C'est suffisamment rare pour être signalé : j'ai acheté Guild Wars sur un coup de tête. En fait, c'est tellement rare que je ne me souviens même plus de la dernière fois que c'est arrivé : j'ai beau ne pas croire aux horoscopes, on y lit que les capricornes ne prennent pas de décisions à la légère - et me voir passer plus de deux heures dans un magasin avant de ressortir avec un seul jeu leur donne largement raison. Yamato m'a dit "tiens, y'a Guild Wars à 40 € sur ldlc" (à comparer aux 50 € ailleurs et aux 45 € par achat en ligne ; en plus, ldlc a mis un coussinet gonflable dans le paquet) et hop, achat.

On (oui, le raton-laveur aime bien parler de lui à la troisième personne, le maître est bon, le maître est généreux, keuf keuf gollum gollum) avait déjà eu l'occasion d'essayer GW lors des évènements pendant l'E3 ou le week-end d'Halloween. Lors de la première partie, là où tout le monde reconnaissait l'indéniable influence de Diablo (et pour cause, ArenaNet est composé de transfuges de Blizzard), j'ai vu Phantasy Star Online dans ce jeu. Dans tous les cas, durant la période d'exploration du monde, c'est du hack'n'slash des familles.
En plus d'une carte de référence et des deux disques (piégés dans une fixation Scanavo pour masochistes, similaire à celle de World of Warcraft), la boîte contient deux livrets : un pour l'histoire, un pour le gameplay, ce dernier allant directement dans le vif du sujet avec les descriptions basiques des fonctionnalités du jeu - et qui a sérieusement besoin complété avec la lecture du manuel en ligne. Dans un monde où le casual gamer est chouchouté, où les "consoles de jeux vidéo" deviennent des appellations taboues laissant place à "centres de divertissements interactifs", ça fait plaisir de tomber sur un manuel d'utilisation qui ne vous prend pas pour un con. Tu as déjà vu une souris, tu sais installer un jeu, tu sais ce qu'est un point de compétence ? C'est bien, on va s'entendre. Installation flash (pas en Flash hein, elle est juste vraiment rapide), inscription en 2 minutes, création du personnage minimaliste (une profession principale et un look, comme WoW), et en avant la musique.

On commence dans une ville magnifique, construite contre un mur gigantesque faisant office de rempart contre une invasion par des créatures maléfiques. C'est beau et fluide sur une bécane digne de la plèbe, il y a un subtil effet de light bloom (contrairement à Deus Ex Invisible War et quelques autres, ce n'est pas abusé au point de se demander si on a pas chopé un glaucome), et hoooo "Max Flash" vient de se connecter, et aussi "Knacky Herta". Merde, c'est bourré de Kevins. Ca ignore le moindre jeu de rôle, ça spamme le canal local pour faire la pub de son forum sur multimania, et ça "plizzzzz" en masse, et ça parle sms, et je veux mourir.
C'est un exemple pratique de l'échelle socio-professionnelle : un jeu au coût élevé pour le joueur aura toujours une mentalité moyenne un peu plus élevée qu'un jeu au coût faible pour le même joueur. Counter-Strike ayant beau être un bon jeu, il a toujours été le plus gros nid à trous du culs acnéiques que l'histoire ait connu : tout PC ne tournant pas sous DOS étant capable de le faire tourner, n'importe quel gniard régulièrement battu par ses camarades de classe et ayant fait le deuil d'une "configuration de joueur" depuis que ses parents ont perdu tout espoir en lui n'avait que ce jeu pour apporter sa modeste contribution à la connerie humaine sur le Net. Par contre, prenez un titre tout frais sorti, demandant une grosse configuration, un gros investissement de temps et/ou un abonnement payant, et la marge de crétins profonds est tout de suite bien plus faible. Quand un titre passe en collection budget, l'arrivée de sang frais dans une communauté n'est pas forcément bon signe quand ce dernier est de mauvaise qualité. Par exemple, je vous mets au défi de trouver un seul joueur neuneu sur Steel Battalion - Line of Contact, titre nécessitant une manette rien que pour lui, un abonnement XboxLive, une télé géante, et... euh, en fait, je vous mets au défi de trouver des joueurs tout court. Dans le cas de Guild Wars, c'est amplifié par son caractère "RPG multijoueur en ligne", puisque le fait qu'il soit sans abonnement doit en faire le réfuge favori de tous les frustrés de moins de 18 ans n'ayant pas de carte bancaire.

Heureusement, il suffit de quitter la ville pour avoir la paix. A l'instar des instances (hu hu) de World of Warcraft où une "copie" indépendante du donjon à explorer est créée pour vous et votre groupe, toutes les zones hors villes et villages sont des terrains de jeu où vous ne croiserez pas d'étrangers. Jouez seul ou avec un groupe de potes, discutez avec le peu de gens normaux dans les villes, et partez à l'aventure sans le moindre crétin à l'horizon. Comme dans PSO, hé oui. Comme je viens d'arriver dans ce jeu (évidemment, c'est toujours plus fun d'être avec des gens qu'on connaît : contactez-moi si vous voulez qu'on s'amuse ensemble), j'en viens à fermer la fenêtre de discussion dans les villes pour faire mes emplettes le plus vite possible et partir en courant vers les vertes étendues, sauf que cette fuite en avant ne pourra pas durer éternellement. Tout est fait pour favoriser le jeu avec un petit groupe de confiance : il n'y a que 20 niveaux d'expérience, donc vous ne serez pas largué par vos potes si vous jouez moins souvent. D'après Canard PC (n°69), la partie tourne aux bastons en Guildes contre Guildes après la phase d'exploration. On en reparlera si j'arrive jusque-là, mais très sincèrement, je n'ai pas osé vous resservir un journal de jeu comme ce fut le cas dans cette colonne avec World of Warcraft... Je continue à y jouer et on en reparle.



Mise à jour : Guild Wars, le Kevin Workflow !



De toute façon, on se parle ce soir, comme chaque dimanche à 21 heures. #editotaku@irc.worldnet.net, ou tapez votre pseudo dans la case à gauche. Il est 5 heures 30 du matin et je n'arrive pas à faire de chute débile pour cette annonce hebdomadaire. Ah si : suite à l'article sur la saga Worms, allez télécharger la démo multijoueur de Worms 4 Mayhem - on tentera peut-être de se faire une partie quelque part dans la semaine.