(Episodes 1, 2 et 3)

Au grand dam de mes amis, j'adore flâner. Et donc, rester dans le même magasin de jeux vidéo pendant plusieurs heures ne me gêne absolument pas, et il faut croire que mes habitudes d'acheteur compulsif ont convaincu les vendeurs de m'accepter dans leur échoppe.



Total Overdose tout frais sorti semble avoir obtenu une place de choix dans les consoles librement jouables. Enfin un jeu sans skateboard où le rock californien a sa place... Pour une fois, la pub ne ment pas : il s'agit bel et bien d'un GTA-like avec une ambiance mexico-cartoon, genre "Speedy Gonzales rencontre Tommy Vercetti" (le héros se nomme Tommy Cruz !). Alors qu'on est pris dans un gunfight en bullet time face à des guerrilleros avec un sombrero sur la tête, on se surprend à pousser des "caramba !" et autres injonctions latinos. J'étais en train de récupérer un sac de coke après avoir fait sauter un stand de burritos (dommage, c'est bon les burritos) et je disais "arriba, arriba !" en faisant un carton avec la portière grande ouverte. Depuis Redneck Rampage, on a pas fait mieux dans le délire des massacres débiles perpétrés quelque part dans une zone oubliée de l'american dream.



Quand les boutiques ne sont pas trop peuplées, on discute beaucoup - surtout si le patron n'est pas un attardé qui n'y connait rien. Là, j'étais en plein débat autour de la bande-annonce de MGS4 : tonton Snake moustachu, déchéance vers un Solidus Snake de MGS2 ou montée vers un Big Boss héréditaire ? Et qui nous dit que c'est vraiment Solid Snake ?



La conversation est interrompue quand un client veut passer à la caisse : le patron va passer le code-barres de la nouvelle acquisition d'un ado pendant que je retourne chiner quelques instants.
Au bout de 10 secondes, délai moyen pour boucler une vente, je m'en retourne à la caisse. Problème : le jeune veut acheter Total Overdose, mais il n'a pas 18 ans comme le préconise la jaquette.



"Alors, c'est moi qui le prends !", annoncé-je. Le jeune homme paie avec son argent, mais officiellement, je suis l'acheteur. Tout se fait devant le revendeur amusé, qui joue le jeu en soufflant un "pourquoi pas ?" Le garçon me remercie poliment, sort de son sac quelques jeux d'occasion pour financer son achat (sur le haut de la pile, il y avait le dernier DBZ Budokai sur ps2). Une fois ce petit manège terminé, les palabres recommencent, cette fois-ci autour de ces limitations d'âge. Dans sa situation, j'aurais bien aimé voir un mec jouer les grands frères devant le caissier... Je comprends parfaitement que le vendeur ne soit pas pressé de se retrouver nez à nez avec une maman excédée, mais la violence toonesque de Total Overdose est suffisamment caricaturée pour qu'un ado fasse la part des choses, hein ? Il avait quoi ce jeune, 16 ans, non ?



"Tu sais raton, il avait 13 ans".



Est-ce que ma bonne action s'est transformée en un maléfice ? La question me ronge encore.



(Tous les dessins de cet article sont © Marc Maggiori)