-rival-de-toujours" de Van, ce dernier étant le "personnage principal". 

Ce qui nous amène à Van. Alors lui, le peu de psychologie dont les auteurs ont bien voulu le doter le rend détestable. Pour résumer, il est jeune prince d'une contrée partie en cendres dès le premier épisode. Vous sentez venir le héros qui doit en apprendre long sur sa vie, son passé, son rôle, blablabla. Et qui ainsi, en apprendra davantage sur lui-même, réalisant ainsi un des canons de la Japanime pour illustrer le passage de l'enfance à l'âge adulte. Moi, j'ai rien à reprocher là-dessus, d'autres animes font ça très bien (Evangelion est le premier qui nous vient tous en tête). Le problème, c'est que Van est gâté-pourri. C'est un gosse criard et nerveux, qui donne des leçons aux autres alors qu'il est le dernier à être capable de le faire, et qui use de son rôle de prince déchu pour obtenir ses caprices ("Hitomi, tu dois m'aider avec tes pouvoirs pour que je puisse savoir qui a brûlé mon royaume !"). Bref, monsieur Van à des choses à apprendre, mais un peu d'humilité et quelques baffes dans la gueule ne lui seraient pas de trop. 

Je viens de m'occuper des trois persos principaux, je vais pas faire les autres. Mais, rendons à César ce qui est à César: UN perso, lui, a plus de jugeote que tous les autres réunis. C'est Dylando. Ou Dilandau, c'est comme vous voulez. C'est un(e) des méchants, sorte de lieutenant avec des tendances sado-maso, qui se révèle (aussi bien à lui qu'à nous) une aventure et un passé des plus intéressants. Si l'on fait abstraction de la fin de la série, qui lui offre une happy end foireuse digne des contes de fées. Et en plus, Dilandau se voit offrir un soldat mi-homme mi-clébard au nom impossible à dire et à écrire (Jajuka ou un truc dans le genre, ça fait russe comme nom) qui est super cool ^^.

Et je ne parlerai pas du film, "A Girl In Gaia", qui fait une gaiden (univers parallèle) minable, où l'histoire change du tout au tout afin de tenir dans un film de 90 minutes. En bref: Visions d'Escaflowne est insupportable, avec une musique de Yoko Kanno qui a vraiment fait mieux ailleurs, avec ses combats insipides et un fil scénaristique qui l'est aussi car sans surprises, avec ses persos "têtes à claques" qui tuent la narration, cette dernière ayant un énorme univers qui a été gaspillé aux dépens d'une histoire d'amour comme on en a vue des milliers. Pas étonnant que ça ait cartonné en Amérique du Nord. Et dans les cours de récréation des jeunes adolescentes en fleur un peu partout dans le monde.

 

Raton-Laveur, peut mieux faire mais ne s'applique pas.

 Merci à Marc pour les corrections^^.

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