Anime lancé dans cette deuxième moitié de saison télé. On comprend vite pourquoi il n'a pas eu les honneurs d'une diffusion en septembre. Attention, on tient la bouse du mois.

Scénario: alors ça commence dans une base secrète, on le sait tout de suite parce que tous les murs ils sont gris. Et il y a une gonzesse A POIL qui s'en échappe, genre super vénère, parce qu'elle DECHIRE les soldats qu'elle croise, mais tu vois, déchirer dans le sens que vraiment, à distance, chrrrric. Alors y'a du sang partout et elle fait ça à distance, exactement comme Tetsuo dans Akira, quoi. Et les soldats ils sont un peu cons, ils disent que comme elle maîtrise la télékinésie, il faut pas faire tomber des objets parce que sinon elle les leur enverrait à la gueule à mégavitesse supersonique - comme des shurikens quoi - mais ils la mitraillent et ils ont même pas de récupérateur de douilles alors ils en mettent partout! Ah ouais et elle a des super nichons la fille, elle se ballade la foune à l'air pendant tout l'épisode. Quand elle est sur le point d'être libre, y'a un sniper, il est trop trop fort tu vois, parce qu'il lui colle une balle en pleine tempe. Ca c'est rien du tout, je le fais tout le temps en campant sur de_dust2 avec mon AWP; mais ce qui tue trop sa mère, c'est qu'il la snipe avec une balle qu'il dit que c'est une 50mm anti-blindage de tank! Et moi comme j'ai lu la Gazette des Armes de tonton Rambo qui passe son temps à me parler du Viet-Nâm quand il a pas pris ses gouttes, je sais que y'a un truc qu'on appelle le coefficient de pénétration qui fait que c'est pas possible de sniper un tank.
Et pis ensuite l'épisode il passe de la repompe d'Akira à celle d'un shonen bien bâtard avec un gars qu'on se bat les keusses de savoir quelque chose sur lui et qui va vivre tout seul dans une maison gigantesque, comme dans Mahoromatic ou Happy Lesson ou Hanaukyo Maids ou n'importe quel autre anime de merde dans le genre. Et il tombe sur la gonzesse à poil sur la plage mais elle est amnésique et elle arrête pas de dire "Nyuu" alors il décide de l'appeller "Nyuu", et en plus elle a comme des cônes sur la tête! Mais y'a que des gens super pointilleux qui verront la repompe sur Chobits, ou alors les filles parce qu'elles lisent toutes Clamp alors Chobits c'est un truc de gonzesses et alors elles verront pas Elfen Lied parce que y'a du sang et des seins partout, la vache faut pas que ma mère elle voit ça parce que sinon elle dira encore qu'on est revenus à l'époque du Club Dorothée. Et le mec, il prend la fille avec lui dans sa grande maison, mais comme elle est recherchée par l'armée et qu'elle vire schizo quand on l'attaque, ben ils pourront pas jouer au docteur tranquillement.

Assez rigolé, je commence à avoir des crampes à me la jouer skyblog.

Nous avons donc affaire à un digne représentant de la saison 2004-2005: aux côtés de Mai HiME ou Kannaduki No Miko, Elfen Lied est un pot particulièrement pourri de mélange de tout et de rien, ou plutôt de ce que le téléspectateur considère "cool": à savoir, Akira sans la prise de tête sur l'histoire et les harem animes sans prise de tête sur les filles - on pense très fort à DearS quand même. La gent féminine est d'ailleurs ici réduite à une sorte de caricature grotesque: les femmes y sont assistées, se font battre sans ménagement, sont connes et ont des gros seins (le dernier point est habituellement toléré, mais cumulé avec les autres, on obtient le summum du stéréotype). Quoi de surprenant quand le studio ARMS, reponsable de ce navet, a principalement des animes hentai sous sa ceinture (jeu de mots voulu)? Les méchants y sont trèèèèès méchants et les gentils sont très gentils, formant ainsi le casting le plus manichéen jamais vu dans un anime depuis Grendizer (et pourtant, moi aussi j'aime Goldorak); ça sert à quoi que les autres productions se décarcassent à éviter le schéma "blanc contre noir"?

A me lire, on a l'impression de se retrouver face à un mauvais anime, rien de plus. Mais alors, qu'est-ce qui rend cette production bien plus médiocre que les autres? Quelle est, à l'exception d'un fansub de merde, la pointe de mauvais goût qui rend l'ensemble irrécupérable, plongeant le téléspectateur dans un état de choc? La raison est relativement tordue, donc on peut la mettre sans mal sur le dos d'un producteur zélé: cette saloperie se croit artistique. Ou donne l'impression qu'elle se veut artistique, au choix. Primo: le générique d'intro. Visuellement, l'art designer a crié à qui voulait l'entendre qu'il s'est inspiré du "Baiser" de Klimt. Sauf que j'ai une info pour Aoki Tomoyuki (qui a bossé au même poste sur les OAVs de Shin Hokuto No Ken, rien de moins): mettre des nichons protubérants dans une peinture expressionniste, c'est comme rajouter une barbe à la Joconde et dire qu'on s'en est inspiré. Ca ne fait pas de vous un génie, et le châtiment approprié à ce sacrilège tient de l'ablation des phalanges avec une cuillère à pamplemousse. Accessoirement, il vaut mieux être français pour peindre des seins et faire passer ça pour de l'art sans risque d'être pris pour un pervers, mais je digresse.
Un autre élément qui ne trompe pas est la musique, dont le thème principal (lui aussi "inspiré", cette fois-ci par un psaume de Saint Jean dans une édition latine de la Bible!) est doté de chants qui me sembleraient volontiers samplés à partir d'un enregistrement sur dictaphone de Luciano Pavarotti faisant ses vocalises le matin. Je sais pas comment ils ont fait ça, mais on dirait mon numéro de téléphone sous forme de chants grégoriens. Merci également aux titres des épisodes en allemand, les Xéno-jeux-vidéo ont déjà prouvé que ça les rend tout de suite plus cools.

Sérieusement, à quel point doit-on descendre son seuil de tolérance pour trouver cet anime tout juste visionnable? Pardon, je me "prends trop la tête"? Relisez le début de cet article. Serait-ce parce qu'il n'est visuellement pas trop moche? Ceux qui pensent ainsi sont du genre à penser que Dead Or Alive est une série de jeux vidéo géniaux, limités à un bel emballage pour juger l'ensemble. Il suffit de mettre des culs partout pour vendre? Bel exemple de démagogie. Une mémoire dont la durée de vie se mesure en nanosecondes, qui a déjà oublié Akira et DearS, principales "inspirations" de cet anime à la profondeur égale à celle d'une flaque de pluie? Suffit-il de rajouter un air d'opéra en guide de bande-son et trois dorures dans le générique pour tromper les autres ou mieux les convaincre que tout anime est un incunable de l'inspiration artistique au pays du Soleil Levant, et non un produit industriel trop souvent produit à la chaîne? Elfen Lied décroche fièrement la timbale du plus mauvais anime actuellement visionnable et une nomination pour le pire titre de l'année pour les Tanukis Awards 2005. Bien joué.