On vient de le dire: nous en sommes au lancement de la demi-saison télévisuelle, avec sa flopée de programmes qui n'étaient pas assez bons pour faire les ouvertures d'antenne en septembre dernier. Au menu, une nouvelle version d'Aa Megamisama ou Ah! My Goddess, c'est comme vous le sentez. Si vous n'avez jamais vu/lu ce classique, c'est le manga qui a mis Kosuke Fujishima sur le radar et qu'il ne veut pas finir. Non parce que bon, un mec qui se retrouve avec une déesse personnelle suite à un mauvais numéro, difficile de croire que ça tienne plus de 28 volumes. A part ça, Fujishima-san est également connu pour ses chara designs des Sakura Taisen et des Tales of... Bref, le genre de valeur sûre pour les producteurs avides d'argent facile: alors qu'en France, Kaze nous sort les OAVs vieilles de 10 ans (soignées à l'époque et toujours jolies quand on compare à certaines horreurs actuelles) et le film au sous-titrage basé sur la version allemande, le Japon nous sort une série télé à petit budget. Petit budget? Parce qu'il s'agit de la pire adaptation du trait de l'auteur.
Les cellulos sont fades, les arrière-plans en 3D sont minimalistes et les autres le sont tout autant, l'animation est tout juste correcte. J'insiste sur le mot "fade". Et quand je dis "fade", je veux dire que c'est le truc le plus fade qu'il m'ait été donné de subir depuis le matin où mon petit déjeûner avait consisté de céréales pourries avec des champignons dedans, de lait tourné, d'un pot de Nutella qui était rempli de gouda au cumin et d'un chat offert par Jean-Marie Le Pen qui se mettait à me déchiqueter les couilles à chaque fois que je prononçais le mot "gauche" - jusqu'au moment où je me suis réveillé et que ce rêve avait été causé par une crise de somnabulisme durant laquelle j'avais fait un cunnilingus à ma Master System; c'est alors que mon petit déjeûner normal et mon chat normal furent "fades". Quoique pour le chat, je préfère la version castrée et non-rêvée. Castre, rêve, caste, rêve, dream, caste, Dreamcast... Bref.

De plus, il doit s'agit de la conversion manga vers anime la plus lente au monde (devrait-on écrire "au Japon"?) - et c'est un ex-gagabalien qui vous parle. C'est le genre de vanne qui fait rire devant les machines à café, ça: comment les animes ont toujours tendance à faire traîner en longueur(s) des mangas qui vont droit au but. La transformation de Cell 2ème forme vers Perfect Cell dans Dragon Ball Z? Trois pages dans le manga, trois épisodes dans l'anime. La scène de pêche au tout début d'Hunter X Hunter (le prochain que j'entends prononcer le X dans le titre sera décapité)? Une page dans le manga, un épisode dans la série animée. La série TV d'HxH a d'ailleurs dû fabuleusement floper à cause de ça: adopter le format d'un chapitre par épisode (10 pages pour 30 minutes, quoi) a dû en faire tilter plus d'un. Accessoirement, ça va remplir les poches de Dybex qui commence à sortir chez nous ladite série en DVD. Pour Ah! My Goddess, on atteint tous les records: un épisode pour une page. Ou deux pages en étant généreux. Résumons: Keiichi passe une mauvaise journée, est amené à utiliser le téléphone, appelle la hotline divine sans le savoir, Belldandy arrive et offre d'exaucer un voeu, il demande qu'elle reste avec lui, ses sempaïs arrivent et l'éjectent de la cité U pour avoir fait entrer une fille, fin du chapitre, 24 pages chrono. Dans l'anime, le premier épisode (format classique, 25 minutes pub non comprise) se termine alors qu'elle sort du miroir, ce qui équivaut à la deuxième page!
Je ne suis pas du genre intégriste qui demande des adaptations calquées (qui a dit Fruits Basket?), les libertés artistiques entrent en compte, le format TV qui offre plus de temps que les OAVs, l'âge du capitaine, mieux présenter le personnage de Keiichi, tout ça. Mais là, faut pas déconner non plus. Peut-être que la suite va accélérer, je n'en doute pas une seconde; le générique présente des personnages qui apparaissent bien plus loin que les, pfouuuu, 30 premières pages au moins, ils osent aller aussi loin! Mais alors que cette adaptation a pour but d'attirer de nouveaux fans qui n'ont pas l'habitude des animes-fleuves (aujourd'hui réservés à quelques blockbusters du manga), comment les accrocher avec un rythme aussi lent? Dès les cinq premières minutes, mon esprit était en train de créer un alter ego vivant sur une plage avec des chats fachos et des céréales moisies, loin de ce vide intergalactique de l'animation, aussi intéressant que la mire qu'on voit à la télé vers 5 heures du matin. Le manga d'Ah! My Goddess atteint bien ce point, mais il a la politesse de ne pas le faire dès le premier chapitre.